PARADOXE (1)
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Le célèbre professeur Inigo Gueuldeboa, ce savant portugais dont les travaux ont étonné les Académies les plus rétrogrades et les cercles diplomatiques les plus impassibles, a donné hier soir une fête charmante dans son sous-sol de la place Maubert.
L’assistance était cosmopolite, nombreuse et choisie. On sait que le senhor Gueuldeboa partage avec M. Caro le titre d’aimant des femmes du monde ; il les attire et les magnétise, aussi bien, sinon mieux que ce philosophe qui, depuis de longues années déjà, a renoncé aux doctrines de Diogène.
Et notre Portugais se montre en cette circonstance d’autant plus puissant que le gouvernement, inquiet des doctrines subversives de cet alchimiste du paradoxe, lui a refusé tour à tour la chaire du Trocadéro et l’amphithéâtre de l’Hippodrome, de sorte que le savant est obligé de faire ses cours dans une cave.
C’est à une petite fête de ce genre que nous étions conviés, ainsi qu’un grand nombre de jeunes et jolies femmes.
Nous avons remarqué dans l’assistance Mme la chanoinesse Abé, la princesse cosaque Cédéëeff, la comtesse polonaise Achijika, le célèbre carliste Elléméno, le petit prince valaque Pécù, etc., etc.
MM. Eresté, Uvé, Yxigrec et le docteur Zed, membres correspondants de l’académie de Saint-Pierre-de-Chignac, se faisaient remarquer par l’abondance et la multicolorité de leurs décorations.
La cave était sobrement ornée ; et presque tout le monde a pu s’asseoir.
Le professeur Inigo Gueuldeboa a fait son entrée sur le coup de neuf heures moins cinq. Une salve d’applaudissements l’a d’abord accueilli, suivie d’un silence de mort.
Après un court préambule, il a attaqué son sujet, dont nous sommes trop heureux d’offrir la substance nourrissante à nos lecteurs.
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« La Terre, a-t-il dit, subit un refroidissement progressif, et l’on peut assurer qu’elle arrivera dans quelques milliers de siècles à l’état de carafe frappée. D’autre part, le soleil peu à peu s’obscurcit de taches, sorte d’îlots de scories sombres qui viennent flotter à sa surface, et constituent un commencement d’encroûtement de la matière solaire. Autant d’îlots nouveaux, autant de rayons perdus ; le soleil se refroidit ainsi.
À l’inverse des femmes, les astres et les planètes se refroidissent en vieillissant.
Et là, mesdames et messieurs, a ajouté le professeur en scandant la phrase de gestes grivois, là éclate la supériorité de la femme sur les étoiles. (Bravos.)
Le refroidissement de notre Univers sera parfait quand on en sera arrivé à la période glaciaire.
Brrrr ! Non, il ne faut pas dire : Brrrr ; la nature immortelle est extrêmement truqueuse (passez-moi ce néologisme portugais) pour perpétuer l’être.
Elle s’est servie jusqu’à ce jour de la passion, du plaisir : chaleur, en un mot, mais elle saura utiliser également le froid qui est, lui, une sorte de chaleur moindre.
Ne dit-on pas souvent : « Il y a un froid, » la veille d’une chaude réconciliation ? Et ne savez-vous point que le froid brûle ? Mais passons. »
Ici, l’orateur fait un tableau de la Terre à la période glaciaire. L’eau des fleuves et des sources, l’eau de la mer est congelée en immenses blocs, la terre est dure comme fer ; il n’y a plus de poissons : tous restent emprisonnés à l’état de fossiles dans les banquises incommensurables.
« C’est ici, ajoute le savant, c’est ici que se trompent tous les docteurs à courte vue en s’imaginant que l’homme fatalement mourra, dans ce froid de six cents degrés au-dessous de zéro.
