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VIVISECTION

 

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Puisque voilà M. Paul Bert ministre, la vivisection est à l’ordre du jour. Aussi nous empressons-nous de donner l’hospitalité au récit suivant, qu’on nous adresse de Muggendorf, en Bavière. C’est l’un des plus célèbres médecins allemands, le docteur Von Muffen, qui y joue le principal rôle, – un rôle auquel certes il ne s’attendait pas !
 

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Le docteur Von Muffen s’était passionné pour les études qui ont fait la gloire de notre nouveau ministre de l’instruction publique. Quand il passait dans les rues de Muggendorf, trottinant avec ses deux petites jambes maigres comme des brins de bois sec, les gamins ne manquaient jamais de s’écrier :

« Voilà le Hundscharcutir Professor qui passe ! »

Ce qui pourrait se traduire à peu près par : « Voilà le professeur Coupe-Chiens ! »

Jamais surnom n’avait été si mérité. Ce que le docteur Von Muffen avait disséqué de caniches, découpé de bouledogues, viviséqué d’honnêtes mâtins, c’était chose inimaginable. Sitôt qu’un chien se perdait à Muggendorf ou dans les environs, on pouvait être sûr qu’il avait été filouté pour le compte du docteur. Chaque jour, c’étaient des plaintes contre lui. Quant les réclamants criaient trop fort, il finissait par rendre les chiens, recousus tant bien que mal, et dans un état à faire pitié.
 

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À la fin, il y eut un tel tollé contre lui qu’il lui devint impossible de continuer ses expériences. Aussi, se voyant forcé de renoncer à ses chères études, tomba-t-il dans une mélancolie noire. Il devint si maigre, si maigre, qu’on eût dit un simple embryon de docteur. Toute la journée, il restait assis dans son grand fauteuil, triste, et remuant dans sa tête les grands problèmes de la vivisection.

Un matin qu’il était ainsi plongé dans l’étude mentale du réseau nerveux des animaux, il sentit quelqu’un qui lui passait une main sur le crâne. Il se retourna. Le quelqu’un n’était autre qu’un énorme singe, appartenant à un voisin et échappé de chez son maître. Il s’était introduit par la fenêtre, et examinait le cabinet du docteur avec curiosité…

Voir le singe et entrevoir sa vivisection fut tout un chez Von Muffen…

Il n’y avait à la réalisation de ce projet qu’une difficulté, c’est que le singe était incontestablement beaucoup plus fort que lui. Il fallait donc agir de ruse.

Le docteur prit un air vague, se dirigea sans effrayer l’animal vers un coin de la pièce, fit un nœud coulant, et fut assez heureux pour le lasser à la façon des Gauchos.

Deux minutes après, la malheureuse bête, ligotée en croix sur un chevalet, poussait des hurlements de douleur. Le docteur, le nez coiffé de ses énormes lunettes de travail, lui ouvrait délicatement l’abdomen, et exécutait avec délices le plus intéressant des petits travaux sous-cutanés.

Le singe piaillait à fendre l’âme, tout en suivant de ses petits yeux étincelants chaque mouvement de l’opérateur. Celui-ci exultait, quand, accompagné de la police, survint le propriétaire du Jocko… Il y eut une scène horrible, à la suite de laquelle le docteur offrit une indemnité, et raccommoda proprement l’estomac du patient.

Et l’on emporta celui-ci tout pantelant, mais regardant encore son bourreau d’un air féroce. – Il était évident que, dès ce moment, ce singe avait son plan.
 

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Ce qui suit est de nature à confirmer cette vérité bien connue que celui qui a frappé par l’épée périra par l’épée…

Trois semaines après cette scène, le docteur Muffen fumait mélancoliquement une pipe consolatrice, lorsque tout à coup, avec un cri rauque, il la laissa échapper… Deux mains velues venaient de le saisir à la gorge. Il s’évanouit.

