Les Anglais ne se plaindront plus que l’annexion de l’Égypte ne leur a rien rapporté.
Ils viennent d’importer à Liverpool 180000 cadavres de chats. Ces Raminagrobis, ex-divinités égyptiennes, datent de 2000 ans avant Jésus-Christ.
Il y en avait 20 tonnes à bord du navire le Pharos. Le commissaire-priseur de Liverpool a adjugé les matous momifiés aux cultivateurs des environs de Liverpool, à raison de 89 francs la tonne pour en faire de l’engrais.
Et, chose bizarre, c’est avec une tête de félin vieille de 4000 ans que le commissaire-priseur, en guise du petit marteau d’ivoire traditionnel, adjugeait les lots aux amateurs. Les os dépareillés ont été vendus à part aux raffineurs de cassonnade, les émules de Léon Say vendront prochainement aux épiciers anglais du sucre de chat momifié.
C’est, paraît-il, un fellah qui a découvert ce cimetière de chats égyptiens, en creusant dans un champ aux environs du Caire.
Une Compagnie s’est immédiatement formée et en a extrait de la mine des centaines de mille de félins embaumés et entourés de bandelettes d’une richesse inouïe.
Ces anciens fétiches égyptiens étaient jadis enterrés avec les honneurs divins. Il paraît qu’il y a beaucoup d’autres cimetières de chats sur la rive orientale du Nil. Le commerce anglais ne pouvait laisser se gaspiller de pareilles richesses agriculturales.
Dame ! les négociants britanniques ont bien mis en actions les cimetières de Sébastopol pour en retirer les os de nos soldats et des leurs afin de raffiner du sucre.
Sucrer son café avec les os d’un général anglais, passe encore. Mais le sucrer avec les os d’un chat momifié, il n’y a que les Anglais pour avoir de pareilles idées !
Si encore nous étions à la Mi-Août !
QUIQUENGROGNE
_____
(in Le Grelot, vingtième année, n° 984, 16 février 1890. L’information a été largement diffusée et commentée dans la presse de l’époque)
_____
(in Le Petit Parisien, quinzième année, n° 4850, vendredi 7 février 1890)