I

 

Sur la lande infinie, plate ainsi qu’une mer, il s’érigeait seul, comme un grand dôme feuillu. C’était un chêne gigantesque, un chêne extravagant et fabuleux avec un tronc énorme d’où s’en allaient, contournées et bizarres, pareilles à des membres de colosse, des branches noires toutes velues de mousse.

C’était le plus bel arbre du pays, le plus vieux, le plus apparent. Et les voyageurs se le montraient de loin, comme les matelots se montrent un phare.

Il s’appelait le Pape.

Pourquoi le Pape ? On ne sait pas. Parce qu’il était haut sans doute, et prestigieux, et gravement solennel sur la lande vaste aplatie à ses pieds.

Et le Pape, comme s’il avait eu conscience du nom glorieux que les hommes lui avaient donné, étendait ses bras innombrables autour de lui, sur les humbles bouleaux et sur les pins infimes, dans une pose de prélat vert bénissant d’obscures ouailles.

Un jour, par un violent soleil d’août qui le surplombait avec des airs d’auréole, le Pape vit, – car il voyait, sentait, pensait comme un homme, au dire des paysans superstitieux, – le Pape vit deux jeunes bûcherons s’arrêter sous lui.

Il les connaissait bien, ces bûcherons. C’étaient un jeune homme et une jeune fille du pays, deux êtres secs et hâves, qui, dans la fréquentation quotidienne des arbustes et des fougères, avaient pris, à la longue, l’aspect vague de deux plantes vivantes, se mouvant au milieu de leurs immobiles amis. L’un s’appelait Louis ; l’autre s’appelait Cadette. Tous deux s’étaient promis le mariage, dès l’enfance, en ramassant du bois mort sur la lande. Et chaque soir, avant de rentrer, le dos ployé par les fagots, ils s’arrêtaient sous le Pape, puis s’asseyaient sur l’une de ses racines, une racine confortable comme un divan moussu.

Ce jour-là, les deux bûcherons s’assirent en s’essuyant le front ; ensuite, au lieu de travailler et de confectionner des fagots, en ramassant le bois sec répandu sur la plaine, ils se couchèrent côte à côte.

La chaleur était harassante. Alors, le Pape, grandiosement, agita ses branches élargies comme des éventails et caressa de brise les faces rouges des fiancés endormis.

Il les caressa si bien, qu’au soleil couchant les deux bûcherons dormaient encore.

« Louis ! Louis ! appela soudain Cadette, en frottant ses gros yeux étonnés. Vois, il n’y a plus de jour ! »

Louis se réveilla en sursaut. Et, une minute, ils restèrent ahuris tous les deux.

« Et nos fagots ? s’inquiéta Cadette. Nous n’avons plus le temps maintenant ! »

Ils furent très malheureux, en voyant que la nuit les surprenait sans qu’il eussent ramassé une brindille.

Mais Louis leva la tête.

« Tant pis ! dit-il ; cette fois, le Pape est sûr de son affaire ! »

Et il montra du doigt, là-haut, une vieille branche morte, toute noire, toute effeuillée, qui semblait un gros membre paralysé au milieu des autres branches, frôlées de lumière rose.
 

II

 

Il y avait longtemps que Louis, – un mauvais sujet au fond, – avait songé à cette branche morte. Cependant, le prestige de l’arbre lui en avait toujours imposé.

Toucher au Pape ? Quel sacrilège ! Les bûcherons du pays préféraient peiner des journées entières et battre les buissons une lieue à la ronde, tant le Pape était sacré à leurs yeux. Certes, ils la connaissaient tous, cette branche noire dont ils auraient pu faire trente fagots. Mais jamais ils n’avaient osé y toucher. Et, dans leurs confessions, ils s’accusaient d’avoir eu des pensées mauvaises, lorsqu’ils étaient restés trop longtemps les yeux fixés sur ce bois mort, en caressant de la main le manche de la serpe suspendue à leur taille.