Il fut réveillé par une douleur atroce. Le singe – car c’était le singe qui était revenu – l’avait lié sur le chevalet, absolument comme il y avait été lié lui-même, ce qui avait été facile, en raison de la taille ridiculement petite du docteur.

Et, un scalpel à la patte, il le viviséquait à son tour avec des grimaces de satisfaction.

Le professeur poussa des cris de femme en couches. L’odieux animal n’en eut cure, et il eût certainement achevé l’infortuné savant, si, à un moment donné, après avoir pratiqué une belle fente qui rayait toute la poitrine, il n’eût senti le besoin d’exprimer sa satisfaction par une pyrrhique désordonnée.

Pendant qu’il cascadait ainsi, le scalpel à la main, on eut le temps d’accourir et de secourir le patient.
 

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On m’assure que le docteur Von Muffen a renoncé à la vivisection.
 
 

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(Gaston Vassy, in Gil Blas, troisième année, n° 731, vendredi 18 novembre 1881)

 
 
 
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PITOIN

 

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I

 

« Te rappelles-tu Alcindor Pitoin ? me dit, en allumant sa cent-unième cigarette, mon vieil ami le docteur Boudou, un des chirurgiens les plus distingués de cette marine que l’Europe aurait raison de nous envier ; car, mieux que notre administration et seule encore, elle produit des héros.

– À peu près, lui répondis-je. La dernière fois que je le vis, j’étais en garnison à Arras où lui-même venait faire ses adieux à sa famille avant de s’embarquer, comme toi, pour soigner à bord les nomades infirmités des matelots. Qu’est-il devenu ?

– Je me proposais justement de te le conter. Tu nous as connus tous deux, n’est-ce pas, durant ton séjour à l’École, alors que nous-mêmes, étudiants de quatrième année, nous achevions nos études et suivions les cours de ce fameux professeur Carolus Piff qui, longtemps avant le sympathique Bert, lequel fut un si grand ministre, découpait une ménagerie vivante tous les mois ?

– Précisément, et je me rappelle ton horreur pour ce genre d’éducation.

– Elle ne s’est pas modifiée et j’en reste encore aux paroles de Magendie qui, après avoir massacré avec accompagnement de supplices quelques milliers de chiens, conclut ses expériences par cet aveu sans artifice : « Vous interrogez la torture, et c’est la douleur seule qui vous répond. » Je me serais contenté d’ailleurs, pour le repousser, de cet axiome dit un jour devant moi, chez Leconte de Lisle, par le philosophe Louis Ménars : « Il n’est pas de progrès scientifique qui justifie le sacrifice d’un principe de morale. » Mais Alcindor Pitoin n’en était pas à ces subtilités philosophiques. C’était un carabin consciencieux et gobeur qui, lorsque je m’indignais de tant de cruautés inutiles, me répétait le mot de notre éminent maître Carolus Piff : « Qu’importe un peu de souffrances quand il s’agit de savoir ! » Aussi rêvait-il, à cette époque, de passer son agrégation et de devenir suppléant de ce grand physiologiste pour inciser, à son tour, coram populo, un tas de bêtes innocentes en déclamant de belles calinotades et en faisant sa carrière politique. Car comment un peuple hésiterait-il à confier ses destinées à un homme pour qui le suc pancréatique n’a plus de secrets et qui, comme les augures antiques, a pressenti l’avenir dans les entrailles ouvertes des victimes ?

– Et qui l’empêcha de réaliser ce glorieux projet ?

– Un accident ridicule. Il s’était marié à vingt ans, et, à vingt ans et demi, il était déjà si célèbre comme cocu que Sganarelle à cinquante ans lui aurait porté les armes. Les plaisanteries de mauvais goût qui lui furent prodiguées à cette occasion le dégoûtèrent de l’humanité. Eu vain je lui représentai que notre maître Carolus Piff était cocu aussi, ce qui suffisait pour honorer la corporation. Il ne voulut rien entendre et se fit chirurgien de marine comme moi pour fuir à jamais sa femme et la porte Saint-Denis. »
 

II

 

« Fort bien, dis-je, et il ne me déplaît pas d’apprendre ce détail.

