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☞ En tant que scénariste, Gustave Le Rouge a collaboré à une trilogie cinématographique de René Leprince, une série de trois courts métrages mettant en scène « Charley Colms, » le roi des détectives :
1. Charley Colms ; société de production : Pathé frères, sortie : 5 avril 1912, 27 min., avec, comme principaux interprètes :
Georges Coquet (Charley Colms)
Fernand Godeau (Jimmy Rudge)
et Henri Bosc
2. Le Club des Élégants, intitulé initialement Un Club de Cambrioleurs ; société de production : Pathé frères, sortie : 20 novembre 1912, 28 min., avec, comme principaux interprètes :
Georges Coquet (Charley Colms)
André Brulé (John Veryle)
et Irène Bordoni
Malgré une date de sortie postérieure à celle du Collier de la danseuse, Le Club des Élégants semble constituer le deuxième volet de la trilogie des Charley Colms.
3. Le Collier de la danseuse, ; société de production : Pathé frères, sortie : 7 juin 1912, 31 min., avec, comme principaux interprètes :
Georges Coquet (Charley Colms)
Georges Wague (le costumier)
et Christine Kerf (Carmencita)
« La Porte ouverte » vous propose aujourd’hui l’ensemble des synopsis et scénarios de la série des Charley Colms mis en ligne sur le site Gallica de la Bibliothèque de France.
Il convient de remarquer que, même si Gustave Le Rouge n’est pas crédité au scénario, on retrouve le personnage de Jimmy Rudge, chef de la redoutable association des « Valets de Pique, » dans un autre film de René Leprince et Ferdinand Zecca, La Fièvre de l’or, drame de la vie moderne, film en 3 parties et 30 tableaux (sortie : 12 novembre 1912).
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CHARLEY COLMS, GRAND ROMAN POLICIER
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« Charley Colms, » le roman policier le plus passionnant, le plus pathétique, tient en haleine l’intérêt toujours grandissant du spectateur. C’est la lutte sans merci entre le bandit Jimmy Rudge, chef de la dangereuse association des Valets de Pique, et le détective amateur Charley Colms. Jimmy Rudge a fait disparaître le marquis d’Harcier et, après s’être habilement grimé, a pris sa place dans son château des Eaux-Vives. Les domestiques, congédiés, ont été remplacés par les plus adroits des Valets de Pique, et les invités du marquis d’Harcier, victimes chaque jour de vols importants, ont chargé Charley Colms de démasquer le ou les voleurs. La comtesse d’Hubertot, possédant un collier de perles de grande valeur, l’a confié au détective…
Mais le château du marquis est devenu une maison étrangement truquée, où Jimmy Rudge peut suivre toutes les manœuvres du policier et n’a pas de peine à lui ravir le fameux collier…
Pour la première fois de sa vie, Charley Colms, dérouté, se laisse aller au découragement. Pourtant, stimulé par l’amour-propre, il risque une autre tentative et, après avoir avoué sa défaite et pris congé du marquis, le détective ne tarde pas à revenir sous le personnage d’un ministre plénipotentiaire : victime d’un accident d’automobile, il demande asile pour lui et les fonds considérables dont il est porteur.
Or, la malle du ministre est un piège où doit se faire prendre le voleur. Quelle n’est pas la surprise du détective en reconnaissant en celui qui s’y trouve pris, le marquis d’Harcier, ou du moins celui qui s’en est arrogé le titre. Le détective triomphe ! Mais sa victoire est de courte durée, car les Valets de Pique ne tardent pas à arriver à la rescousse et font disparaître le policier dans les souterrains du château, où sont déjà séquestrés le marquis d’Harcier et son chauffeur.
Condamné à mourir ensablé, Charley Colms vit les minutes les plus angoissantes de son existence. Mais sa présence d’esprit ne l’abandonne pas en cette lutte suprême. Il parvient, à l’aide d’une mine, à faire sauter les murs du souterrain et à s’évader avec les autres victimes de Jimmy Rudge. Reste à confondre son adversaire. Dans une dernière incarnation, celui-ci prend la place du commissaire de police et semble une fois de plus tenir la victoire. Mais la patience, la volonté et l’esprit subtil du policier doivent finalement triompher : le bandit Jimmy Rudge est enfin pris dans les filets que lui tend le fameux détective.