Si cette transformation de notre planète se faisait du soir au matin, comme un coup d’État, certes, ni vous ni moi ne mangerions demain. Mais la nature ne commet pas de pareilles brusqueries, elle ne fait pas de saut, elle procède lentement et par gradations. Aussi, c’est peu à peu, par portions, que la mer se congèlera et se solidifiera.
Mais croyez-vous que l’oxygène de l’air ne subira pas, lui aussi, de modifications ?
Peu à peu, il deviendra plus dense ; nos poumons s’y habitueront, et quand enfin l’Océan sera devenu solide, l’air se sera liquéfié, et nos organes s’étant insensiblement soumis à la loi darwinienne, il nous sera poussé des écailles, et notre thorax se sera orné de branchies ; de sorte que l’oxygène étant devenu liquide, nous nagerons dans l’oxygène, et que l’homme sera poisson. Ses doigts se seront palmés, il aura des nageoires dans le dos, et un costume d’écailles qui prendra, en France, la forme d’un habit noir, d’un veston, d’une blouse ; en Orient d’une robe, en Russie d’une fourrure.
Nous serons divisés en castes de poissons humains. Ici, l’aristo ; plus loin, le voyou ; on reconnaîtra l’officier à la lame qui lui servira à combattre ses ennemis ; le cavalier vissé à son cheval sera un monstre atmosphérique redoutable ; car les animaux, eux aussi, participeront à ce transformisme général.
Une immense poissonnerie. C’est Alphonse qui sera content. »
Cette allusion à quelque question de politique étrangère dont nous ne comprenons pas le sens, est couverte d’applaudissements par plusieurs rastaquouères.
Le professeur reprend :
« Et alors, messieurs, qu’on ne dise pas que la nourriture fera défaut ; les hommes se mangeront entre eux, et les femmes aussi, comme par le passé.
Les gros dévoreront les petits. Les malins se feront des plats exquis avec la chair savoureuse des dupes.
C’est ainsi que le rêve de Nadar, la navigation aérienne, se réalisera par la natation atmosphérique dans l’oxygène liquéfié.
Et l’homme deviendra le point de départ d’une nouvelle série d’êtres. Nous serons ce qu’ont été pour nous les polypes, les éponges, les huîtres ; et nous serons cela pour une nouvelle race d’êtres, dont je vais vous indiquer à peu près la conformation, telle que la logique me la fait pressentir, prévoir, prophétiser. »
Ici, le professeur but.
« Vous comprenez très bien que par infiltration ou pour tout autre motif, des quantités d’oxygène seront restées enfouies, enfermées sous des parties solides de glace ou de terre. Pour une cause ou une autre, une explosion se produira, soulevant des masses solides et les lançant à la surface de la mer oxygénienne, soutenues par des montagnes qui se formeront d’un tas de banquises agglomérées. Des îlots de glace s’étendront sur la surface de la mer nouvelle, en plein éther, et alors, fatalement, la vie reparaîtra : vie nouvelle, éthérée, bizarre, sous les rayons d’un soleil plus pâle qu’un quart de lune.
Un paysage polaire.
La pensée, l’éternelle pensée se figera dans des cerveaux froids qui produiront des chefs-d’œuvre de poésie glacée, de mathématique cristallisée. Ces cerveaux seront les plantes de ces terres nouvelles. Peut-être, un peu plus tard, leur immobilité cessera, et deviendront-ils, sur la surface des îles glacées, dans l’éther pur, une nouvelle série d’animaux étonnants en cristal de roche, avec des pattes transparentes comme du verre, et, messieurs, j’entrevois dans le lointain des âges, par le froid intense, apparaître un homme définitif, sans passions, logique comme une machine, et qui serait Dieu.
D’ici là, pour nous, humanité moderne, allons aux bains de mer, il en est temps, et apprenons à nager. » (Bravos prolongés.)
Le professeur disparaît dans un ascenseur, lequel le fait passer par une trappe qui le hisse dans le rez-de-chaussée de la maison.