– Je poursuis, reprit mon ami Boudou, et remonte le cours des années, sans quoi le récit que j’entame demeurerait obscur pour ton esprit. Les animaux destinés aux abominables travaux du grand Piff et mis en cave pour y attendre leur injuste châtiment, étaient provisoirement confiés aux soins de Polyte Machard, fils du concierge du Collège de France. Ce Polyte était un type curieux, un vrai voyou, mais pas méchant, et qui, plaignant de tout son cœur ses malheureux pensionnaires, adoucissait leur sort dans la mesure de ses moyens. Car il aimait les bêtes et avait élevé, pour son agrément personnel, un perroquet à qui il avait appris à parler, si bien que, les fenêtres des amphithéâtres – ouvertes en été  – laissant passer la voix des professeurs, ce loquace volatile avait recueilli un tas de lambeaux de phrases, lieux communs, axiomes sans cesse rabâchés, qu’il répétait avec leurs intonations originelles. L’organe nasillard de Piff était un de ceux qu’il imitait le mieux. En l’honneur d’Oberon qu’on venait de reprendre au Théâtre-Lyrique et pour constater la chasteté de son élève, Polyte, qui était mélomane, l’avait nommé Aboulifar. Mais il avait un autre favori, un favori mystérieux, un pauvre gorille voué à la vivisection et dont il était parvenu à sauver jusque-là la vie par mille artifices aussi glorieux pour son invention que pour son humanité. Ce singe, un magnifique échantillon de l’espèce, avait été condamné, après une fluxion de poitrine, par les vétérinaires du Jardin des Plantes, et Carolus Piff, qui le guignait, était parvenu, à force de basses intrigues, à se le faire céder. Il avait consenti toutefois à attendre son rétablissement pour le martyriser d’une plus concluante façon. Mako – c’est ainsi que l’avait baptisé Polyte – était tout jeune et n’avait pas acquis le quart de son développement normal ; comme signe distinctif, il portait au front un bouquet de poils blancs. Polyte l’avait pris dans une affection désordonnée, et l’animal, reconnaissant par instinct, répondait à ses bons offices par mille gentillesses. Souvent, Polyte le promenait dans la cour pour lui faire prendre l’air, et c’est ainsi qu’un jour le gorille, s’étant glissé jusqu’à la croisée de la pièce où Carolus Piff débitait ses leçons, et s’étant cramponné aux barreaux pour voir curieusement, assista à un cours où l’illustre professeur charcuta compendieusement, en sa présence, plusieurs sapajous et babouins, dont les épouvantables convulsions sur le chevalet lui firent écarquiller des yeux ronds et flamboyants comme des braises. Cependant, le tour de son protégé devant venir bientôt, Polyte prit une résolution héroïque et, la veille même du jour où Piff avait convié ses meilleurs élèves à la dégustation des souffrances de Mako, le voyou, le gorille et le perroquet disparurent de la maison.

– Et tu n’as jamais su ce qu’ils étaient devenus ?

– Pardon ! je retrouvai Polyte matelot à bord d’une frégate, il y a cinq ans. Et, comme je lui demandais des nouvelles de ses bêtes : « À notre dernier voyage en Afrique, je leur ai rendu la liberté, » fit-il ; et je vis bien, au tremblement de sa voix, que le sacrifice avait été rude pour le pauvre Mathurin. »
 

III

 

« Et Pitoin ?

