Pourquoi pas ?
Dans mes profondes élucubrations sur le sous-pied, une chose m’a cruellement préoccupé, c’est la qualité du cuir.
Il le faut mince et fort, souple et résistant ; c’est embarrassant, où diable trouver ce cuir-là ?
Je crois avoir résolu le problème en conseillant l’emploi des sous-pieds en peau de femme.
Soit donc un cuir quelconque :
Vous m’accorderez que plus il sera massé, manié, travaillé, plus il acquerra à la fois de force et de souplesse.
Or, les innombrables caresses dont on accable le séduisant épiderme d’une jolie femme équivalent comme résultat à un travail consciencieux. Il est donc incontestable qu’après un certain laps de temps donné à cette occupation si naturelle, ledit épiderme doit se trouver dans les conditions précitées, et si rares, de faiblesse résistante.
Ceci admis, il ne vous manque plus, pour avoir vos sous-pieds, qu’un sujet vivant qui consente à fournir l’étoffe. J’ai cherché, je n’ai pas trouvé.
Mais les amphithéâtres sont là ! en deux minutes, avec un bon scalpel, vous prélevez la mesure exacte sur tel endroit que vous voulez ; en préférant toutefois celui qui, selon toute apparence, a acquis par l’exercice durant la vie le plus de solidité posthume.
Quels sous-pieds ! on n’en voit pas la fin !
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(Charles Debelle et A. Delbès, Physiologie de la toilette, Paris : Desloges, 1842)