ISIDORE DUCASSE

Depuis que Léon Bloy – en 1887 – a « découvert » Isidore Ducasse, depuis la réédition des Chants de Maldoror entreprise par Genonceaux « avec le désintéressement d’un plaisir personnel, » la chronique qu’y consacra en 1891 Remy de Gourmont dans le Mercure de France et jusqu’aux commentaires actuels, on a beaucoup erré autour de ce « monstre de livre, » pour parler comme le pamphlétaire catholique, et de son auteur. Léon Bloy fait mourir Isidore Ducasse dans un asile d’aliénés. M. Soupault le dit issu d’un père besogneux, le fait débarquer directement d’Amérique à Paris et par conséquent tout imprégné d’influences sud-américaines ; il l’assimile à un orateur de réunions publiques qui n’a de commun avec lui, si l’on en croit – et il faut l’en croire – M. Lucien Descaves, qu’une fâcheuse homonymie.

Enfin, on s’est demandé si les Chants de Maldoror n’étaient pas l’œuvre d’un fumiste – ce fumiste s’appelât-il Isidore Ducasse – et même si ce dernier n’est pas un être de fiction.

Il serait curieux de remarquer, à la fin de cette étude, que les premiers biographes : Léon Bloy – moins la fin de Lautréamont aux Petites-Maisons –et le pénétrant Remy de Gourmont se sont approchés le plus près de la vérité, comme, dans ces derniers temps, le perspicace Paul Souday.

Grâce aux fruit de nos recherches, il est facile de montrer le vrai visage d’Isidore Ducasse et, par cela même, de dissiper les erreurs grossières commises à son sujet et de détruire la légende dont il a été environné.

Les premiers biographes disent qu’Isidore-Lucien Ducasse, né le 4 avril 1846, à midi, à Montevideo, était fils de François Ducasse, chancelier délégué au Consulat de France, « né à Tarbes en 1810. » Toutes nos recherches pour retrouver à Tarbes l’acte de naissance de François Ducasse étaient restées vaines jusqu’à ces jours derniers.

François Ducasse est né à Bazet, à 5 km de Tarbes, le 12 mars 1800 – et non en 1810. Il était fils de Jean-Louis Ducasse, dit Mètre, né en 1774, mort en 1830. Sa femme, Jacquette-Célestine Davezac, née le 19 mai 1821, était originaire d’une petite commune voisine, de Sarguinet, où lui-même était instituteur public, ainsi que le révèlent des actes de l’état civil des années 1837-183, au bas desquels il a opposé lentement sa signature compliquée.

François Ducasse, que sa famille devait appeler plus tard « le chancelier, » pour le différencier des autres parents, est le quatrième de huit enfants.

Les traces de François Ducasse disparaissent des actes de la commune de Sarniguet après 1839. Il est donc probable que c’est vers 1840 – sa future femme ayant alors 19 ans – que le commis de chancellerie, suivant l’exemple de nombreux Bigourdans, émigra en Amérique du Sud. Il y fut suivi, plus tard, par les enfants de son frère aîné, Marc Ducasse, qui était resté à Bazet, François Ducasse, Droctovée Ducasse et Lécéa Ducasse.

François Ducasse, « le chancelier, » eut un enfant, c’est l’auteur des Chants de Maldoror. De ses trois neveux, installés commerçants à Cordoba (République Argentine), seule, Lécéa Ducasse contracta mariage, en 1890, avec Juan Suarez Fernandez, qu’elle avait connu à Bazet dans une maison où l’on élevait de ces chevaux tout flamme qui sont l’orgueil du pays tarbais. Lécéa Ducasse a eu de son mariage une fille, Mme Amélie Suarez-Ducasse, qui est encore à la tête de l’importance maison de commerce de Cordoba. C’est elle qui a hérité les biens mobiliers et les papiers du « chancelier, » où se trouvent peut être les poésies et la correspondance de l’auteur des Chants de Maldoror.

Mme Amélie Suarez-Ducasse a racheté dernièrement la vieille maison natale de Bazet. Elle est située rue Marquedessus ou Méridionale et connue encore sous le nom de Mètre.

