I

 
 

Que savais-je de M. Pierre Mille quand je passai pour la première fois le seuil de sa maison ? Assez peu de chose en vérité. Dans diverses feuilles et presque au hasard, j’avais lu, signés de ce nom, des chroniques et des contes. Cela m’avait paru d’une qualité singulièrement supérieure à la moyenne des petites histoires que les grands quotidiens ont coutume d’offrir à leurs lecteurs. Il s’en dégageait un parfum de vie libre, de grande nature, de limon asiatique et de silve africaine dont je subis toute la séduction. Puis, un jour, dans un des récits de M. Pierre Mille, je rencontrai Barnavaux, marsouin. Il me sembla le reconnaître. Ne l’avais-je pas déjà vu, quelque soir, à Paris, dans un bar du quai des Orfèvres ? Ne l’avais-je pas entendu raconter ses campagnes au bistrot adipeux qui, flanqué de deux énormes molosses, montait la garde derrière son comptoir ? Barnavaux était assis devant une absinthe et, tandis qu’il parlait, une fille du Sébasto s’étirait contre lui, arrachant des fils de laine à ses grosses épaulettes jaunes. J’avais eu un vif plaisir à l’écouter. Commenté par M. Pierre Mille, il me plut davantage encore. D’ailleurs, j’imagine qu’il s’est déjà fait, parmi nous, de nombreux amis et que, demain, il en aura d’autres. Beaucoup de Suisses ont hérité de leurs ancêtres le goût de l’aventure, la fièvre des voyages lointains et des batailles. Ceux-là doivent aimer Barnavaux. N’est-il pas un peu le frère des lansquenets de Marignan, des gars qui portèrent l’habit rouge des soldats du Roy et de ceux qui, aujourd’hui, à la légion, s’en vont mourir sous les plis du drapeau tricolore comme leurs pères mouraient jadis sous les étendards flammés des vieux régiments suisses ?

C’est à cela que je songeais en suivant, pour me rendre chez l’auteur de Caillou et Tili, de vieilles rues noires, étroites et sinueuses, les seules où quelque chose demeure de ces petits métiers, de ces humbles échoppes, de ces cris traditionnels, de ce désordre saugrenu, de cette aimable familiarité dont se compose le charme du Paris d’autrefois. Le long des quais, en contemplant les tours de Notre-Dame, en m’arrêtant devant les boîtes des bouquinistes, au bord du fleuve où l’incessant va-et-vient des bateaux-mouches, des remorqueurs et des chalands, crée une sorte de vie maritime, rythmée aux appels rauques des sirènes, j’essayais de m’imaginer le visage, la voix, les gestes, le caractère de l’homme qui a écrit – ou plutôt qui écrit, car elle n’est pas encore achevée – la vie de Barnavaux.

L’auteur habite, tout près de la Seine, une maison ancienne dont les fenêtres dominent une large cour carrée, aux pavés verdis par le temps. À droite, au fond de cette cour, sous le double cintre d’un portique, un escalier de pierre développe sa rampe de fer forgé.

Retranché, tel un ministre, derrière son vaste bureau, M. Pierre Mille me tendit la main. On sait de quoi sont faites, le plus souvent, ces premières entrevues de deux hommes, dont l’un présente à l’autre une lettre de recommandation : le premier, ses passeports exhibés, cherche une phrase aimable pour amorcer la conversation et oublie instantanément toutes les belles choses qu’il avait préparées ; le second, en attendant l’attaque, se demande si l’adversaire est un raseur ou un quémandeur, ou tous les deux. Eh bien ! je ne me souviens pas d’avoir éprouvé, à cette occasion, le sentiment de gêne auquel n’échappent guère, en de semblables circonstances, les timides de mon espèce. Pourquoi ? Parce que, tout de suite, mon interlocuteur se mit à me raconter des histoires. Et, comme j’avais reconnu, en lisant quelques-unes des aventures de Barnavaux, le marsouin rencontré naguère au bar des Deux Ancres, je retrouvai, en écoutant M. Pierre Mille, le ton et le tour d’esprit de Barnavaux.