On sort. La place Maubert, avec ses girandoles de gaz mêlées au Jablochkoff, étincelle ; les voitures armoriées emportent les princesses et les rastaquouères.
Et nous nous retirons, prodigieusement impressionné.
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(Émile Goudeau, in Gil Blas, troisième année, n° 474, dimanche 6 mars 1881 ; Caspar David Friedrich, « Des Eismeer » [La Mer de Glace], huile sur toile, 1823-24)
PARADOXE (2)
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LE RHUME
Le célèbre docteur américain, Milee Canardison, dont nous avons récemment parlé à l’occasion d’une petite fête charmante, donnée par le professeur Inigo Gueuldeboa, place Maubert, a lancé naguère, à trente millions d’exemplaires, le prospectus suivant, que nous livrons à l’appréciation de nos lecteurs :
VOUS AUTRES, FRANÇAIS !
PEUPLE DE BRAVES !
Vous ignorez généralement les sciences, imbus que vous êtes, fétichiquement, de littérature, poésie, éloquence, rhétorique, musique et métaphysique.
Nous autres, AMÉRICAINS, et moi surtout, moi,
– Docteur CANARDISON –
élève d’Esculape, supérieur à Esculape, fils de Galien, supérieur à Galien, rival d’Edison, supérieur à Edison,
JE N’IGNORE PAS LES SCIENCES PRATIQUES !
JE N’IGNORE PAS LES SCIENCES PRATIQUES ! !
JE N’IGNORE PAS LES SCIENCES PRATIQUES ! ! !
Et je ne pratique ni rhétorique, ni poésie, ni littérature, ni surtout métaphysique.
VOICI ! VOICI !
Je vais droit aux faits, moi, aux faits vivants et communs. L’ordinaire me plaît et je lâche, je lâche, entendez-vous, votre vieil idéal fini, rôti, rincé !
Le NATURISME, et non le naturalisme, voilà mon fort.
Je connais les lois naturelles, et j’en déduis et induis un tas de choses qui pourraient relever votre
PATRIE
si vous étiez Américains pour un sou.
Oyez.
Le rhume, par exemple, le RHUME, n’a été que fort peu étudié par vos médecins d’Europe, occupés qu’ils sont de questions oiseuses comme anatomie, physiologie, biologie, myologie, pathologie, hématurgie, polyarchie, batrachogonorrhéisme, symptomato-systématico-pharmacologie, études intrinsèques et hyperboloïdes, mais peu pratiques.
Ils ne songent guère à s’occuper de ce fléau du printemps, de l’automne et de l’hiver :
TROIS SAISONS SUR QUATRE,
qu’on appelle le RHUME, et qu’ils considèrent comme chose terne et de peu de valeur, difficile à mettre en relief.
Ont-ils une théorie du Rhume ? Non.
Ont-ils un remède contre le Rhume ? Non.
Or, c’est la médiocrité qui me plaît, la banalité m’enchante, et j’y cours,
MOI, SEUL.
Aussi, seul moi, j’y sais faire de merveilleuses découvertes.
Lisez la théorie scientifique du rhume.
Le rhume s’attrape de deux façons :
1° Par la tête ; 2° Par les pieds, les deux pointes du corps humain.
Étudions et notons les observations :
Primo. Vous saluez un ami, et vous sentez tout à coup un froid vif à la tête, la cervelle chaude de sang se refroidit soudain -– rhume de cerveau – de là, le rhume descend vers le nez et vous éternuez. Cet éternuement est, notez-le bien, une sorte de coup de foudre.