Ces précisions sont utiles. Elles montrent l’exactitude de notre information. Elles préparent aussi notre témoignage contre la légende de la pauvreté du « chancelier. » On remarquera aussi qu’elles s’appuient de la lettre de M. Prudencio Montagne dont M. Francisco Contreras a reproduit quelques passages dans sa chronique du Mercure de France du 15 juillet et qui, à notre avis, est le seul témoignage qui, jusqu’ici, se soit approché de la vérité.

François Ducasse, décédé le 18 novembre 1889 à Montevideo, était, contrairement à ce qui a été dit, bel et bien nanti d’une fortune fort honorable. Il pouvait donc pourvoir à l’entretien de son fils Isidore à Paris. On n’eût d’ailleurs pas compris qu’il pût, sans cela, constituer des provisions de fonds à son intention chez le banquier parisien Darasse.

François Ducasse avait des biens immobiliers en Uruguay et – jusqu’en 1873 – à Bazet. Enfin par un testament olographe en date du 21 juin 1881, déposé en France en 1890, il a légué des rentes à son frère Bernard Lucien, qui était le septième, des fonds à ses neveux et nièces de France et institué, pour ses héritiers universels, les trois enfants de son frère aîné : François, Droctovée et Lécéa, les commerçants de Cordoba.

L’héritage, tout en actions de compagnies françaises de chemins de fer, s’élevait à 305.000 francs. À cette époque, c’était une fortune.

François Ducasse, « le chancelier, » avait vécu la vie des émigrants français, mais avec cette hantise du pays natal qui fait que tous ceux à qui la fortune a souri envoient leurs enfants, dès après leur première communion, faire leurs études en France.

Il semble bien, pour cette raison, qu’Isidore Ducasse n’a pu subir l’attirance des terres uruguayennes. Il ne les a pas connues lorsque le cerveau s’ouvre à toutes les impressions, les enregistre et les catalogue. Mais il a pu subir l’énorme influence de l’Océan en raison de la traversée qu’il a dû faire.

Isidore Ducasse est né, avons-nous dit, le 4 avril 1846. Or, en 1860 – à l’âge de quatorze ans – il est élève de 6e au Lycée Impérial de Tarbes. Il y remporte un prix de calcul, un prix de dessin, un accessit de version latine. Il est inscrit deux fois au Tableau d’honneur en classe et une fois à l’étude. Henri Mue, Georges Dazet, dont les noms figurent dans la dédicace des Poésies et – celle du second – dans le texte de la première édition des Chants de Maldoror, sont ses condisciples de Tarbes.

G. Dazet, brillant avocat du barreau de Tarbes, est mort il y a quelques années, dans les fonctions de juge de paix. Henri Mue était, à son décès, directeur départemental de l’Enregistrement à Toulouse.

Isidore Ducasse est resté interne au Lycée de Tarbes en 1860-61-62. C’était, semble-t-il, par la lecture du palmarès, un élève moyen et soumis.

En 1863-64-65, il est élève au Lycée de Pau où il fait sa seconde, la rhétorique et la philosophie, mais avec moins de succès scolaire qu’à Tarbes, aux côtés de M. Paul Lespès et de Georges Minvielle, nommés également dans la dédicace des Poésies – et qui sont les élèves brillants de ces trois classes.

M. Paul Lespès est encore parmi nous, jouissant d’une verte vieillesse et d’une mémoire d’une rare fraîcheur. Il a 81 ans. Il est conseiller honoraire de la Cour d’appel de Pau et habite Anglet, près de Bayonne, quartier Blancpignon.

M. Bleumstein, dont le nom figure également dans les Poésies, suivait, en 1866, les cours préparatoires de la Division élémentaire. Il était originaire de Buenos-Aires.

Enfin, « M. Hinstin, mon ancien professeur de rhétorique, » a exercé au Lycée de Pau du 17 octobre 1863 au 8 octobre 1866. C’était un ancien élève de 1’École d’Athènes. Il venait de Lille. Il fut nommé à Lyon en 1866.