– Attends un peu, nous y revenons. Mais il nous faut franchir encore, en avant, cette fois-ci, un nombre considérable d’années. L’an dernier, – tu vois que je deviens actuel comme un reporter, –le bruit se répandit qu’un gros d’officiers et de matelots, s’étant aventuré dans l’intérieur des terres de Guinée et surpris sans doute par quelque tribu sauvage, avait disparu. Pitoin en était justement. Je fus désigné, à mon tour, pour accompagner la mission envoyée à la recherche de ces malheureux, et c’est ainsi qu’après d’inutiles explorations, je me trouvai, un beau jour, mon fusil sous le bras, dans une forêt de palmiers où je m’étais perdu, mourant de soif et de fatigue, quand un spectacle inattendu me fit oublier l’une et l’autre, par son imprévu et le danger manifeste où il mettait mes jours. En abordant une clairière circulaire inondée de soleil, je dus reculer instinctivement, la trouvant habitée, et n’ayant juste que le temps de me dissimuler à ses hôtes derrière un massif de plantes piquantes qui m’ensanglantèrent le visage et les mains. Imagine une façon d’amphithéâtre naturel, mais approprié merveilleusement pour une leçon publique. Au plus bel endroit, un tronc d’arbre creux simulant une chaire et, tout autour, sur des gradins abominablement rustiques, de jeunes gorilles se pinçant et se disputant des noix de coco avec mille cris et mille grimaces. Tout à coup, le silence se fit, et un gorille adulte, d’un certain âge même, singulièrement compassé et solennel, fit son entrée. Je dus étouffer un murmure d’étonnement dans ma poitrine. Il portait au front une mèche de poils blancs. Le doute n’était pas permis. C’était Mako lui-même, Mako délivré et grandi, Mako revenu parmi les siens, Mako objet de vénération parmi les jeunes bêtes de son espèce. Ce qui me frappa encore, c’est que tous ses mouvements semblaient copiés sur ceux du fameux Carolus Piff. Même suffisance insupportable, même contentement de soi-même. Il se moucha, il est vrai, dans ses doigts, mais fit, après, le simulacre de remettre un mouchoir imaginaire dans le pan d’une redingote invisible. Il toussa, cracha, passa sa longue patte sur ses babines ridées, s’assit dans la chaire et croisa une jambe sur l’autre, toujours absolument comme Carolus Piff. Puis il prit l’attitude maussade d’un homme qui attend et, d’un geste impatient, se mit à fouiller furieusement dans ses larges oreilles pendantes.

Un mouvement se fit enfin, et une certaine satisfaction farouche éclaira son visage, pendant que moi-même je faillis m’évanouir d’horreur.
 

IV

 

Deux gorilles énormes, monstrueux, d’une force indicible, venaient d’amener, ou plutôt de traîner, solidement liée avec de lourdes herbes flexibles cependant, une masse de chair frissonnante, à demi écorchée, que surmontait une tête livide de terreur dans laquelle il me fallut bien reconnaître celle de mon camarade Pitoin.
 
