Cette idée paraît bizarre au premier abord, et cependant, en réfléchissant un peu, on voit qu’elle est très plausible.

Ce qui choque tout d’abord, c’est la question de forme. L’être humain a une tendance à se figurer que tout être vivant doit avoir une forme dont celle des vertébrés est un exemple. Cependant, les minéraux sont des êtres vivants qui se caractérisent par une absence presque totale de forme déterminée. Les végétaux, depuis les bactéries jusqu’au superbe chêne, ou au majestueux baobab, présentent aussi une multiplicité remarquable de formes. Il en est de même pour les animaux.

D’après les grandes classifications, tout astre se place entre les végétaux, qui ne peuvent pas se déplacer, et les animaux, qui se déplacent librement.

Cette classification due à J.-J. Jacob (Bourcart), dans son Esquisse du Tout universel, montre que les astres ne se déplacent qu’autant qu’un autre astre se déplace avec eux. Il y a là déplacement par réciprocité.

La question de la masse de la Terre n’a pas d’importance, puisqu’il n’y a pas de limite à la grandeur d’un être vivant.

Les savants contemporains ont une tendance à considérer les astres comme des masses inertes que des forces extérieures mettent seules en mouvement. Ce sont les traditions de l’occultisme, synthétisées par les révélations de Louis Michel, de Figanières (Clef de la vie) qui ont donné corps à cette idée que la terre est un être vivant, idée que nous allons, à notre tour, résumer de notre mieux.
 

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Un être vivant se caractérise par diverses fonctions dont les principales sont : la digestion, la respiration, la circulation, et pour les êtres supérieurs l’innervation. Il faut ajouter les fonctions de relation pour les êtres qui vivent en rapport avec d’autres êtres, de même espèce, ou d’espèces différentes.

Nous allons d’abord rappeler ce qui se passe dans l’homme pour appliquer analogiquement ces données à la Terre.

Chez l’homme, le cœur est l’organe qui manifeste les mouvements les plus rapides en ne considérant que la vie organique de l’être et non la vie du système nerveux conscient. Le cœur bat soixante fois par minute et préside à la circulation du sang.

Le poumon fonctionne à raison de vingt fois par minute, avec ses deux temps d’inspiration et d’expiration, alors que le cœur, dans son mouvement, présente également deux périodes : une de contraction, ou systole, et une de dilatation, ou diastole.

Le poumon préside aux fonctions de respiration, fonction qui peut être conçue comme une assimilation ou une digestion de l’air atmosphérique ; voilà pourquoi les poumons se rattachent, embryologiquement, à l’endoderme et aux feuillets digestifs.

Enfin, la digestion, dont la durée est variable, mais qui, normalement, doit s’accomplir une fois toutes les six heures ou quatre fois en vingt-quatre heures, avec des repas plus ou moins abondants selon les heures et les individus ; de plus, l’absorption des liquides peut se faire d’une manière presque continue.

Pour les êtres supérieurs, dont le corps humain est un exemple, à ces fonctions viennent s’ajouter celles d’innervation ou du fonctionnement du système nerveux caractérisées grosso modo par la veille et le sommeil, dont seize heures de veille et huit heures de sommeil.

À toutes ces fonctions, il faut ajouter, pour l’être vivant étudié, la durée de sa vie physique sur la planète où il est incarné, durée qui peut être considérée en moyenne comme de soixante-douze ans pour l’homme, et très variable pour les autres animaux. Cette fonction est enfermée entre quatre périodes, appelées enfance, jeunesse, âge mûr et vieillesse. Ces points bien établis, revenons à la Terre.
 
 

 

Disons tout d’abord que les mouvements de la Terre sont plus lents que ceux de l’être humain et qu’une minute du temps de l’homme correspond à peu près à un jour de la Terre et qu’un jour de l’homme correspond à peu près à une année de la Terre. Les initiations antiques ont étudié de très près ces nombres que nous indiquons seulement ici grossièrement.

Circulation. — En une journée de vingt-quatre heures, la terre tourne sur elle-même d’après le cycle connu : matin, midi, soir et nuit. Pendant cette période, une moitié de la Terre est dans l’obscurité, et l’autre moitié baigne dans la lumière solaire. En même temps, l’océan, ou cœur terrestre, présente un gonflement ou systole, caractérisé par la haute marée et un abaissement, contraction, ou diastole, caractérisé par la basse marée.

L’eau, qui est le véritable sang terrestre, est aspirée de l’océan dans l’atmosphère ; elle circule comme courant artériel au-dessus des terres, où elle tombe sous forme de rosée ou de pluie. Elle va se condenser dans les glaciers qui constituent les réserves aquatiques ou vitales de la planète et cette eau retourne par les rivières et les fleuves à l’océan en formant le courant veineux. Tel est le cycle de la circulation terrestre.

