C’était ma foi une rue bien paisible avant l’arrivée du fantôme, de Monsieur le Fantôme, comme disait ma concierge, à qui l’on avait fait croire qu’il y en avait de plusieurs sortes, des riches et des pauvres, des bons et des méchants ; et, dans le brave dessein de se rassurer, elle ajoutait, en me tendant le catalogue des Galeries Lafayette ou le bulletin de souscription à l’œuvre des Orphelins du Mont-de-Piété :

« Il n’est pas si diable qu’il se fait noir. »

En vain lui expliquais-je qu’il fallait distinguer, qu’il y avait les diables et le Diable, les fantômes, les apparitions, les esprits, les lémures, les gnomes, les gavalouses, les crivanosses et les perfides colbassons qui ont des ongles d’homme, des cheveux de grenouille et des réticences de vieux chevaux de courses. La bonne femme ne se laissait pas convaincre.

« Le fantôme, c’est comme ça qu’on appelle chez moi le Diable, disait-elle. Appelez-le comme vous voudrez, c’est toujours le même. D’abord, vous n’avez qu’a demander à Monsieur Droiturier puisqu’il l’a vu. »

Oui, c’était une rue comme on n’en fait plus guère. Douce, accueillante, toujours prête à vous consoler au retour des longues marches, bien portante, ne craignant ni la pluie, ni les affiches, ni les travaux. Et voilà qu’un jour, un certain Monsieur Droiturier, l’orphelin du 18, qui vivait dans une petite pièce mansardée, tout seul, et qui gagnait sept cent cinquante francs par mois chez un marchand de fer, à mettre de la limaille dans des wagonnets, Droiturier, à qui la concierge disait monsieur, comme au fantôme, parce qu’il jouait aux cartes dans un quartier à domestiques, parce qu’il rentrait parfois en taxi, voici que Monsieur Droiturier avait aperçu un soir, comme il revenait à pied du cinéma, un spectre.

« Quelque chose de blanc et de rapide. Quelque chose comme un nuage pressé, un nuage qui aurait peur d’arriver en retard à l’orage, » m’expliquait un ancien valet de chambre qui avait ouvert une boutique de teinturier sous mes fenêtres. Lui-même n’avait pas vu la chose, mais, dès le premier jour, il s’était offert à centraliser les descriptions qu’en faisaient les habitants de la rue.

« J’ai toujours cru aux apparitions, ajoutait-il, comme je crois aux éruptions volcaniques et aux mines d’or, mais je n’ai jamais été témoin de ces phénomènes. Or, pour ce qui est du fantôme de Monsieur Droiturier, il a passé si près de ce magasin que je ne puis en douter. Il aurait même frôlé ma porte, dit Monsieur Droiturier. Transparent, rebondissant, tantôt large et tantôt mince, comme une bonne fumée de cigare dans un endroit où règne un petit courant d’air, il marchait du pas des hommes. Qui sait si vous ou moi nous ne l’eussions pas pris pour un promeneur égaré ? »

Une semaine plus tard, on ne s’entretint plus que de ce revenant. Les uns l’avaient vu sortir de la bouche d’égout, comme fait au théâtre le Méphistophélès de Faust, les autres l’avaient vu descendre de taxi, régler sa course, et entrer au 23 sur la pointe des pieds, ce qui permettait aux partisans d’une troisième thèse de prétendre qu’il s’agissait d’une femme, et que le dentiste du 23, dont la femme légitime passait la moitié de sa vie à l’hôpital, était bien libre d’en prendre une autre. Mis au pied du mur, ces commentateurs ne faisaient aucune difficulté pour reconnaître qu’il n’y avait pas de bouche d’égout dans la rue et que le dentiste menait une vie irréprochable. Comme tout le monde, ils parlaient pour parler, et parce qu’il n’est pas adroit, pensent les simples, de passer le surnaturel sous silence.