Depuis, je suis retourné bien souvent au vieil hôtel du quai de Bourbon. Dans son cabinet de travail, plein de livres et d’étranges trophées exotiques, le conteur, en vareuse de drap brun et en sabots bretons, a dévidé bien souvent sous mes yeux l’écheveau multicolore de ses récits. Des amis, médecins, officiers, gens de lettres, marins, coloniaux, lui donnaient la réplique. Parfois, à toutes ces voix d’hommes, venait se mêler celle de Mme Pierre Mille, – Yvonne Serruys, – sculpteur dont le talent à la fois grave et délicat, l’art de grâce légère et de volupté douloureuse s’allient à un sens critique extrêmement aiguisé. Tous les pays du monde, toutes les races humaines, les fleuves et les chemins, la montagne et la mer, l’art et la science s’inscrivaient dans ces conversations en souvenirs dramatiques ou en joyeuses anecdotes.

À cause de tout cela, je ne puis plus séparer l’œuvre que j’ai dessein d’étudier ici de l’homme qui l’a conçue et réalisée. Quand celui-ci parle, fût-ce du temps qu’il fait, je pense à toutes les figures, à tous les paysages évoqués par les pages de ses livres : à des soldats, à des Chinois et à des nègres ; à des femmes jaunes, brunes ou noires ; à la mine futée d’un ouvrier parisien, aux mots drôles d’un petit garçon qui joue dans le jardin des Tuileries, ou encore à ce que peut être un coucher de soleil sur les mers australes. Mais quand je lis Paraboles et Diversions, je pense à Pierre Mille soulignant, d’un geste ému ou d’un sourire malicieux, l’argument de ses fables.

Aussi, lorsque le sort m’envoya des rives de la Seine à celles de la Tamise, et comme j’étais fort privé de n’entendre plus les propos du causeur, je me mis à les rechercher dans les ouvrages de l’écrivain. Je n’eus pas de peine à leur restituer, mentalement, l’accent qu’il sait leur donner quand, de sa voix mordante et brève, il raconte une histoire. Donc, j’ai relu, à Londres, ce que je connaissais de l’œuvre et affronté ce que j’en ignorais encore.

Londres est peut-être un des lieux de l’Occident dont le caractère s’appareille le mieux à la lecture de tels livres. N’est-ce point la plus exotique des capitales européennes ? Non pas ces rues vides et froides, ces squares toujours déserts, protégés par de hautes grilles et qu’entourent des demeures silencieuses où vivent les gens respectables. Mais cette ville illimitée, cet assemblage de villes soudées ensemble, où se coudoient tous les peuples, où se croisent tous les idiomes : quartier franco-italien dont les rues et les habitants rappellent, à Paris, les environs des Halles ; quartier juif, transportant sous le ciel du Nord les ghettos de l’Orient ; quartier chinois, où les hommes jaunes fument l’opium. Et ces gares, pleines, le dimanche soir, de soldats qui rejoignent leur corps, de marins qui rallient leur bâtiment. Et ces grands bazars, dont les toits en terrasse se hérissent de mâts et d’oriflammes ! Et ces maisons portant à leur sommet des sémaphores, comme si les maisons d’alentour étaient les vagues d’une mer et qu’il faille, sur cette mer, élever des signaux !

Tout, du reste, à Londres, évoque la mer, les grandes routes marines et les régions où elles conduisent. D’abord, ce vaste ciel des pays plats, cet air où le vent, à soixante milles de la côte, garde encore un goût salé. Puis le monstrueux dédale des docks et des bassins : tous ces navires et toutes ces odeurs ! Et encore, le sentiment de solitude qu’éprouve l’étranger parmi ces sept millions d’humains et qui lui permet de concevoir l’existence des matelots, des gardiens de phares, des voyageurs perdus dans la brousse ou les sables.