Plus tard, c’est la gorge qui est envahie, vous êtes enroué. Puis, du larynx, cela descend aux bronches ; vous toussez, la poitrine est prise, vous respirez avec peine. Là ne s’arrête point, comme le croit le vulgaire, la marche descendante
(J’ai dit descendante)
du Rhume. Il gagne bientôt les reins qui s’ankylosent momentanément : léger lumbago ; les entrailles sont prises : diarrhée ; puis les jambes elles-mêmes, les genoux surtout, enfin les pieds sont douloureusement affectés. Comme un général habile, le rhume, chaque fois qu’il conquiert un nouveau terrain, abandonne le terrain conquis : histoire de concentrer ses forces.
La descente dure de deux à huit jours.
Des pieds enfin, le rhume s’enfonce dans le sol. Le patient est délivré.
Voilà mon primo.
2° Vous avez froid aux pieds, dans une voiture chauffée, par exemple. – Le rhume vous saisit par la base, remonte aux genoux, aux entrailles, aux reins, à la poitrine, aux bronches, au larynx, au nez, au cerveau – toujours, dans sa marche ascendante, abandonnant les parties conquises pour en conquérir de nouvelles. – Finalement, par les cheveux, il s’évanouit dans l’espace.
Voilà mon secundo.
Que conclure de cela ? sinon qu’il y a deux sortes de rhumes :
Le Rhume POSITIF, et le Rhume NÉGATIF, ayant pour réservoirs les nuages, la lune, les étoiles et les espaces célestes d’une part ; le sol, le sous-sol, les caves, les puits, catacombes, égouts, ruisseaux et rigoles, les surfaces terrestres, d’autre part.
Si la terre est rhumatisée ou plutôt rhumisée positivement, et qu’au-dessus passe un nuage rhumisé négativement, il se fait un échange de fluide rhumatique ou plutôt rhumique, et comme les hommes, les femmes et les enfants sont d’excellents conducteurs, et qu’ils sont pointus des deux bouts, le fluide se transmet ou s’échappe par leurs pointes : tête ou pieds.
EXEMPLE : Monsieur Siraudin marche sur un trottoir rhumisé négativement juste au-dessous d’un nuage rhumisé positivement ; si, à cet instant, il salue un ami, la pointe de son crâne (parfois chauve, hélas !) attire aussitôt la foudre rhumique qui produit l’explosion-éternuement ; puis la marche descendante du fluide s’opère travers ses organes, comme il est décrit ci-dessus.
Huit jours plus tard, le fluide est dans les pieds : M. Siraudin, à peu près guéri, sort et rencontre en sa marche une pelouse fraîche fluidifiée positivement. Son rhume descend tout naturellement dans le réservoir terrestre.
À ce moment passe Gros-Pierre, dont les souliers sont percés : juste comme à point, une lune négativement fluidifiée éclaire l’espace, et voilà le rhume de M. Siraudin qui, trouvant la pointe-pieds de Gros-Pierre, commence son ascension vers les étoiles, à travers les organes du sus-dit Gros-Pierre.
Et le voyage du fluide éternellement recommence. C’est à peu près le même rhume qui sert pour toutes les personnes d’un arrondissement ; seulement, quand l’atmosphère est très chargée, le fléau peut frapper plusieurs personnes à la fois
À LA FAÇON DU FEU DU CIEL.
Moyens préventifs : se tenir la tête chevelue et les pieds chauds, ou du moins bien chaussés.
Préférablement porter sur soi le paratonnerre ou plutôt
LE PARARHUME
DU DOCTEUR CANARDISON
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1188, rue de la Ferté-sous-Jouarre.
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Remède contre le mal ; frictions à la brosse volta-rhumique du docteur Canardison.
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Imprimerie Gobson and Co
Cette outrecuidance du docteur américain, cette foi en lui-même et ce manifeste dédain de la science française qui compte dans son sein tant de noms illustres, et de la science portugaise, dont le professeur Inigo Gueuldeboa est un échantillon assez réussi, devaient tôt ou tard recevoir le châtiment mérité.
Voici l’événement :
On se rappelle peut-être que le colonel klephte Mongropoulo, sous-préfet de Bagdad, fut dégommé récemment, à la suite d’ignobles malversations.