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HAYWARD’S PICTURES. Prominent among the new films shown in the new programme at the Burns Hall last night is a long and ingenious detective drama entitled « Charlie Colms and the Knaves of Spades. » The principal characters in the story are Charlie Colms, a brilliant amateur detective, Jimmy Rudge, the head of a band of thieves known as « The Knaves of Spades, » and the Marquis d’Harcier. Rudge and an accomplice at the outset kidnap the Marquis, whom Rudge then impersonates with a view to robbing the marquis and his guests. He succeeds in surrounding himself in the great house with members of his band in the guise of servants, but his difficulties begin when Colms arrives to stay as a guest. Plot and counter-plot, unmasking, capture, escape, and recapture follow one another with bewidering profusion of incident, and many are the clever ruses and devices employed on each side. The situation is complicated by the presence of a number of guests who are not in the confidence of the detective, and from whom the robbers have to conceal their identity. Altogether the picture, which concludes with Jimmy and his accomplices safe in the possession of the police, is, especially in the first part, one of the very best of its kind.
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(« Amusements, » in Otago Daily Times, n° 15525, 6 août 1912)
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☞ On notera au passage que le court métrage de René Leprince a été interdit d’exploitation en Allemagne en raison de la violence et de l’immoralité de certaines scènes.
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(in Die Lichtbild-Bühne, n° 6, février 1912)
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La lutte contre les « drames » cinématographiques en Allemagne
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C’est une véritable levée de boucliers contre le drame cinématographique, que l’on constate en Allemagne.
On y fonde des Sociétés dans le but de combattre ce genre. Elles se mettent à la rescousse de toutes les Associations déjà existantes, sociétés d’éducation populaire, sociétés pour la sauvegarde des bonnes mœurs, sociétés contre la licence des rues, etc., etc.
Le clergé, le personnel enseignant, les artistes, tout se met de la partie pour dévoiler comme un danger pour la jeunesse, les projection des drames.
Et tous ces ennemis de la cinématographie font chorus pour réclamer des mesures coercitives, comme s’il n’en existait pas déjà assez ! – demandent de nouvelles interdictions, une censure plus sévère ! ! C’est à croire qu’ils ne poursuivent qu’un seul but : la ruine des exploitants.
Il y a là un péril que les propriétaires de cinématographes auraient tort de ne pas apprécier dans une juste mesure. Il est plus que nécessaire qu’ils prennent nettement position contre leurs persécuteurs et, s’ils veulent avoir le dessus sur ceux-ci, il faut qu’ils procèdent, dans le choix de leurs films, avec une minutie extrême et une grande prudence.
Il suffirait, en effet, de deux ou trois, voire d’un seul film critiquable, pour fournir des armes à l’adversaire.
On voit que la situation des exploitants allemands n’est pas du tout enviable.
D’une part, ils sont aux prises avec tous les impedimenta que leur crée une administration policière pointilleuse et plus que chicanière, d’autre part, ils sont en butte aux persécutions, sans cesse en éveil, d’un puritanisme exagéré.
C’est ce qu’on appelle, en bon français, se trouver entre le marteau et l’enclume.
Espérons que les exploitants allemands sauront déjouer les embûches et mener bon train leurs affaires sans s’exposer aux persécutions si préjudiciables à leurs intérêts.
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(in Ciné-Journal, organe hebdomadaire de l’industrie cinématographique, cinquième année, n° 185, 9 mars 1912)
LE CLUB DES ÉLÉGANTS
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M. André Brulé, l’éminent artiste au talent si personnel, apporte toute sa maîtrise à l’interprétation de cette scène originale « Le Club des Élégants. »
John Veryle, très épris de la fille de Tom Tabutao, Roi du Blé, ambitionne sa main. Dans ce but, il demande au « Club des Élégants » la consécration que ce cercle, très fermé, apporte à ses membres, dont il s’efforce de réaliser les ambitions. Pour se rendre digne de sa protection, tout nouvel adhérent doit se soumettre à certaines épreuves et accomplir un exploit difficile. L’exploit le plus généralement demandé consiste, pour le postulant, à soustraire un objet de grande valeur, jalousement gardé, et qui est rendu dans les 24 heures par le Cercle à son titulaire.