Avec son plafond bas et ses cuivres luisants, la pièce où j’écris ces lignes ressemble elle-même à une cabine de steamer ! Ses petites fenêtres carrées ont des airs de hublots. Le roulement continu des autobus sur la chaussée voisine imprime aux parois la trépidation que l’hélice communique aux flancs des paquebots. Et quand le vent souffle en tempête contre les vitres, je puis me croire en pleine mer.

N’est-ce point là un décor singulièrement propre à faire goûter des récits qui vous mènent sur toute la face du globe et vous invitent à considérer sans étonnement ce que l’on y peut rencontrer de plaisant, de curieux, d’étrange, de trouble, d’inquiétant, de mystérieux, d’inconnu et d’atroce ?

Si j’ai si longuement décrit les chemins qui m’amenèrent à la rencontre de Pierre Mille et de ses livres, c’est afin d’expliquer pourquoi ces deux termes, l’homme et l’œuvre, demeurent, je le répète, inséparables dans mon esprit. C’est là un témoignage. Témoignage naïvement véridique, mais trop personnel, sans autorité et, très probablement, sans intérêt pour le jury. Il faudrait montrer maintenant que les deux termes sont indissolublement liés, non seulement pour un lecteur entre mille et dans certaines conditions données, mais dans la réalité objective de leurs mutuels rapports. Il faudrait établir qu’une telle œuvre ne pouvait être écrite par un autre homme et qu’un tel homme ne pouvait écrire une autre œuvre. C’est à quoi je vais m’efforcer, espérant que, si j’y réussis, on me pardonnera d’avoir, sans le faire exprès, parlé de moi, jusqu’ici, presque autant que de mon sujet.

Mais ici apparaît la pauvreté des moyens dont dispose la critique. Elle affirme : « Cet ouvrage est de ceux qui ne révèlent pas tout leur sens si l’on ignore la vie, la formation, le caractère de l’artisan. » Et, tout de suite, pour étayer son affirmation, elle en est réduite à dissocier artificiellement ce qu’elle déclare indivisible en fait, à mettre l’homme d’un côté, les livres de l’autre. « La vie et l’œuvre de Pierre Mille sont unies par tant de liens qu’elles se confondent, qu’elles ne font qu’un. » Voilà ce qu’il faut prouver. Pour le prouver, on commence par couper ces liens, quitte à essayer, après, de les renouer. Méthode brutale à laquelle nous contraint la débilité même de notre esprit ! Contradiction, illogisme que nous imposent l’amour de la logique et le souci d’être clair !

Donc, deux chapitres, comme dans les manuels primaires : 1° Biographie. 2° Œuvres.
 
 

II

 
 

Il ne suffit pas de connaître quelqu’un pour écrire sa vie, même en style de « notice. » Ayant aperçu cette vérité première, pouvais-je faire mieux que de demander à Pierre Mille lui-même les faits et les dates indispensables ? Je me bornerai donc à citer des extraits de sa réponse (1) dont le ton, à lui seul, en dira plus long que bien des discours. J’appuierai seulement d’un commentaire bref les passages « qui éclairent » :

« Détails biographiques ? J’aimerais mieux vous raconter ça. C’est si bête à écrire. »

L’homme est déjà tout entier dans ce trait, l’homme qui raconte des histoires : s’il écrit, c’est uniquement parce que le livre atteint plus de lecteurs que le récit parlé ne peut réunir d’auditeurs.

« Né à Choisy-le-Roy, banlieue de Paris, de parents flamands, qui ont eu pour ancêtres, au XVIIe siècle, d’un côté des tonneliers, de l’autre des aristos, officiers de marine. »

Cela n’est pas sans intérêt. Dans certains contes, Pierre Mille marque une vive sympathie aux gens qui exercent un métier manuel ; dans presque tous, il manifeste une sorte d’instinct aristocratique qui se traduit par une ferme croyance en la supériorité de la force intelligente sur la force bestiale, de la civilisation sur la barbarie, de celui qui commande sur celui qui obéit, du blanc sur le noir et du Français sur l’étranger. En outre, il y a, dans Paraboles et Diversions, un chapitre intitulé Les Revenants, où l’auteur montre que, plus il avance dans la vie, plus il se sent dominé par les actes et les pensées de ses ascendants, connus ou inconnus.