Les bords de l’Euphrate retentissent encore des plaintes de ses chers administrés.
Il avait volé, disait la chronique scandaleuse, d’immenses capitaux dans les divers harems de l’arrondissement.
Jusqu’à quel point ces faits étaient-ils patents ? Nous ne le savons ; et nous ne rappelons cette révocation déshonorante que pour mémoire.
Le chroniqueur parisien serait absolument désolé, si ses appréciations pouvaient vexer de façon quelconque cette admirable famille des Mongropoulo, qui a compté tant d’illustres marchands d’orviétan, plusieurs pirates célèbres, deux directeurs de maisons intermédiaires et une jeune nympho-quoi, dont il fut longuement et largement question à propos de la guerre turco-russe.
Mais le devoir professionnel nous obligeait à rappeler aux lecteurs à quel propos le colonel revint subitement orner de sa gracieuse personne (persona grata) la colonie klephte de Paris.
Or, le noctambulisme parisien est assez funeste à la santé du colonel. À peine était-il arrivé qu’un fort rhume le saisit. Ce rhume, positif ou négatif, peu importe, subitement infiltré dans les organes de notre Asiatique, se montra rebelle à tous les traitements ordinaires et se changea rapidement en coryza chronique (le chroniquus coryza de Linné, coryza chroniquans de Jussieu).
Aussi, ce fut avec un rare empressement que le colonel Mongropoulo se rendit chez le docteur Canardison, après la lecture du prospectus ci-dessus mentionné.
Après un examen approfondi, le docteur diagnostiqua un rhume positif lunaire qui, par un hasard quasi merveilleux, s’était arrêté dans sa marche, et ne voulait aucunement déloger des organes olfactifs et laryngiens du malheureux Klephte.
Le docteur reprocha au patient de ne s’être pas muni de son pararhume. Mais Mongropoulo lui fit observer que la recommandation lui semblait tardive.
Vous connaissez le colonel, et vous pouvez juger approximativement de quel ton cet homme bourru prononça cette petite phrase.
Le docteur, qui est énormément traqueur, s’empressa de passer à l’article thérapeutique, et employa pour faire circuler, selon ses principes, le susdit rhume, et le faire passer du crâne et du thorax dans les genoux, et jusque dans la terre, des piles volta-rhumiques, et d’énergiques frictions lombales.
Mais, chose étrange ! non seulement le rhume positif coryzant a résisté, mais les genoux du colonel se sont enflés désespérément ; il rhumatise dans ses articulations rotuliennes et demeure couché sur le flanc.
Il faut l’entendre rugir : il ne parle que de procès à intenter, d’huissiers, d’avoués ; il a même prononcé le mot terrible et significatif d’assassinat. Comme on connaît son caractère, tous ses amis et amies, et aussi ceux du docteur Canardison, s’efforcent de le calmer.
La princesse Cédéëff est venue le voir ; gracieuse, elle a essayé d’attendrir le terrible Klephte ; rien n’y fait. On craint beaucoup pour les jours du docteur Canardison, lorsque le colonel sera sur pattes.
Nous n’insistons pas.
Mais que cela vous apprenne, ô docteur Canardison, Américain de notre cœur, à ne plus mépriser vos confrères, à ne plus les appeler : Vous autres, Français ! Votre infaillibilité ne vaut guère mieux que la nôtre.
Cela ne nous empêche point de faire des vœux pour que votre traitement ait complètement assommé le colonel, qui finissait par être assommant avec ses accès de violence klephte peu en rapport avec l’urbanité des Parisiens, lesquels savent mourir d’un rhume sans se plaindre, et même avec grâce.
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(Émile Goudeau, in Gil Blas, troisième année, n° 497, mardi 29 mars 1881 ; Paul Klee, « Wehgeweihtes Kind » [Enfant voué à la douleur], huile et gouache sur papier, 1935)