Voilà des précisions qui écartent tout doute quant au séjour et aux études d’Isidore Ducasse jusqu’à la fin de 1865, jusqu’à sa dix-neuvième année.

Né en Amérique, il s’est replongé dès sa plus tendre adolescence dans l’âme du pays français.

M. Paul Lespès, qui était son condisciple au lycée de Pau, a gardé un souvenir très précis d’Isidore Ducasse. Nos avons voulu l’interroger pour apporter, à la connaissance de l’auteur, de sa formation intellectuelle et de son œuvre, une contribution presque aussi précise que celle qui intéresse ses origines et son séjour en France.

« J’ai connu Ducasse au lycée de Pau dans l’année 1864, nous a-t-il dit. Il était avec moi et Minvielle dans la classe de rhétorique et dans la même étude. Je vois encore ce grand jeune homme mince, le dos un peu voûté, le teint pâle, les cheveux longs tombant en travers sur le front, la voix aigrelette. Sa physionomie n’avait rien d’attirant.

Il était d’ordinaire triste et silencieux, et comme replié sur lui-même. Deux ou trois fois, il m’a parlé avec une certaine animation des pays d’outre-mer où l’on menait une vie libre et heureuse.

Souvent, dans la salle d’étude, il passait des heures entières, les coudes appuyés sur son pupitre, les mains sur le front et les yeux fixés sur un livre classique qu’il ne lisait point ; on voyait qu’il était plongé dans une rêverie. Je pensais avec mon ami Minvielle qu’il avait la nostalgie et que ses parents ne pourraient mieux faire que de le rappeler à Montevideo.

En classe, il paraissait quelquefois s’intéresser vivement aux leçons de Gustave Hinstin, brillant professeur de rhétorique, ancien élève de l’École d’Athènes. Il goûtait fort Racine et Corneille, et surtout l’Œdipe-Roi, de Sophocle. La scène dans laquelle Œdipe, instruit enfin de la terrible vérité, pousse des cris de douleur et, les yeux arrachés, maudit son destin lui paraissait très belle. Il regrettait toutefois que Jocaste n’eût pas mis le comble à l’horreur tragique en se donnant la mort sous les yeux des spectateurs !

Il admirait Edgar Poe dont il avait lu les contes avant même son entrée au lycée. Enfin j’ai vu entre ses mains un volume de poésies, Albertus, de Théophile Gautier, que lui avait, je crois, fait passer Georges Minvielle.

Nous le tenions au lycée pour un esprit fantasque et rêveur, mais au fond pour un bon garçon ne dépassant pas alors le niveau moyen d’instruction, en raison probablement d’un retard dans ses études. Il m’a montré un jour quelques vers à sa façon. Le rythme, autant que j’en ai pu juger dans mon inexpérience, me parut un peu bizarre et la pensée obscure.

Ducasse avait une aversion particulière pour les vers latins.

Hinstin nous donna un jour à traduire en hexamètres les passages relatifs au pélican dans Rolla de Musset. Ducasse, qui était assis derrière moi sur le banc le plus élevé de la classe, maugréa à mon oreille contre le choix d’un pareil sujet.

Le lendemain, Hinstin compara deux compositions classées premières avec celles d’élèves du Lycée de Lille où il avait professé naguère la rhétorique.

Ducasse manifesta vivement son irritation :

« Pourquoi tout cela ? me dit-il. C’est fait pour dégoûter du latin. »

Il y avait, je crois, des choses qu’il ne voulait pas comprendre pour ne rien perdre de ses antipathies et de ses dédains.

Il s’est plaint souvent à moi de migraines douloureuses qui n’étaient pas, il le reconnaissait lui-même, sans influence sur son esprit et sur son caractère.

Pendant la canicule, les élèves allaient se baigner dans le cours d’eau du Bois-Louis. C’était là une fête pour Ducasse, excellent nageur.