Ce soir pourtant, Louis n’hésita pas. Il jeta son béret, défit ses sabots, assujettit la serpe à son côté, et, après avoir mesuré de l’œil la hauteur de la branche morte, il grimpa sur le dos du Pape.

« Que fais-tu ? cria Cadette. Oh ! non, malheureux ! Descends !… »

Elle se précipita sur le bûcheron, furieuse, pour empêcher cet acte impie.

Mais Louis était déjà là-haut. Lestement, il avait escaladé l’arbre, s’accrochant à ses ramures, s’arc-boutant à ses nœuds, et filant le long de ses tiges énormes, comme un de ces insectes menus qu’on voit monter le long d’une paille.

Et Cadette trembla, les mains jointes.

Louis arrivait au but. Il l’avait sous les pieds, la branche morte. Il s’installa dessus, à califourchon. De la main gauche, il étreignit une branche supérieure ; de la droite, il décrocha la serpe.

« Oh ! non ! non !… » cria Cadette, épouvantée.

Louis ne parut pas entendre.

Et, les yeux éblouis de soleil couchant, la serpe luisant en sa main comme un éclair jaune, par grands coups forcenés, en cadence, sans pitié, il frappa.

Il frappa hardiment. Les coups secs et répétés s’entendirent dans le soir, et des esquilles de bois, comme des lambeaux de chair palpitante, s’envolèrent de toutes parts, sous les morsures brutales du fer.

Clac ! clac ! Les oiseaux se turent. Et là-haut, des branches semblèrent se retourner, comme pour voir ce qui s’accomplissait là.

Le soleil baissait. Le bas de l’arbre était déjà noir.

Soudain, Louis pâlit. Le sommet du chêne était rouge, comme un front chargé de colère.

Alors, acharné, il redoubla ses coups. Et la branche, la lourde branche, la noire branche morte poussa une vague clameur de fibres rompues.

« Louis ! » cria d’en bas Cadette.

Mais Louis donna un coup suprême, un grand coup désespéré. Et la branche, lentement, s’inclina, se détacha, puis, avec un grand vent qui effara les branches voisines, s’abattit.

Mais un double cri retentit soudain. Le tronçon de branche sur lequel était Louis avait rebondi, après la chute du bois coupé, et le bûcheron, lancé en l’air comme une balle élastique, pirouettait dans le feuillage.

« Mon Dieu !… » clama Cadette.

Et lourdement Louis retomba de là-haut, épouvanté, puis s’abîma à travers les rameaux de la branche abattue.
 

III

 

Cadette s’élança.

Oh ! cette branche noire ! elle semblait s’acharner sur le jeune homme ; elle frémissait encore, comme un tronçon de vipère mal tuée ; et Louis criait, vaguement enlacé par elle.

La jeune fille prit cette branche dans ses deux bras, et, comme une ennemie qu’on terrasse, la jeta de côté.

« Cadette ! Cadette !… » balbutia Louis, dont la bouche lâchait un filet de sang.

Il essaya de tendre vers elle ses bras lamentables. Il ne put. Et Cadette, au risque de l’étouffer, le serra sur sa poitrine, alors, de toutes ses forces, avec un grand sanglot qui lui déchira la gorge.

« Viens ! il te ferait encore mal ! » dit-elle brusquement.

Elle prit Louis dans ses bras et s’éloigna vite, en haletant, en regardant derrière elle, comme si elle avait eu peur de voir l’arbre maudit se mettre à ses trousses.

La nuit tombait. Du couchant jaune et brillant comme une soie, des vols de nuées partaient, frangées de rose. Cadette, ployée en arrière, courut dans la lande noire, emportant Louis.

C’était là-bas, très loin, que demeurait le bûcheron. Plusieurs fois, elle dut se reposer.

On trouva un berger qui ramenait son troupeau, un troupeau gris de brebis rondes, pressées les unes contre les autres, et marchant menu, la tête basse.

Le berger s’approcha de Louis, le tâta, puis dodelina la tête, d’un air inquiétant.

Cadette repartit, le cœur en feu.

On trouva un laboureur qui revenait des champs, avec ses outils sur l’épaule, et qui chantait une chanson traînarde, répétée par l’écho.