Seul, Monsieur Droiturier ne disait rien. Quand on le pressait de questions, il répondait qu’il avait vu le fantôme traverser la rue et qu’il n’avait plus rien à ajouter. On inventa mille stratagèmes pour le faire parler : le marchand de vins l’appelait pour lui offrir un apéritif, le crémier lui proposa du crédit, le boucher l’avertissait qu’il mettait de côté, à son intention, ses plus tendres entrecôtes. Des cochers s’attardaient dans la rue en souhaitant de voir apparaître, devant le 18, ce personnage, fait de savon à barbe ou de blanc-manger, qui n’avait pas encore eu, selon eux, le temps matériel de s’enfuir. La grande nouvelle allait son train.

Monsieur Droiturier s’était contenté de voir. Les autres s’acharnaient à décrire, à préciser, à sortir de leur mémoire pour opposer au nouveau venu les vieux fantômes de leur jeune âge. On ne les écoutait guère, le meilleur de l’attention de la rue ayant été absorbé par le spectre récent, car le passé ne compte pas. Et la croyance peu à peu s’établissait, s’enfonçait dans la substance des immeubles, comme une saison. Ceux qui essayaient de s’y soustraire étaient rappelés au sentiment de la réalité par un craquement de casserole en pleine nuit, par l’arrêt brusque des montres, la disparition d’un tisonnier ou le coup de sonnette imprévu d’un livreur qui s’était trompé de porte.

Vint une période de pluies à odeur de canal, couvrant les fenêtres de zébrures, d’éclaboussures de ciel, de larmes, qui facilitèrent les suppositions. Le soir, avant de se glisser auprès de leurs femmes chaudes, les hommes se croyaient sur la piste du lutin. Des nuages couraient au ras des vitres avec la rapidité des araignées. Les camions semblaient se glisser sous les maisons, comme des taupes, et les secouer. Les concierges des quarante-six immeubles de la rue se réunirent un jour chez le marchand de vins sous prétexte de participer à un tournoi de manille, et cherchèrent en vain une méthode. Le fantôme n’était plus que murmure, coup de tonnerre, éclaircie, chat noir, pressentiment, hurlement de sirène. Il se refusait à se montrer une seconde fois sous les traits du vrai fantôme. On avait beau l’attendre à la même place, là où l’avait aperçu Monsieur Droiturier, il demeurait invisible.

Le soir, quand je descendais dans la rue, je lui trouvais une odeur de piétinement, un goût de chaussure mouillée, de pantalon mijoté dans la pluie, qui me chantaient sur tous les tons que l’on avait attendu, fait la queue des heures durant, la gorge serrée par un désir de fantôme. Je voyais, debout devant leurs boutiques, le marchand de charbon, le cordonnier, le grainetier, dont les ombres longues et luisantes s’allongeaient sur la confiture du trottoir comme des ombres de peupliers. La rue, toutes fenêtres éclairées, se balançait lourdement comme un paquebot. La mer était calme, épaisse. La marchande de salades et de bananes remisait sa table de ping-pong sous une voûte aux cariatides malpropres. Quelques taxis se succédaient dans un bruit de scierie. Au carrefour, un tramway évoluait avec peine dans un bosquet de badauds comme un char de carnaval.

La radio, le phonographe et les cris d’enfants dont on sucre l’érythème, s’unissaient dans un concert cachectique, grippé, qui, filtré par le papier peint, le linge pendu, le carreau mal assujetti, s’éparpillait en pleine rue comme une musique d’orgue de Barbarie. Toutes les mains d’homme avaient envie de jeter deux sous dans les appartements. Des ouvriers n’en finissaient pas de chercher des motifs pour ne rentrer chez eux qu’une demi-heure, une heure plus tard. Ils restaient debout dans la compote de pruneaux de cette fin d’hiver, un quart de brie en poche, l’œil mouillé et curieux, pareil à celui qu’on retire des œillères.