« J’aurais grand besoin, me dit-il un jour, de rafraîchir plus souvent à cette eau de source mon cerveau malade. »

Tous ces détails n’ont pas grand intérêt, mais il est un souvenir que je crois devoir rappeler. En 1864, vers la fin de l’année scolaire, Hinstin, qui avait souvent déjà reproché à Ducasse ce qu’il appelait ses outrances de pensée et de style, lut une composition de mon condisciple.

Les premières phrases, très solennelles, excitèrent tout d’abord son hilarité, mais bientôt il se fâcha. Ducasse n’avait pas changé de manière, mais il l’avait singulièrement aggravée. Jamais encore il n’avait tant lâché la bride à son imagination effrénée. Pas une phrase où la pensée, faite en quelque sorte d’images accumulées de métaphores incompréhensibles, ne fût encore obscurcie par des inventions verbales et des formes de style qui ne respectaient pas toujours la syntaxe.

Hinstin, pur classique dont la fine critique ne laissait échapper aucune faute de goût, crut que c’était là une sorte de défi jeté à l’enseignement classique, une mauvaise plaisanterie faite au professeur. Contrairement à ses habitudes d’indulgence, il infligea à Ducasse une retenue. Cette punition blessa profondément notre condisciple ; il s’en plaignit avec amertume à moi et à mon ami Georges Minvielle. Nous n’essayâmes pas de lui faire comprendre qu’il avait beaucoup dépassé la mesure.

Au Lycée, en rhétorique comme en philosophie, Ducasse n’a révélé, que je sache, aucune aptitude particulière pour les mathématiques et la géométrie dont il célèbre avec enthousiasme, dans les Chant de Maldoror, la beauté enchanteresse. Mais il avait beaucoup de goût pour l’histoire naturelle. Le monde animal excitait vivement sa curiosité. Je l’ai vu longtemps admirer une cétoine d’un rouge vif qu’il avait trouvée dans le parc du lycée, pendant la récréation de midi.

Sachant que Minvielle et moi étions chasseurs dès l’enfance, il nous questionnait quelquefois sur les habitudes et le séjour d’oiseaux divers dans la région pyrénéenne et sur les particularités de leur vol.

Il avait l’esprit attentif d’observation. Aussi n’ai-je pas été surpris de lire au commencement des premier et cinquième chants de Maldoror les remarquables descriptions du vol des grues et surtout des étourneaux, qu’il a bien étudié.

Je n’ai pas revu Ducasse depuis ma sortie du lycée, en1865.

Mais quelques années après, je reçus à Bayonne les Chants de Maldoror. C’était là sans doute un exemplaire de la première édition, celle de 1868. Aucune dédicace. Mais le style, les idées étranges s’entre-choquant parfois comme dans une mêlée me firent supposer que l’auteur n’était autre que mon ancien condisciple.

Minvielle me dit qu’il avait, lui aussi, reçu un exemplaire envoyé sans doute par Ducasse. »

Nous avons demandé à M. Lespès si les Chants de Maldoror n’étaient pas constitués en partie par un désir de farce écolière, n’étaient pas une mystification.

« Je ne le crois pas, nous a-t-il répondu.

Au lycée, Ducasse avait plus de rapports avec moi et avec Georges Minvielle qu’avec les élèves. Mais son attitude distante, si je puis employer cette expression, une sorte de gravité dédaigneuse et une tendance à se considérer comme un être à part, les questions obscures qu’il nous posait à brûle-pourpoint et auxquelles nous étions embarrassés de répondre, ses idées, les formes de son style dont notre excellent professeur Hinstin relevait l’outrance, enfin l’irritation qu’il manifestait parfois sans motif sérieux, toutes ces bizarreries nous inclinaient à croire que son cerveau manquait d’équilibre.

La folle du logis se révéla tout entière dans un discours français où il avait saisi l’occasion d’entasser, avec un luxe effrayant d’épithètes, les plus affreuses images de la mort. Ce n’était qu’os brisés, entrailles pendantes, chairs saignantes, ou en bouillie. C’est le souvenir de ce discours qui, quelques années après, m’a fait reconnaître la main de l’auteur des Chants de Maldoror, bien que jamais Ducasse ne m’eût fait allusion à des projets poétiques.