Respiration. — En même temps que la circulation se fait sur la Terre, cet astre absorbe et fixe les rayons solaires dans son atmosphère, qui constitue le poumon de la Terre. À chaque période de rayonnement solaire, ou jour, et de rayonnement lunaire, ou nuit, correspond un aspir et un expir des rayons solaires. Mais la véritable période du cycle respiratoire complet est de quatre semaines dont chacune est caractérisée par l’influence lunaire.

Ainsi, de la nouvelle lune à la pleine lune, se fait la fixation dans les filons métalliques de l’aspir des rayons solaires, et dans la période de la pleine lune à la nouvelle lune se fait le départ ou l’expir de tout ce que la terre renvoie de forces et d’êtres hors de son domaine.

Digestion. — Les fonctions de digestion terrestre sont caractérisées par les étapes suivantes :

1° Ingestion des aliments, par l’humus terrestre ;

2° Séparation des parties absorbables et des parties inutiles, ou digestion proprement dite ;

3° Fixation dans l’organisme terrestre et transformation en produits nouveaux des parties digérées ou assimilation et utilisation ;

4° Transformation ultérieure, en substances inertes, des produits digérés ou excrétions.

À tout moment, l’humus ou l’estomac terrestre est susceptible de recevoir les cadavres ou amas de cellules terrestres qu’il a confiées à un être vivant pour former son corps. Quand la vie venant des astres quitte ce corps, cet amas de cellules retourne à l’estomac terrestre qui va le transformer. Quand, au lieu d’un cadavre, on confie à cet estomac terrestre une graine, il faut d’abord que cette graine soit transformée par la fermentation en cadavre végétal, avant de se reproduire à plusieurs exemplaires sous l’influence de la digestion terrestre.

Disons tout de suite qu’à certains moments, la Terre a faim, plus qu’à d’autres, et qu’à ce moment, elle s’arrangera toujours pour augmenter son apport d’aliments par des épidémies, des cataclysmes ou des guerres entre animaux ou entre les êtres humains. C’est là une notion importante à retenir.

Michel de Figanières montre que la digestion est une reprise par la Terre de ce qu’il appelle la voirie de la planète, et l’agriculture est basée tout entière sur le cycle de la digestion terrestre, que nous allons maintenant analyser. En effet, en dehors de la digestion journalière ou courante, les grandes transformations des germes se font en un an, ainsi divisé :

1° Ingestion des germes et préparation de ces germes pour leur digestion (septembre à décembre pour nos climats) ;

2° Assimilation par l’humus des germes ingérés, ou digestion véritable de la Terre, triomphe de la fermentation et des forces noires, mais commencement de la victoire des forces d’évolution solaire (décembre à mars) ;

3° Production et sortie des germes transformés, union des sucs terrestres et des rayons solaires constituant la sève, triomphe de toutes les forces évolutives sur les forces d’involution, le printemps (mars à juin) ;

4° Fin de l’évolution des nouveaux êtres terrestres ; le fruit ou la graine, produit vivant de cette évolution, est constitué en même temps que tous les sous-produits retournent à la terre sous forme de cadavres végétaux (juin à septembre). Pour les animaux et les minéraux, il y a des périodes analogues dans le détail desquelles nous n’avons pas à entrer ici.

Innervation. — Les forces que la Terre tire du soleil et qui n’ont pas été employées sont concentrées dans les filons métalliques qui forment un véritable système nerveux ganglionnaire et qui sont l’origine véritable de la chaleur de la planète, puisque plus on descend vers le centre de la Terre, plus il fait chaud, et plus on monte dans le soleil, plus il fait froid. Le feu terrestre central est une utopie ; il n’existe pas ; les éruptions volcaniques sont produites par des courts-circuits de l’électricité vitale terrestre et le centre de la Terre est habité par des êtres de forme humaine mais à branchies. Cela n’a aucun intérêt pour l’instant, laissons-le donc de côté.

Le temps attribué au cycle de l’innervation terrestre est assez difficile à bien déterminer. Une année de la Terre équivaut à trois cent soixante années terrestres ordinaires. La période de vie et de mort des continents terrestres se fait en 23.000 ans en chiffres ronds, dont 12.500 ans d’absorption des forces cosmiques et 12.500 ans d’expir de ces forces avec transformations continentales et déluge. Nous avons seulement voulu jeter un coup d’œil sur la vie organique de la Terre, l’étude de la vie spirituelle nous mènerait trop loin.
 
 

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(Papus [Gérard Encausse], in Mysteria, revue mensuelle illustrée d’Études Initiatiques, quatrième volume, première année, n° 11, novembre 1913 ; le schéma du cycle terrestre illustre l’article)