Des ménagères pendaient aux fenêtres, avec des chevelures de quatorze juillet, des goitres et du linge de chauve-souris. Des filles leucorrhéiques prétextaient des courses dans le quartier et tendaient, en courant dans la rue, des cous d’hippocampes. Les vieux murmuraient dans leurs draps moites, réclamant des tisanes, des surdités, des agonies. On les rassurait en leur disant que le fantôme, ou le vampire, ou le pétrogale à espadrilles, le phylloxéra à bicyclette, la gorgone fourchue, le matamata allaient enfin s’échapper d’un quinquet, sortir d’une oreille, se manifester au-dessus d’une soupe, et les vieux replongeaient dans un demi-sommeil déjà tout imprégné d’enfer.

Je marchais dans une sorte de halo nasillard fait de chuchotements et de lumière. La rue était lourde à mes épaules comme un chagrin. Elle palpitait. Elle avait accueilli des mouvements venus des caves et des toits. Elle n’avait plus de milieu, plus de centre, plue de cohésion. Le menuisier n’était plus chez lui, entre cinq et sept, comme depuis l’assassinat de Concini ; la blanchisseuse me remettait régulièrement deux mouchoirs d’agent de police et une chemise de plongeur dans le tissu de laquelle le mandarin-curaçao le disputait au chlore. La fenêtre de l’expert comptable, qui me guidait dans la nuit, ne s’allumait plus que trois quarts d’heure plus tard, le bonhomme ayant décidé de s’offrir une méditation d’apéritif avant de rentrer chez lui.

Je devinais que le sifflement des hommes, qui frôlait les portes cochères comme une balle, n’était plus un ordre d’amour, que les filles se faisaient embrasser l’oreille tendue et l’œil entrouvert pour ne pas rater le farfadet. Ainsi n’osez-vous pas lire un journal si vous attendez le coup de téléphone de la femme aimée. Vous avez beau vous asseoir à côté de l’appareil et le caresser comme un chat, cela ne calmera pas les battements de votre cœur. Il vous faut une sonnerie pour vivre.

Et la rue exigeait son fantôme.

Déjà l’on commençait à murmurer sur le passage de Monsieur Droiturier. L’avait-il vu comme il le disait ? Il était difficile de mettre sa parole en doute. Monsieur Droiturier ne buvait guère et ne s’emportait jamais. On ne voyait pas non plus pour quelles raisons il aurait inventé un spectre. Mais les bonnes âmes affirmaient que, s’il l’avait réellement vu, il aurait dû le garder pour lui. On crut le spectre atteint d’agoraphobie, on le soupçonna de fuir la publicité. D’invraisemblables balivernes coururent sur son compte. Encore un peu, et on en aurait fait un farceur.

La rue se mit à bouder. Les moribonds perdirent du temps, les naissances devinrent difficiles. Une explosion de gaz se produisit au 33, laissant au milieu du trottoir une énorme cavité pleine de pattes de langouste. Ce fut une blessure grave, étrange, et l’on ne put s’empêcher de penser que le fantôme en était la cause. Il s’était vengé de l’incrédulité. Monsieur Droiturier qui, depuis quelques jours, n’adressait plus la parole à personne, se précipitait à la rencontre des gens, comme pour les rassurer, comme pour prendre la défense de celui qui passait pour son complice.

Mais, dans le secret, il se réjouissait de cet éternuement de gaz, abcès noir, tout bouillant de caviar, qui avait rappelé à ses voisins que les fantômes sont aussi puissants que les ingénieurs. Ma concierge me conseilla de déménager. Un marchand de chansons, qui tenait boutique sous une porte cochère, mourut debout en fredonnant la Valse brune, et il fallut l’autorisation du commissaire de police pour enlever ses produits, qu’il fixait sur des cordes au moyen de pinces à linge. La rougeole parcourut les appartements comme un roulement de tambour. Un des conseillers municipaux de l’arrondissement, qui habitait au 27, le seul peut-être de la grande famille troublée qui eût toujours refusé de croire à l’apparition, perdit son siège à l’Hôtel de Ville.