Nous fûmes convaincus, Minvielle et moi, ainsi que d’autres condisciples, qu’Hinstin s’était mépris en infligeant à Ducasse, pour son discours, une retenue.

Ce n’était pas là une mauvaise plaisanterie faite au professeur. Ducasse fut profondément blessé des reproches d’Hinstin et de cette punition. Il était convaincu, je crois, d’avoir fait un excellent discours, plein de nouveautés d’idées et de belles formes de style. Sans doute, si l’on rapproche les Chants de Maldoror des Poésies, on peut supposer que Ducasse n’a pas été sincère. Mais, s’il l’a été au lycée, comme je le crois, pourquoi ne l’aurait-il pas été plus tard, quand il s’est évertué à être poète en prose et que, dans une sorte de délire d’imagination, il s’est persuadé peut-être qu’il ramènerait au bien, par l’image de la délectation dans l’horrible, les âmes découragées de la vertu et de l’espérance ?

Au lycée, nous considérions Ducasse comme un brave garçon, mais un peu, comment dirai-je ? timbré. II n’était pas sans moralité ; il n’avait rien de sadique.

Je me souviens bien du jugement humoristique porté par mon ami Georges Minvielle, esprit très fin, aimable, poète à ses heures ; nous avions reçu chacun un exemplaire de la première édition de Maldoror. « Tu te souviens de son discours ? me dit-il. Il avait une araignée dans le plafond, mais elle a beaucoup grossi ! »

Pour M. Lespès et pour G. Minvielle – mort à Pau en 1923, – l’imagination et l’originalité du style de Ducasse tenaient à une construction cérébrale particulière.

Pour M. Lespès, il n’est pas difficile de reconnaître les influences qui ont agi sur Ducasse. Ce sont, indépendamment des classiques et de Gautier déjà cités, Shakespeare, Shelley « qu’il a savouré, » car Ducasse parlait bien l’anglais et, sans doute, l’espagnol comme tous les Sud-Américains – et surtout Byron qui a été certainement son grand inspirateur.

Pensez-vous, avons-nous demandé enfin à M. Lespès, que, comme l’a dit M. Soupault dans la préface de la dernière édition de Maldoror, il y ait identité entre votre condisciple et l’agitateur révolutionnaire dépeint par Jules Vallès, dans l’Insurgé ?

– Tout ce que je puis dire à cet égard, c’est que le Ducasse que j’ai connu s’exprimait le plus souvent avec difficulté et quelquefois avec une sorte de rapidité nerveuse.

À coup sûr, il n’a jamais été un orateur capable de soulever les masses et jamais, au lycée, il n’a parlé de politique et de révolution sociale.

Le portrait que fait Vallès de l’agitateur Ducasse ne me paraît pas d’une parfaite ressemblance, bien qu’il rappelle quelques traits de la physionomie de mon condisciple. Ce dernier n’écarquillait ni les jambes, ni les bras et il avait les cheveux bien plus châtains que carotte.

Nous voilà loin de l’orateur qui « montait gravement les marches de l’estrade, riboulant les prunelles, fronçant le sourcil, les trois poils safran de sa barbiche tombant en garde… »

Déjà Lacroix, l’éditeur des Chants de Maldoror, l’avait ainsi dépeint :

« C’était un grand jeune homme, imberbe, nerveux, rangé et travailleur. »

M. Lespès confirme l’exactitude de ce portrait.

Nous pouvons donc conclure :

1° Ducasse-Lautréamont n’a rien de commun avec l’agitateur qui, selon une courbe assez commune, finit président du consistoire de l’Église chrétienne évangélique de Bruxelles :

2° Isidore Ducasse n’est pas une fiction :

3° Les Chants de Maldoror sont une œuvre sincère. « Fruit douloureux d’un cerveau exalté plein de sombres images, » nous a dit M. Lespès.

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(François Alicot, Notes et Documents littéraires, in Mercure de France, 1er janvier 1928)