 
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Mon premier mouvement fut de mettre en joue et de tirer dans le tas pour le délivrer. Mais je réfléchis bien vite que je parviendrais tout au plus à me faire écharper comme lui par des ennemis trop visiblement supérieurs en nombre et en force, ce qui me fit réprimer une intempestive grandeur d’âme. Hébété, ahuri, me croyant le jouet d’un cauchemar abominable, je suivis stupidement, et sans comprendre d’abord, ce qui se passa ensuite. Ayant déposé leur fardeau à terre, les deux gorilles allèrent chercher une façon de grand chevalet de bois qu’ils étalèrent aussi sur le gazon et commencèrent à y garrotter solidement leur prisonnier. Celui-ci parut se réveiller alors de sa torpeur ; car un gémissement, dont je suis encore remué jusqu’aux mœlles, s’exhala de sa poitrine sans peau. C’était un de ces appels suprêmes à la pitié où le mot de : maman ! est toujours mêlé, l’expression d’une angoisse qui vous prenait le cœur comme dans un étau, le cri d’une souffrance tellement horrible que rien de semblable ne se pouvait concevoir. Tous les jeunes gorilles se mirent à rire en tortillant voluptueusement des fesses sur leurs sièges improvisés et, sur un signe, dédaigneux d’ailleurs, de Mako, un des aides appliqua un bon coup de poing sur le nez de Pitoin, pendant que l’autre lui bâillonnait la mâchoire, en la démantibulant avec un morceau de noix de coco. Après quoi, le chevalet fut dressé de façon que le patient fût bien à la commodité de l’opérateur. Car je ne pouvais plus en douter. J’allais assister à une séance de vivisection humaine. Mako allait imiter jusqu’au bout la leçon qu’il avait vu donner au professeur Carolus Piff. En effet, muni d’un couteau de bois fait d’une tige coupante de palmier, il s’approcha, d’un air capable, de Pitoin rendu muet, et, lui en plantant le bout dans le creux de l’estomac, il effectua ensuite une pesée verticale qui déchira les enveloppes et mit à nu l’intérieur de mon éminent collègue. Un frisson d’agonie secoua tout le corps dans ses entraves. Alors, Mako, inquiet, pinça un peu les jambes et les bras pour réveiller la sensibilité et s’assura que le cœur battait toujours en lui donnant des petites calottes avec la patte pour en entretenir le mouvement. Après quoi, il appela les assistants autour de lui et commença à faire à mon infortuné condisciple un tas de mistoufles scientifiques, lui chatouillant les boyaux avec une barbe de plume, lui crachant sur la vessie pour en faire ressortir l’impressionnabilité, décortiquant gracieusement les nerfs du bout aigu de ses ongles. Et, à chacune de ces plaisanteries déplacées, il signalait à ses élèves les grimaces particulières que le pauvre bâillonné effectuait de son mieux. Tout en étant indigné, je réfléchis que c’était, au moins, une curiosité que la vivisection est certaine de satisfaire, et que ce genre d’étude était celui à qui elle convenait le mieux. Tout à coup, Mako eut une inspiration et, changeant soudain de champ d’opération, il attaqua la tête du supplicié, cette tête où deux yeux roulaient effarés et effroyables. Il racla les deux côtés du front avec son couteau de façon à les mettre à vif et montra à ses étudiants les cornes naissantes de Pitoin. Ce fut le mot pour rire de la leçon, le mot de la fin. Car, l’heure du cours étant, sans doute, passée, Mako rejoignit gravement sa chaire, pendant que ses élèves, après avoir tiraillé les cheveux de Pitoin, par manière d’espièglerie, s’en allaient en jouant au saut de mouton. Bientôt, lui-même se retira avec la solennité bête qui ne lui avait pas fait un seul instant défaut. Ses deux aides le suivirent en se grattant malproprement la tête, et Pitoin, déchiqueté, mais respirant toujours, fut abandonné aux morsures des mouches et aux flèches du soleil.

J’allais me précipiter enfin vers lui, ému d’une pitié débordante, quand une voix qui était, à s’y méprendre, celle du professeur Carolus Piff, me parla d’en haut, de très haut, du haut du plus haut palmier :

« Qu’importe un peu de souffrance, disait-elle, quand il s’agit de savoir ! »

Je levai la tête et j’aperçus, à ma grande surprise, le perroquet Aboulifar qui, paraît-il, avait suivi Mako, ayant recouvré en même temps que lui sa liberté, grâce à la munificence de Polyte.

« Au fait, pensai-je, cet axiome était celui de Pitoin. De quel droit empêcherions-nous les singes de s’instruire, puisque la science nous apprend que ce sont les hommes de l’avenir ? »

Et, rallumant ma bonne pipe, recalant mon fusil sous mon bras, je rejoignis notre campement, la conscience soulagée. »
 

V

 

Ainsi parla mon ami, le docteur Boudou, un des chirurgiens les plus distingués de notre marine.

« Est-ce que tu plains Pitoin ? lui demandai-je en manière de conclusion.

– Moi, pas du tout !

– Eh bien, ni moi non plus ! Il est inconvenant que la science n’ait plus que des martyrs à quatre pattes. »
 
 

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(Armand Sylvestre, in Gil Blas, cinquième année, n° 1362, samedi 11 août 1883 ; cette nouvelle a été recueillie dans Histoires belles et honnestes, illustrations de Kauffmann, Paris : C. Marpon et E. Flammarion, sd [1884])

 
 
 
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