Mais Cadette ne voulut pas approcher le laboureur, de peur d’apprendre que l’état du blessé ne laissait pas d’espoir.

Et, les cheveux ruisselant de sueur, le cœur exténué d’angoisse et de fatigue, sans plus dire un mot, sans plus s’arrêter une seule fois, elle courut jusqu’à la demeure du bûcheron.

Elle arriva aux premières étoiles.

« Voilà ! fit-elle d’une voix sourde, en déposant le corps meurtri de son amoureux. C’est le Pape qui a tout fait. Louis voulait lui couper une branche. Il l’a jeté à terre… C’est le Pape ! »

Et aussitôt, furtivement, sans attendre qu’on examinât le corps du blessé, mais pressentant que la blessure était des plus graves, Cadette regarda au loin, vers la lande plate et noyée de ténèbres, puis s’en alla.
 

IV

 

Elle marcha vite, en grommelant des paroles. Elle prit le chemin qu’elle avait suivi pour rapporter le bûcheron. Elle avait le cou tendu, la bouche entrouverte, et elle semblait chercher quelque chose dans l’obscurité profonde, avec ses yeux fureteurs.

C’était vers le Pape qu’elle se dirigeait.

À quoi bon aller chez le médecin ou chez le curé ? Le Pape, le Pape seul pouvait guérir Louis. Elle en était convaincue.

Et Cadette tressaillit soudain, en apercevant le dôme majestueux de l’arbre dans la nuit.

La lune se levait là-bas, énorme et rouge, pareille à un ballon enflammé, et les nuages semblaient se précipiter vers elle, comme vers une lampe un vol d’insectes nocturnes.

La bûcheronne redoubla de vitesse. À son passage, des plantes invisibles tressaillaient, se murmurant des choses obscures. Elle arriva sous le Pape. Son cœur battait comme si elle comparaissait devant un juge. Elle porta les mains à sa poitrine ; elle eut peur de défaillir.

Le Pape, immobile et grave, étirait vers le ciel ses longs membres difformes qui semblaient s’en aller caresser les étoiles. Et entre ses racines géantes, pacifiquement, les grillons chantaient leur vague magnificat de bêtes bienheureuses.

Cadette s’arrêta.

Et, sans hésiter, levant les yeux vers certaine partie médiane de l’arbre où elle se figurait que le Pape avait sa tête, elle dit :

« Tu sais, il faut me le guérir ! Oui, oui ! me le guérir ! Je ferai tout ce que tu voudras. Tout ! Mais il faut qu’il guérisse ! Tu veux peut-être que je me mette à genoux pour te demander cela ? Bien. Me voilà à genoux. Tu veux peut-être que je baise tes pieds ? Voici. Je les baise. Tu vas me le guérir ! Ah ! Qu’est-ce que je deviendrai, moi, lui mort ? Qu’est-ce que je deviendrai ?… »

Et elle se mit à fondre en larmes.

L’arbre semblait écouter. Toutes ses feuilles faisaient silence. La lune, jaune actuellement, avait l’air de se poser sur un de ses rameaux, comme un tête fantastique d’animal curieux.

« Ah ! tu veux sans doute que je te donne un gage, que je fasse un serment, un vœu ? » demanda la bûcheronne.

Elle parut réfléchir. Elle chercha quelque chose de terrible, d’épouvantablement douloureux, de surhumain et presque irréalisable, pour attendrir le chêne.

Et, relevant son front tout à coup :

« Eh bien, oui ! clama-t-elle. Tu sais si je l’aime, n’est-ce pas ? Eh bien… eh bien… je te promets, s’il vit, de renoncer à être sa femme. Fais-le vivre, même pour une autre. Mais fais-le vivre ! »

Et elle tomba, le front contre terre, comme si l’énormité de son aveu l’avait terrassée.

Une brise tiède passa sur le Pape, et, pareille à un invisible archet, fit chanter toutes ses feuilles.

« Ah ! tu acceptes ! » dit la jeune fille avec exaltation.