Quant à John Veryle, il devra s’emparer, au cours d’une garden-party, d’une miniature enrichie de diamants, contenue dans le coffre-fort du Roi du Blé.
Pour augmenter les difficultés du postulant, le président du Club prévient le grand détective Charley Colms.
Voici donc John Veryle contre Charley Colms. La lutte est des plus courtoises et des plus passionnantes. John Veryle parvient à détourner l’attention du détective sur un bonhomme de baudruche, tandis qu’il s’empare du fameux bijou. Mais l’imposture a assez duré. Un domestique est accusé du vol, et John Veryle avoue la folie qu’il a osé commettre.
Le Roi du Blé lui pardonnera et l’acceptera pour gendre.
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LE COLLIER DE LA DANSEUSE
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Une rumeur circule dans les coulisses des Folies Watteau : un complot serait tramé pour voler ce soir-là les bijoux, évalués à un million, de la danseuse étoile, la Carmencita. Très alarmée, la jeune femme demande aide et protection au détective Charley Colms, qui, costumé en machiniste, demeurera dans les coulisses, mais sans la perdre de vue tandis qu’elle sera en scène, parée de tous ses bijoux.
Soudain, au moment où la Carmencita remet, ainsi que le veut son rôle, ses bijoux au grand prêtre, des flammes jaillissent des décors, jetant la panique parmi les artistes et les spectateurs, et le grand prêtre, profitant du désarroi général, s’évade… avec les bijoux.
Le théâtre brûle de fond en combles… Sur les lieux du sinistre, Charley Colms cherche à arracher aux décombres leur sinistre secret. Dans les loges, il retrouve un cadavre calciné, celui de l’acteur Merova qui devait tenir le rôle du grand prêtre. Une courroie de cuir, restée intacte par endroits, prouvait que l’acteur avait été ligoté. Quelqu’un avait donc pris sa place dans l’interprétation de son rôle ? Un débris de lettre, trouvé dans les vêtements que l’usurpateur avait laissés là pour se costumer, met Charley Colms sur une piste sérieuse : « Si l’affaire réussit, rendez-vous ce soir à la Taverne royale… »
Au deuxième acte, nous sommes à la Taverne royale. Charley Colms, habilement, démasque le voleur incendiaire, l’habilleur Franck. Des agents l’arrêtent, ainsi que ses complices, un homme et une femme. On les emmène au poste, lorsqu’arrivé près d’un regard d’égout, Franck se dégage subitement de son pardessus, qui reste avec ses gants aux mains des agents, tandis que le bandit disparaît dans l’égout. Un agent descend à sa suite. Quant à Charley Colms, qui a troqué son paletot de fourrure contre la défroque d’un mendiant, il fait le guet près du regard. Mais il est joué par son adversaire qui s’enfuit sous l’uniforme de l’agent qu’il a tué.
Alors commence une vertigineuse poursuite en auto. Celle de Charley Colms est la plus rapide. Elle brûle le terrain. De minute en minute, elle gagne sur l’autre voiture qu’elle va rejoindre, lorsqu’une panne funeste oblige le détective à abandonner la piste du bandit.
Le policier conçoit alors l’idée de se faire enfermer, sous le déguisement d’une vieille femme, dans la cellule où est détenue la complice de Franck. La pseudo-prévenue avoue ses crimes à sa camarade de cellule, qu’elle amena à se confesser elle-même.
Charley Colms apprend ainsi l’endroit où sont cachés les bijoux, dans le socle d’une statue de jardin public.
Un coup de théâtre se produit lorsque le voleur vient chercher son larcin. La statue descend de son socle, car c’était un agent que Charley Colms avait placé là en sentinelle, et met la main au collet du misérable.
Les situations très émouvantes de cette pièce, l’intérêt toujours grandissant des événements qui s’y succèdent, enfin la belle interprétation des artistes, font de cette œuvre une des meilleures du genre.
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André Brulé interprétant Arsène Lupin, carte postale photographique, c. 1909
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