Nous avons déjà eu l’occasion de publier il y a quelque temps une nouvelle retrouvée de Germain Nouveau, « Le Crime de Rians. » La Porte ouverte est particulièrement heureuse de mettre en ligne aujourd’hui un sonnet intitulé « Neige, » paru dans l’hebdomadaire littéraire et satirique Nantes-Lyrique, en janvier 1878. À notre connaissance, ce poème n’a jamais été répertorié.
 

MONSIEUR N

 
 

NEIGE

 

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Tout est blanc dans la ville au ciel bas et changeant.

Vous diriez, sur les toits, d’un peuple de colombes.

Partout un lumineux silence. On pense aux tombes.

Seule, au front des palais, tinte l’heure d’argent.
 

Il fait clair dans les cœurs ! La Vie est toute blanche !

L’Amour, sous les rideaux, rêve fleur d’oranger.

Dans la Nuit, blanche aussi, qu’il souffle un vent léger

Et c’est comme Pierrot qui secouerait sa manche.
 

La Terre, ainsi qu’un lys, s’offre aux coups du Destin,

Cette tour est d’ivoire, et ce quai de satin,

Ce bateau, c’est un cygne au repos sur l’eau brune.
 

Il nous semble habiter l’Étoile du Matin.

L’on a peur de marcher sur ce rêve ; et plus d’une

Croit fouler sous ses pas un tapis de la lune.
 
 

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(Germain Nouveau, in Nantes-Lyrique, quatrième année, n° 14 – 76, dimanche 6 janvier 1878 ; Edward Robert Hughes, « Heart of Snow, » aquarelle, 1907)

 
 

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