Et, se figurant que l’arbre avait effectivement répondu, elle se releva, puis, à grands pas heureux, elle s’en retourna par la lande noire, engourdie sous la lune.
 

V

 

Et Louis guérit.

Longtemps on l’avait cru incurable. Mais, au bout de six mois, il se releva. Au bout de sept, il se remit à faire des fagots.

Et au bout de dix, Cadette osa le regarder avec des yeux tendres, comme autrefois.

Le Pape verdoyait toujours, indifférent.

« Oh ! quittons le pays ! Veux-tu ? » dit un jour Cadette à son fiancé.

Et ses yeux se gonflèrent de larmes.

Louis ne comprit pas. Il voulut au contraire fixer tout de suite la date de la noce.

« Oh ! non ! s’écria Cadette, bouleversée. Je ne peux pas ! je ne peux pas ! »

Elle le fit patienter ainsi la moitié d’une année.

« Tu ne veux pas être ma femme ? demanda-t-il un dimanche.

– Non !

– C’est bien. J’en trouverai qui voudront ! »

Et il partit.

Cadette crut mourir. Elle se traîna derrière lui, à travers les champs, avec des sanglots.

Lui la laissa faire, et se dirigea vers le bourg voisin, où se tenait une assemblée. Mais Cadette se jeta sur son fiancé, violemment, au moment où il allait inviter une jeune fille à danser.

« Tout ce que tu voudras, tu entends ? lui dit-elle. Tout ce que tu voudras ! »

Et l’on convint de se marier à la Saint-Pierre.

La veille du jour fixé pour la noce, il soleilla horriblement. Ce fut un jour de chaleur torride.

Cadette allait et venait dans sa maison, sans dire une parole, comme une somnambule.

Vers les quatre heures de l’après-midi, un grand vent se leva, un grand vent qui amena au ciel de lourds et blancs nuages.

Au loin, le Pape se convulsait sinistrement.

Quand elle le vit, Cadette frissonna.

Tout de suite, elle voulut parler à Louis. Elle courut le chercher.

« Le vois-tu ? » dit-elle à voix basse.

Elle lui prit le bras, et, d’une voix étrange, manifesta le désir de faire une promenade dans la lande. Oh ! il pouvait bien lui céder ! Pour une fois… la veille des épousailles…

Ils sortirent.

« Oh ! non, pas du côté du Pape ! » recommanda-t-elle, en prenant une direction opposée à celle que prenait Louis.

Et quelques secondes après, sans savoir comment cela s’était fait, elle se surprenait elle-même sur la route conduisant à l’arbre.

Le jour s’obscurcissait. Le vent, avec ses bouffées chaudes, faisait monter du sol des nuages de poussière.

Cadette se mit à trembler.

« Qu’est-ce que tu as, voyons ? » demanda Louis, un peu inquiet.

Elle ne répondit point. Ses yeux hagards, dilatés, fous, regardaient le Pape. Et toujours, en se serrant contre le bras de Louis et comme malgré elle, la jeune fille avança.

L’arbre s’échevelait, se hérissait. À certains moments, il paraissait se ramasser sur lui-même et s’apprêter à bondir dans la campagne, comme un fauve déchaîné.

« Le vois-tu ? balbutiait Cadette. Le vois-tu ? »

Oh ! le vent allait le déraciner certainement ? le déraciner et l’emporter, grondant et formidable, dans un brouhaha de tempête. Et l’arbre allait frapper, flageller, tuer des choses, à tour de bras, avec ses branches noueuses qui se contorsionnaient, qui s’abattaient, qui tourbillonnaient sous les nuages, comme des bras d’hercule en courroux.

« Le vois-tu ? le vois-tu ?… »

Soudain, le vent cessa. Et, du bord de l’horizon, surgit un nuage blafard.

Les branches du Pape s’apaisèrent. Mais Cadette claqua des dents.

