Il ne m’a pas été facile de mettre la main sur Pietro Zuffi dont on m’a tellement parlé depuis quelques jours. Le peintre déteste la publicité et a échappé jusqu’ici aux journalistes. Je l’ai trouvé et je suis attablé avec lui dans la salle à manger d’un hôtel de Milan.
C’est un homme d’environ 30 ans, bien planté, robuste, plein d’assurance. Il y a quelques mois, il est revenu du Pérou où il avait pris part à une expédition de savants dans le massif de l’Apurimac qui se trouve à 100 km à vol d’oiseau de Cuzco et dont le sommet atteint 3.000 mètres. Il était allé y chercher des sculptures et des fétiches aztèques dont on lui avait affirmé l’existence dans ces régions.
UN ÉTRANGE OBJET FENDAIT L’AIR
Mais en plus des idoles que je vois accrochées aux murs de la chambre d’hôtel, – idoles en bois, formes grossières et étranges mangées par les vers et patinées par des siècles, – il a rapporté un curieux objet mécanique qui ne semble certes pas le produit d’un art primitif. Je suis aujourd’hui dans cette chambre, car j’ai entendu dire que cet éclat provenait d’une de ces soucoupes volantes que l’on a vues un peu partout dans le monde depuis environ un an, mais spécialement dans le ciel des deux Amériques.
« Je me trouvais, – commence le peintre, – dans le village de Velille, à 112 km de Cuzco, en compagnie du professeur Williams, de l’Université de Durango (États-Unis) et du professeur Prigmis, de l’Université de Kansas. Nous étions en train de nettoyer quelques fétiches, couverts de terre, que nous avions trouvés à l’intérieur d’une caverne. Avec un groupe d’indigènes, nous poursuivions notre tâche sous un toit de feuillage lorsque j’entendis un sifflement aigu et insistant. Le son venait de loin. Je sortis de notre abri et regardai dans le ciel vers un point qu’un indigène terrifié me montrait du doigt.
Un étrange objet fendait l’air et je pensai tout de suite aux soucoupes volantes dont j’avais entendu parler. L’objet était de forme ovale et brillait au soleil dans sa course folle d’ouest en est. Il semblait venir de Cuzco et se diriger vers Lima ; derrière lui venaient deux avions péruviens. Quelques instants après, lorsque la soucoupe volante arrivait sur la plus grande élévation du massif de l’Apurimac, nous entendîmes des coups d’une terrible violence et une haute colonne de fumée s’éleva dans les airs. Puis tout retomba dans le silence. »
L’AVIATEUR SE MIT À SA POURSUITE…
« Nous ne nous attardâmes pas aux commentaires habituels, oubliant vite cet incident, et reprenant nos discussions techniques ; la découverte que nous venions de faire de deux vases péruviens absorbait toutes nos pensées.
Mais quelques jours plus tard, je me trouvais à Yanaoca, sur le point d’aller visiter le musée local d’art antique ; on me présenta dans le hall de l’hôtel un officier de l’aviation péruvienne. Non sans réticences, devant l’insistance que mettait notre ami commun à parler de la mystérieuse explosion à laquelle j’avais assisté, l’officier se mit à raconter sa course folle derrière la soucoupe volante.
Il venait de quitter l’aérodrome sur son avion lorsqu’il aperçut un objet lumineux qui fendait l’espace à une vitesse fantastique. Il se mit à sa poursuite et constata au bout d’un certain temps que la vitesse de l’objet diminuait. Arrivé au-dessus du massif de l’Apurimac, le mystérieux disque volant, inexplicablement, s’abaissa et vint heurter la paroi rocheuse de la montagne (d’où le bruit qui nous avait frappés). L’appareil piloté par mon interlocuteur, après quelques évolutions, parvint à se poser sur un espace libre, non loin du lieu où s’était produit l’accident. »
QUELQUES ÉTRANGES CRÉATURES
PAS PLUS HAUTES QUE 70 CENTIMÈTRES
« En escaladant les rochers, – continua l’officier, – nous courûmes vers le point de chute où l’on voyait s’élever de hautes flammes violettes et verdâtres. Tout autour, nous trouvâmes des fragments faits d’un métal inconnu et, au-dessous de nous, sur le flanc de la montagne, brûlait la carcasse fracassée, entourée de quelques étranges créatures, pas plus hautes que 70 cm et qui nous paraissaient être douées de quatre mains et de deux pieds, qui cherchaient à échapper aux flammes.
Les mains et les pieds de ces créatures avaient une étrange ressemblance avec les extrémités des palmipèdes. La tête, si l’on peut appeler ainsi les bizarres formes de billes que l’on voyait s’agiter dans les flammes, semblait munie de deux grands yeux lumineux, comme des phares, autour desquels se mouvaient une dizaine d’autres yeux plus petits, ou pupilles, tandis que d’une bouche énorme sortaient d’étranges appendices qui pouvaient être des langues. Le corps était de couleur verdâtre et recouvert d’une sorte d’enduit que je ne pus bien distinguer. Nous cherchâmes à nous approcher, mais l’odeur âcre qui régnait sur le lieu était si forte que nous dûmes nous jeter à terre et nous boucher les narines avec nos mouchoirs. De plus loin, hors d’atteinte des émanations, nous assistâmes alors, saisis d’horreur, à l’agonie des monstres.
