Parmi les théories insolites qu’affectionne particulièrement Monsieur N, la lettre du bactériologiste et naturaliste anglais Ernest Hanbury Hankin (1865-1939), publiée dans la revue Nature du 7 mai 1908, occupe une place de premier choix.

Elle se présente comme une réponse aux conjectures de l’astronome Percival Lowell développées dans son essai Mars et ses canaux (Mars and its Canals, 1906). Selon Lowell, les canaux de Mars seraient d’origine artificielle, et constitueraient un immense système d’irrigation servant à amener l’eau à partir de la fonte des calottes polaires jusqu’aux régions équatoriales arides, à l’aide d’un système de pompes et d’écluses.

Renonçant à tout anthropomorphisme, Hankin avance une hypothèse infiniment plus audacieuse pour expliquer la présence des canaux martiens : l’évolution de la vie sur Mars aurait abouti au développement d’un méta-organisme, une sorte de céphalopode végétal capable de se régénérer et de s’adapter aux contraintes de son environnement, jusqu’à coloniser la planète tout entière. Gageons que cette spéculation fascinante aura l’art de séduire tous les Savanturiers…
 
 

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M. EUGENIO M. AUZON, à Buenos-Ayres (République Argentine), transmet une coupure de presse d’un journal d’après lequel un savant anglais (?) M. E. H. Hankin expliquerait les canaux de Mars par « une pieuvre gigantesque habitant la planète. » Les tentacules constitueraient les canaux. Inutile de dire que dans ce genre de fantaisie toutes les hypothèses sont permises.
 
 

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(Bulletin de la Société astronomique de France et revue mensuelle d’astronomie, de météorologie et de physique du globe, vingt-deuxième année, « Planètes, » séance du 4 novembre 1908)

 

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(in Mon Dimanche, revue populaire illustrée, huitième année, n° 365, 28 novembre 1909)

 
 

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