Comme un homme surpris par le jour dans son rôle
Ne sait plus retrouver le chemin des tombeaux
Et cherche au long des murs la fosse de ses os
Sans ne heurter jamais que le roc de l’épaule,
Je fuis sans fin le long d’une haute muraille,
La frappant de mes poings et de mon front glacé.
La brèche par laquelle autrefois j’ai passé
De l’abîme en ce monde, où donc est son entaille ?
Le roc se dresse plein partout à mon côté ;
À le vouloir percer mon bras s’est effrité,
Pour le tourner j’ai fait de mon cœur une marche.
Mais lui porte plus haut son noir couronnement,
Et je l’entends mugir et railler mon tourment :
« Entre l’abîme et toi, je suis le Mur qui marche… »
G. DESVEAUX-VÉRITÉ
_____
(in Mercure de France, tome XXVIII, n° 105, octobre 1898 ; illustration de Jean Gourmelin)