Après le suicide de lord Castlereagh, et lorsque cet événement faisait le sujet de toutes les conversations, nous lûmes dans les papiers publics que le ministre, avant de commettre cet acte de désespoir, avait déjeuné comme à l’ordinaire, au milieu de sa famille, avec du thé et des tartines de pain et de beurre.
« Il est impossible, dis-je à ce propos, de déterminer jusqu’à quel point la confection d’une tartine de pain et de beurre est capable d’influer sur l’âme, sur l’estomac, sur le foie, sur la vie d’un homme. C’est fort peu de chose, sans doute ; mais notre existence est fragile, et les sensations que reçoivent les houppes nerveuses servant à la digestion décident de notre humeur ; rien n’est plus démontré. Je soutiendrai, quand on voudra, qu’une tartine peut nous rendre mélancoliques, splénétiques, suicidaires. »
Lord Byron fut de mon avis, ce qui ne lui arrivait guère ; et, s’emparant de mon texte, il soutint que les causes du suicide, en général fort mal appréciées, étaient souvent plus physiques que morales.
_____
(Leigh Hunt, « Lord Byron et quelques-uns de ses contemporains, » article traduit du New Monthly Magazine, in La Revue britannique, tome second, 1827)