LE VAGABOND

 

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Vagabond condamné aux gîtes d’aventure,

Voleur à l’étalage et glaneur de mégots,

Je suis frère des gueux et des pauvres roulures,

Fuyant la dextre indicatrice des sergots.
 

Mais je suis pur de la bourgeoise forfaiture,

Et mon vouloir grandi dans l’ombre des cachots,

Prépare les splendeurs de la Cité Future.

Comme un mineur fouillant la houille des cerveaux,
 

J’exhume vers le jour les rouges vérités

Qui dormaient en la nuit des livres redoutés.

Et le Pauvre a compris la révolte qui venge.
 

Mais la pitié dont mon cœur bat sous mes haillons,

Monte aussi vers l’orgueil de vous rêver très bons,

Ô vous, que l’or très vil a marqués de sa fange !
 

Gustave LE ROUGE

 
 

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(Gustave Le Rouge, in Le Procope, journal parlé, quatrième année, n° 6, 15 avril 1896 ; ce sonnet a été repris dans le recueil Derelicta, Paris : Marcel Seheur, 16 janvier 1930, que nous avons déjà mis intégralement en ligne sur ce site. Théophile Alexandre Steinlen, « Deux Vagabonds marchant dans la neige, » crayons de couleur sur papier, sd)

 
 

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☞  Nous reproduisons ci-dessous deux publications non répertoriées du sonnet de Gustave Le Rouge : la première, sous le titre « L’Apôtre » et l’attribution à Gustave Leroux [sic !], est parue dans le journal socialiste algérien Le Progrès de l’Est, le 1er mars 1902 ; la seconde, dans l’hebdomadaire L’Avant-garde et ses deux éditions régionales, le 6 octobre 1907.
 
 

 

LE BON JUGE

 

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Nous avons parlé dans un de nos derniers numéros du jugement à la Magnaud rendu par notre ami Georges Pailhès, juge de paix à Tunis.

Ce jugement qui a fait le tour de la presse algérienne, française et même étrangère, a valu à notre sympathique ami une très belle lettre du président de Château-Thierry.

Nous sommes heureux de pouvoir publier aujourd’hui un sonnet qui lui a été dédié par M. Leroux [sic], un poète de la bonne école.
 
 

L’APÔTRE

 

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À M. PAILHÈS,

le bon juge de paix.

 

Vagabond condamné aux gîtes d’aventure,

Voleur à l’étalage et glaneur de mégots,

Je suis frère des gueux et des pauvres roulures

Fuyant la dextre indicatrice des sergots.
 

Mais je suis pur de la bourgeoise forfaiture,

Et mon vouloir grandi sous l’ombre des cachots

Prépare les splendeurs de la cité future,

Mineur triste piochant la glèbe des cerveaux.
 

J’exhume vers le jour les rouges vérités,

Qui dormaient en la nuit des Livres redoutés,

Et le Pauvre a compris la révolte qui venge.
 

Mais la douceur dont mon cœur bat sous mes haillons

S’exalte vers l’orgueil de vous trouver très bons,

Ô vous que l’or très vil a marqué [sic] de sa fange !
 

Gustave LEROUX [sic]

 
 

Encore une fois toutes nos félicitations à notre ami et constatons – pour l’orgueil de la cité natale – que l’émule du président Magnaud est un des plus sympathiques enfants de Bône.
 

L. M.

 
 

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(in Le Progrès de l’Est radical socialiste, organe des intérêts algériens et régionaux, première année, n° 28, samedi 1er mars 1902)

 
 

 

LE VAGABOND

 

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Vagabond condamné aux gîtes d’aventure,

Voleur à l’étalage et glaneur de mégots,

Je suis frère des gueux et des pauvres roulures,

Fuyant la dextre indicatrice des sergots.
 

Mais je suis pur de la bourgeoise forfaiture,

Et mon vouloir grandi dans l’ombre des cachots,

Prépare les splendeurs de la cité future.

Comme un mineur fouillant la houille des cerveaux,
 

J’exhume vers le jour les rouges vérités

Qui dormaient en la nuit des livres redoutés

Et le Pauvre a compris la Révolte qui venge.
 

Mais la pitié dont mon cœur bat sous mes haillons

Monte aussi vers l’orgueil de vous trouver très bons,

Ô Vous, que l’or très vil a souillé [sic] de sa fange !
 

G. LE ROUGE

 
 

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(G. Le Rouge, in L’Émancipateur, organe socialiste du Berry, deuxième année, n° 48, samedi 5 octobre 1907 ; in L’Avant-garde, organe socialiste de la Rive gauche, deuxième série, n° 540, dimanche 6 octobre 1907 ; in Le Combat, organe de la fédération socialiste de l’Allier, cinquième année, n° 209, dimanche 6 octobre 1907. Malgré la prédatation du premier, l’Émancipateur et Le Combat, aux contenus strictement identiques, s’avèrent être des éditions régionales de L’Avant-Garde)