« La quatrième dimension existe et si nous ne la voyons ni ne la concevons, c’est parce que nous sommes des êtres à trois dimensions. Dès lors, il n’est pas impossible d’imaginer qu’à côté de notre monde, vit un autre monde peuplé d’êtres invisibles. »
Voilà ce que proclame le docteur Whorley, en annonçant qu’il achève la mise au point d’un appareil qui permettrait de pénétrer dans cette quatrième dimension et de prendre contact avec ses habitants.
Sa machine, le docteur Whorley la construit dans le plus grand secret. Toutefois, il a déclaré qu’elle était basée sur le fait que l’œil humain, comme l’oreille, ne perçoivent qu’une faible partie des vibrations. Il convient donc d’étendre la gamme d’ondes de notre appareil récepteur pour entrer en relations avec un monde inconnu.
Dans le même moment, le biologiste Quintly lance une idée nouvelle. Le professeur est arrivé à cette conviction que des êtres invisibles vivent parmi nous. Ce ne sont pas – selon lui – des habitants de la quatrième dimension, mais des êtres à caractère humain qui, simplement, ne seraient pas soumis aux mêmes lois et servitudes que nous subissons. Ils ne connaîtraient pas la pesanteur et ne seraient pas soumis aux lois de la biologie.
Mais le professeur Quintly, comme le docteur Whorley, admet que ces êtres sont invisibles parce que notre œil n’est pas un organe assez perfectionné. Ils ont également la faculté de se mouvoir à travers tous les obstacles et ils peuvent sans difficulté jouer les « passe-murailles. »
« Ces êtres fantastiques, assure-t-il, ont une peur bleue des appareils électriques et ils sont particulièrement sensibles aux ultrasons. »
Le professeur a, lui aussi, construit un appareil spécial. Cet appareil émet des ondes sonores de 300.000 oscillations-seconde qui feront éclater les tympans des fantômes, qu’un courant à très haut voltage réduira à merci.
Ce sera évidemment une façon sensationnelle de prouver l’existence de ce monde invisible dont on parle tant. Aussi le professeur Quintly a-t-il promis d’électrocuter quelques fantômes avant six mois et de les présenter morts ou vifs devant un aréopage de sommités scientifiques.
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(Anonyme, in V, magazine illustré du Mouvement de Libération Nationale, sixième année, n° 263, dimanche 16 octobre 1949 ; Weiss Wojciech, « Pożegnanie z Akademią, » huile sur toile, 1949)