Monsieur Droiturier triomphait. Souvent, rentrant chez moi au petit jour, je le voyais de ma fenêtre qui s’en allait à son travail, robuste et comme sonore. Il n’avait pas son fantôme sur lui, mais il en était riche, il en était rayonnant. Il semblait en disposer comme les hobereaux disposent de leurs terres, vendent, bâtissent, invitent, sans avoir le moindre atome de cette terre dans leur poche. Un soir, j’eus l’idée de siffler avec mes doigts et de me cacher avant qu’il n’eût levé la tête. Le bruit partit comme un lasso et faillit ficeler Monsieur Droiturier qui se mit aussitôt à détaler à toutes jambes sans se retourner. Son galop réveilla quelques habitants de la rue qui n’étaient plus qu’à quelque trois ou quatre secondes de la sonnerie de leur réveil. Des lucarnes s’ouvrirent. Je vis apparaître des têtes ébouriffées le long des maisons, comme aux fenêtres des rapides.

Le soir, ma concierge me signala que Monsieur Droiturier n’avait pas reparu.

« Comment le sait-on ?

– Ce matin, on l’a vu se sauver. On a cru qu’il avait volé quelque chose. La boulangère, qui avait justement un faitout à faire étamer, est allée voir son patron. Monsieur Droiturier n’y était pas. Personne ne l’avait vu.

– Il rentrera plus tard, il s’amuse…

– Oh ! non, je suis sûre qu’il s’est bien sauvé.

– En emportant son fantôme, hasardai-je.

– Peut-être, » dit la bonne femme.
Puis, ayant été frappée de ce qu’il y avait de profond dans sa réponse, elle précisa :

« Il a emporté son fantôme. »

La nuit se passa sans incident. Interrogés plus tard par un inspecteur de police préposé au fantastique, quelques habitants soutinrent avoir entendu des ronflements de moteur d’avion. Renseignements pris dans les formations militaires ou commerciales, aucun appareil n’avait pu survoler Paris ce jour-là. De son côté, le boucher affirma que, loin de s’expliquer par l’avion, les bourdonnements entendus ne pouvaient être que terrestres, et signifiaient camionnette ou taxi. Ce mystère dure encore.

Nous vécûmes une semaine dans l’incertitude. Des journaux se jetèrent sur la chose comme des pêcheurs sur la sardine, et publièrent qu’un certain Monsieur Droiturier, manœuvre de son métier, avait disparu assez mystérieusement de sa chambre, de sa maison, de sa rue, et sans doute de son quartier, après avoir effrayé la population en prétendant qu’un fantôme habitait les parages. Ce soir-là, je crus entendre en rêve les premiers tintements, les premiers croquenots d’une croisade. On admettait encore que Monsieur Droiturier eût disparu, mais on n’entendait pas que l’apparition fût mise en doute. Ce spectre était le monument du quartier, sa Chanson de Roland, son Obélisque, sa Déclaration des Droits de l’Homme. Un plaisantin ayant risqué cette opinion sur le zinc que Monsieur Droiturier et le fantôme ne faisaient qu’un, ou plutôt une, – une vision, – faillit être lynché en plein bar.

Mais le mot fit son chemin. Quel était ce Monsieur Droiturier ? Les ménagères s’abordaient, s’emboîtaient l’une dans l’autre, heureuses et pourtant ennuyées de pouvoir dépiauter à loisir un homme qui avait vécu dans leur sillage, qui avait posé ses pieds où elles posaient les leurs, et qui, peut-être, ne vivait plus. Assassin, bénéficiaire de quelque gros lot, happé par le cinéma, classé comme druide ou faiseur d’or, elles l’eussent oublié. Mais l’ami d’un fantôme ? Pouvait-on le chasser d’une mémoire ? On lui inventa une vie tour à tour attachante et perverse. Des jeunes filles passaient, roses et maniérées, en appliquant leur génie utérin à faire croire à la rue qu’elles avaient partagé le lit du disparu. Tous les hommes du quartier avaient joué aux cartes avec lui.