Quand tout fut consumé, nous pûmes approcher en nous couvrant le visage avec des torchons trempés dans l’eau du ruisseau. Il ne restait plus rien de ces créatures étranges : rien que quelques grumeaux d’une pâte molle et de tout petits os, presque carbonisés, que l’on pourrait comparer à des os de singes de très petite taille, et quelques éclats métalliques. »
DES YEUX QUI LEUR PERMETTENT
DE SE VOIR EN N’IMPORTE QUEL POINT
DE LEUR PLANÈTE
Zuffi se tait et nous nous mettons encore à examiner ensemble le mystérieux métal dont est fait le fragment sur la table ; c’est, paraît-il, un alliage inconnu. On a parlé d’acier aimanté, d’acier oxydé, à très fortes calories, et d’une composition qui pourrait être thermo-ionique, mais dont on ne sait encore proprement rien.
Le professeur Sapegnati de l’Université de Callao s’est avancé jusqu’à donner une explication scientifique des dessins faits par Zuffi et des déclarations de l’officier péruvien. « Ce qui nous frappe le plus dans l’aspect de ces créatures que nous appelons « Martiens, » c’est le très petit volume de la boîte crânienne, qui ne peut contenir qu’un très petit cerveau. Les organes de la vue sont formés par un grand nombre d’yeux disposés de manière absolument exceptionnelle : on se refuse à croire qu’entre ces êtres et nous, il puisse y avoir quelque sorte d’affinité.
Les deux grands globes blanchâtres – comme deux énormes yeux de fœtus – font partie d’un organe que nous ne connaissons pas, mais que l’on pourrait appeler « télépantophtalme » et dont la fonction semble être de capter et de transmettre des ondes électromagnétiques d’une nature spéciale, permettant aux Martiens de communiquer entre eux et de se voir en n’importe quel point de leur planète. Ce qui – entre nous soit dit – doit singulièrement compliquer leur organisation sociale.
La presse des Deux Amériques – faute de preuves – a relativement peu parlé de l’incident. Zuffi aurait entendu dire, cependant, qu’un officier de l’aviation des U.S.A. aurait découvert les restes d’un autre mystérieux appareil et aurait vu, lui aussi, les créatures qui le pilotaient.
Quant à mon interlocuteur Zuffi, son travail scientifique terminé, il a l’intention d’écrire un livre mi-récit vécu, mi-roman qui aurait pour sujet son extraordinaire aventure au Pérou. Que les faits qu’il racontera soient crus ou non, on peut lui prédire dès maintenant un succès retentissant.
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(Anonyme, in V Magazine, l’hebdomadaire du reportage, septième année, n° 316, 22 octobre 1950)
Bonjour, et d’abord bravo pour cet énorme travail de recherche sur des textes pour la plupart totalement inconnus ou oubliés. Je vous suis depuis un moment déjà et d’ailleurs votre site est dans mes liens préférés.
Je tiens un blog qui a une rubrique ‘Culture martienne’. Je ne peux donc pas passer à côté de votre petite trouvaille. Je vais en parler tout en mettant un lien vers le texte chez vous.
J’ai néanmoins une question : le dessin est-il signé ?
Ne le trouvez vous pas étrange ? Cela semble un dessin humoristique sans grand lien avec le texte hormis le dessin du petit « martien » (et encore il n’a que 3 mains alors que le texte en décrit 4 ☺)
https://chroniquesterriennes.com/
ou directement
https://chroniquesterriennes.com/2020/07/menu-du-blog-culture-martienne-2007-2020.html
Bonne journée
Erwelyn
Le nom de l’illustrateur n’est mentionné nulle part, et son dessin humoristique n’a en effet pas grand-chose à voir avec la surprenante aventure de Pietro Zuffi. J’aurais préféré dénicher un des dessins de Zuffi dont il est fait mention dans l’article, mais je soupçonne toute cette affaire d’être un simple canard de « V Magazine, » car, malgré quelques recherches, je n’ai pu trouver aucune trace de cette rencontre du troisième type…
D’abord, mes excuses, à force de parcourir votre blog, j’étais sûre d’avoir mis votre lien sur le mien (ça allait tellement de soi). Je viens donc de l’ajouter (le retour n’est pas obligatoire).
Je viens aussi de publier 2 chroniques (elles sont liées entre elles donc je ne vous mets qu’un seul lien) sur le texte ET l’illustration.
https://chroniquesterriennes.com/2022/09/anonyme-des-aviateurs-martiens-se-sont-ecrases-sur-terre-1950.html
Votre avis sera très apprécié. Merci d’avance