Oh ! elles avaient des mouvements si étranges maintenant, ces branches redoutées ! Elles se balançaient à ses yeux, elles se balançaient comme des mains d’homme faisant des passes magnétiques. Et c’est vers elle, oui, vers elle seule, qu’elles envoyaient leur fluide horrible. Ah ! elle le sentait bien, l’arbre l’appelait, l’attirait, de toutes ses forces mystérieuses, et elle aurait pu être attachée à un cheval, à dix chevaux, à une locomotive roulant en sens inverse, elle aurait marché à lui quand même ! Toute la plaine était au Pape. Il la dominait, il l’influençait, il fascinait les choses ambiantes, et Cadette allait tomber en sa puissance, commue un oiseau pris de vertige dans la gueule d’un serpent.

« Où vas-tu ? cria Louis. Pourquoi m’emportes-tu comme ça ? »

Alors, puisque le bûcheron résistait, le Pape dut faire un signal là-haut, et le nuage blafard, pareil à un allié sinistre, entra en scène. Il s’étala dans le ciel, il envoya quelques nuées légères, ainsi qu’une cavalerie d’avant-garde ; puis, tout à coup, comme si un éclair profond l’avait transpercé, il se vida tel qu’une outre énorme, et noya la terre. Ce fut si brutal qu’une poussière s’éleva comme sous une chute de pierres. Et des grêlons s’abattirent. Les feuilles claquèrent, les branches grincèrent, le sol assoiffé sonna sous les jets obliques, et l’on eût dit un roulement de tambours titaniques battus par des milliards de baguettes aériennes.

« Viens ! viens t’abriter ! » dit Louis, éperdu.

Et lui-même, il entraîna Cadette alors, et la poussa vers le Pape.

C’était le seul grand arbre, le seul refuge, la seule protection de la plaine. Et à moins de se laisser tuer, de se laisser hacher sur la terre nue, Cadette et Louis durent courir, courir désespérément vers le chêne.

Il les vit venir, et il exulta. Il eut l’air de se hausser comme dans une pose de triomphe, et, sur sa tête, un grondement sonore de tonnerre sembla sa voix criant : « Victoire ! »

Cadette s’affaissa dans les bras de Louis. Ses jambes se rompaient sous elle ; ses bras fléchissaient, inertes ; son cœur s’arrêtait, anxieux ; ses yeux seuls, ses yeux palpitants et affolés vivaient, regardant le Pape. Ils le virent grandir, grandir dans une progression de vertige, grandir, emplir le ciel de son être vengeur, grandir et agiter toutes ses branches furieuses, tous ses rameaux effrayants comme des tentacules.

Oh ! tout ce qui va la saisir, l’enlever, la broyer ! Encore dix pas, cinq pas, deux pas ! C’est fait. L’y voici.

Et Cadette ferma les yeux.

Mais alors, là-haut, le ciel sembla s’ouvrir tout à coup, et une colonne de feu s’abattit sur le Pape.

Dans le roulement du tonnerre, deux cris, deux suprêmes cris partirent, lancés à pleine gorge.

Et les deux bûcherons tombèrent, foudroyés.

« Le vois-tu ? le vois-tu, Louis ? râla Cadette. Il se venge ! »
 

VI

 

Il y a longtemps de cela. Mais les paysans superstitieux racontent encore avec mystère cette histoire fantastique – toute simple, pourtant – d’une bûcheronne naïve, que l’obsession d’une idée fixe avait menée sous un arbre, un jour d’orage.

Et le Pape redouté vit toujours, là-bas, sur la lande infinie, plate comme une mer.
 
 

 

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(Jean Rameau, in La Vie littéraire, petit magazine illustré bi-hebdomadaire, tome VII, deuxième série, n° 91, 27 juillet 1900 ; version abrégée sous le titre : « L’Arbre, » dans Le Petit Journal, supplément illustré, vingtième année, n° 986, dimanche 10 octobre 1906. Gravure sur bois de Gustave Doré pour illustrer L’Enfer de Dante, Paris : Hachette, 1861 ; « L’Homme-arbre, » eau-forte d’après Jérôme Bosch, seconde moitié du XVIe siècle)