Un soir que je me rendais à l’Opéra, j’aperçus un attroupement devant la maison déjà vouée à la plaque commémorative. J’étais en habit. Pincé par la curiosité, je me frayai un chemin à coups de coude dans le petit groupe afin d’arriver au premier rang. Ma tenue surprit les badauds qui me prirent pour le magicien appelé en consultation, et l’on me poussa dans l’immeuble sans même me donner le temps de protester. Je montai. Le long escalier pourrissait dans une odeur de pipe et de cervelas. Tous les locataires étaient à leur porte et me saluaient, mêlant à leurs gestes un étrange soulagement, une sorte de prière respiratoire réservée aux prêtres lamaïstes.

Enfin, j’arrivai au septième étage. La porte de la soupente dans laquelle avait vécu Monsieur Droiturier était ouverte. La pièce était vide. Trois hommes se tenaient au milieu. Je me joignis à eux sans les surprendre. Le mieux vêtu, qui ne pouvait être que le commissaire de police, me salua discrètement d’un regard tendre, me prenant sans doute pour un parent du disparu. Longtemps, nous restâmes silencieux à regarder les murs de cette chambrette immaculée, sans meubles, sans taches, dans laquelle tourbillonnait, avec la plus pur silence, une neige de mites clignotantes.

Pour vaincre le malaise qui, peu à peu, nous enveloppait, un des compagnons de celui que je prenais pour un commissaire de police, murmura d’une voix enfantine :

« Il n’aura pas su quoi devenir avec son fantôme et se sera tué quelque part.

– Premièrement, dit l’interpellé, le fantôme n’est pas un objet susceptible d’être dérobé. Deuxièmement, le vol ou, pour parler correctement, le rapt d’un fantôme ne constitue pas un délit.

– Je suis pour le suicide, chef, dit celui qui avait parlé le premier.

– Le plus curieux, répondit le chef après avoir longtemps rêvé, le plus curieux de cette histoire, c’est que, d’après les renseignements que j’ai pu obtenir, le nommé Droiturier n’aurait jamais habité cette maison. Vous me direz que toute la rue, à commencer par le propriétaire de l’immeuble, prétend le contraire. Vous me direz que Monsieur Droiturier a serré des mains, acheté des provisions, reçu des lettres. Je vous répondrai que cela ne me suffit pas.

– Si pourtant, en admettant que vraisemblablement, à moins qu’on ne puisse supposer… » émit celui qui n’avait pas encore ouvert la bouche.

Mais le commissaire, car c’était bien le commissaire, lui coupa la parole. Nous le vîmes réfléchir en s’arrachant sans broncher les poils des sourcils, ce qu’il ne devait faire qu’en certaines circonstances obscures. Puis il dit :

« Suivez-moi. Il me vient une idée. Je vais poser en votre présence une question capitale à la foule. »

Nous descendîmes, l’un poussant l’autre, des marches molles comme des gencives. Debout, à la même place, les locataires semblaient hors d’haleine. Pressentant quelque déclaration, ils nous emboîtèrent le pas. En arrivant au rez-de-chaussée, nous étions cinquante. Enfin, le commissaire s’arrêta, considéra d’un œil parlementaire la foule qui lui faisait face, construisit rapidement une phrase claire qu’il n’entendait pas répéter, leva la tête et demanda :

« Voyons, mes amis, y a-t-il quelqu’un parmi vous qui ait connu Monsieur Droiturier avant l’apparition du fantôme ? »

Personne ne répondit.

Alors le commissaire se tourna vers nous, et, d’un petit ton de noceur, murmura :

« Vous voyez bien ! »

Naturellement, je manquai ce soir-là le premier acte de Tristan.
 
 

 

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(Léon-Paul Fargue, in Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, treizième année, n° 646, samedi 2 mars 1935 ; ce conte a été repris dans le recueil Haute Solitude, Paris : Émile-Paul frères, collection « L’Émilienne, » 1941. Lithographies de René Magritte, « L’Homme de pierre » et « Journal intime, » c. 1954)