RÉSUMÉ DES CHAPITRES PRÉCÉDENTS

 

Le narrateur s’est lancé dans l’exploration de la mystérieuse maison aux 30 portes où demeure un certain professeur Gaultier qui a réussi à entrer en contact avec des univers inconnus co-existant dans l’espace. Les héros de l’histoire ont ouvert la 6e porte et ont pénétré dans une forêt à la végétation inconnue. Là, une étrange population d’hommes de verre était terrorisée par le professeur Gaultier. Celui-ci est capturé par les héros de l’histoire, mais il parvient à leur échapper. Il est tué, et les héros de l’histoire restent prisonniers au pays de la 4e dimension. Ils se lancent dans l’exploration du pays des hommes de verre. Ils finissent par découvrir les ruines d’un étrange chemin de fer électro-magnétique qui semblent les vestiges d’une civilisation disparue.
 

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Le voyage de retour fut sans histoire. Nous retrouvâmes nos chevaux, là où nous les avions laissés, en parfaite condition et, abandonnant la montagne, nous partîmes en suivant notre piste vers le trait argenté du fleuve.

Nous y arrivâmes un soir. Notre radeau dormait sur la plage de sable. « Nous traverserons demain ! » dis-je à Loya. Nous nous enroulâmes dans nos couvertures.

Je fus réveillé au milieu de la nuit par un cri de ma compagne. Avant que j’aie pu me dresser, je reçus un coup violent.

J’avais attrapé mon couteau, attaché à mon poignet par une lanière. Je frappai droit devant moi. Il y eut un bruit mou de corps qui s’effondre. En un instant, je pensai : « Ce sont les fuyards, de ces pauvres types de bourgeois cruels et lâches, ces habitants des ténèbres, les vrais fantômes qui hantent ce pays et dont il faudra se débarrasser… »

Loya criait, entraînée déjà loin de moi. Je frappais sans arrêt. Je comprenais maintenant cette impression de surveillance constante que j’avais éprouvée pendant tout le voyage. Ces êtres des ténèbres nous épiaient, sans cesse, attendant leur heure et là… Loya… Loya appelait…

Un coup terrible me frappa la poitrine. Je sentis dans ma bouche le goût chaud du sang. Mes jambes étaient molles, molles… des cloches sonnaient à toute volée. Une lumière, des ténèbres, de la lumière encore. Une voix : « Il revient à lui… »

Ma tête est claire, légère, creuse… Je flotte. J’ai froid et chaud en même temps. J’ouvre les yeux. Allons bon, je suis dans le coma… ou mort.

La vision s’impose. Des murs m’entourent, vert d’eau et crème. Un drap blanc sous mon menton. Une guirlande de visages. Des lunettes. Les visages ne sont pas transparents. Celui-là a un bouton sur le nez. Une infirmière en blouse blanche. Elle ressemble à Loya.

L’homme en lunettes se penche sur moi :

« Eh bien ! Vous rêvez encore tout éveillé maintenant ? »

Rêver ? Qui rêve ? Que m’est-il arrivé ?

J’ai dû parler haut. Les lunettes brillent d’une flamme malicieuse.

« Depuis une semaine, vous ne faites que cela. Rêver ! Vous pouvez vous vanter de revenir de loin. »

De loin ? La quatrième dimension… Les portes… Le pays des hommes morts… L’homme aux lunettes ressemble à Gaultier.

« Comment suis-je revenu sur terre ? »

Les lunettes s’esclaffent :

« Je me le demande moi-même. Vous n’y allez pas de main morte ! Comme vous ne le savez pas, je vais vous dire ce qui est arrivé :

Vous arriviez au coin de la rue du Sentier et de la rue du Croissant quand une camionnette de chez Hachette a fait une embardée et vous est rentrée dedans… Transporté à l’hôpital, fracture de l’épaule gauche et de trois côtes, sept jours de délire ; on a bien cru que vous y passiez. »

C’était donc cela, le choc, et non pas René Rives fuyant le monstre de verre ! C’était cela aussi, l’attaque des hommes des ténèbres…

Je regarde le monde avec des yeux neufs. Le chirurgien ne ressemble pas tellement à Gaultier. Il a l’air plus franc. Et l’infirmière n’est pas Loya. Loya était plus jolie. Je parie que celle-ci ne sait pas tirer à l’arc !
 
 

FIN

 
 

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(H. Bourdens, in Le Petit Marocain, trente-septième année, n° 10196, jeudi 21 avril 1949 ; ce très curieux roman « fantastique, » sur le thème des autres dimensions, n’a jamais été publié en volume ; il est précédemment paru dans L’Avant-Garde, organe central de la Fédération des jeunesses communistes de France, à partir de septembre 1946)

 
 
 

 

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(in Ce Soir, grand quotidien d’information indépendant, dixième année, n° 1549, vendredi 6 septembre 1946)