À propos des formes singulières que peuvent présenter les racines, je rappellerai deux cas qui ont été relatés récemment aux États-Unis. Dans un cimetière de village où il s’agissait de reprendre des terrains pour y mettre de nouveaux hôtes, les fossoyeurs furent très surpris, en ouvrant un cercueil, d’y trouver, avec quelques cheveux et dents, une masse allongée, volumineuse, fort résistante. Vérification faite, cette masse était une racine d’un cèdre voisin, racine qui avait pénétré dans le cercueil, du côté de la tête, et qui s’était bifurquée à hauteur des jambes ; d’où une forme rappelant celle d’un homme : elle s’était bifurquée aussi à hauteur des épaules. On la coupa respectueusement, et elle fut inhumée. Dans le second cas, les choses se passèrent de même ; à l’exhumation de Roger Williams, le patron de Rhode Island, on trouva à la place du squelette une racine qui présentait la forme humaine : un tronc, avec quatre membres. Au lieu de laisser la racine en place, toutefois, on la détacha, et elle a été, pendant un temps au moins, conservée dans le musée de la Brown University, à Providence. Le fait est curieux, mais son authenticité n’est point garantie. Si quelque lecteur en connaissait d’analogues…
 
 

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(Henry de Varigny, « Causerie scientifique : la Nature et la Vie, » in Le Temps, trente-neuvième année, n° 13962, mardi 29 août 1899 ; illustration de Charles G. Leland pour Johnnykin and the Goblins, Londres : Macmillan & Co., 1877)