Pour Angelin RUELLE.
Au bord du Loudjiji qu’embaument les arômes
Des toumbos le bon roi Kassonngo s’est assis ;
Un m’gannga tatoua de zigzags polychromes
Sa peau d’un noir vineux tirant sur le cassis.
La nuit vient : les m’patous ont des senteurs plus frêles,
Sourd, un marimeba vibre en des tons égaux ;
Des alligators d’or grouillent parmi les prêles,
Un vent léger courbe la tête des sorghos,
Et le mont Koungoua rond comme une bedaine,
Sous la lune aux reflets pâles de molybdène
Se mire dans le fleuve au bleuâtre circuit :
Kassonngo reste aveugle à tout ce qui l’entoure,
Avec conviction ce Potentat savoure
Un bras de son grand-père et le juge trop cuit !
(Georges Fourest, in La Province nouvelle n°11, Auxerre : mars 1897)