« J’ai commencé à écrire dès vingt ans, dans de petites revues de jeunes, ce que ma famille voyait avec une telle horreur que ça m’a fait impression. J’ai passé alors les examens de l’École des Sciences Politiques, sans avoir jamais suivi aucun cours. Je n’allais qu’à la Bibliothèque et dans les hôpitaux ! Je me suis donné à ce moment une assez forte éducation scientifique, par goût, sans savoir pourquoi, surtout par paresse, probablement : l’idée consolante que ça ne servirait jamais à rien de pratique ! »

J’ignore ce que Pierre Mille écrivait à vingt ans, dans de petites revues. Mais j’imagine que cela ne ressemblait en rien à l’œuvre qu’il a commencée quinze ans plus tard et qu’il poursuit. On peut présumer que, s’il n’y avait pas eu quinze années de vagabondage éperdu entre les pages d’alors et les pages d’aujourd’hui, celles-ci ne mériteraient peut-être pas tout l’intérêt que nous leur vouons. Ce serait, en tout cas, un intérêt d’une autre sorte.

Quant à la culture scientifique, il en faut reconnaître la part dans l’œuvre du conteur. Plusieurs de ses nouvelles sont construites sur des données empruntées aux sciences physiques et naturelles, voire à l’occultisme. Exemples : Poussières, La Victoire en chantant (physique) ; L’Homme qui a vu les sirènesPapa-le-petit-garçon (zoologie) ; La Force du mal, La Peur, La Collision de Brébières-Sud (magie noire, hypnotisme).

« Tout de même, comme il fallait bien faire quelque chose de mon diplôme des S. P., je suis devenu correspondant du Temps à Londres. »

Ceci est à noter, parce que Londres et l’Angleterre ont fourni le décor ou le thème de quelques histoires : La BonbonnièreLe Rat, La Révérende.

« … puis rédacteur de politique intérieure aux Débats, où j’ai fait preuve de la plus remarquable incapacité à la polémique anti-radicale. Le père Dietz, alors rédacteur en chef, relisait tous mes « papiers, » les raturait phrase par phrase et écrivait autre chose par-dessus. À la fin, il ne restait plus de moi que la signature. De temps en temps, de bons réactionnaires m’envoyaient des lettres de félicitations. Je les remettais honnêtement au bon Dietz.

Ce qui a changé la direction de ma vie, c’est que les Débats m’ont envoyé à Madagascar au moment de l’insurrection qui a suivi la conquête (1895), en me faisant nommer fonctionnaire par-dessus le marché. J’ai vu des hommes, des indigènes, des administrateurs, des soldats, j’ai un peu fait la petite guerre et je suis revenu, au bout de huit mois, ayant compris, senti physiquement, que la Terre est ronde et qu’il s’y passe des tas de choses intéressantes. Donc, je suis reparti – en Thessalie et en Crête comme correspondant de guerre, puis en Palestine, puis au Soudan, puis au Congo, puis en Indochine et dans l’Inde, puis encore au Soudan. Mon nom est sur quelques atlas, pour de petits itinéraires, et dans quelques revues de haute géographie. Je ne pensais plus du tout à la littérature. Quand je revenais dans les bureaux du Temps, – où j’avais été repris, – on me mettait à de petites besognes assez basses. Je gagnais 600 francs par mois et je ne désirais pas autre chose, sinon de repartir au bout du monde retrouver des légionnaires, des marsouins, des administrateurs, des chevaux, des chameaux, des noirs ou des jaunes. »

Ici, tout commentaire est superflu : l’œuvre elle-même se chargera de souligner tout les mots de ce récit.

« … Voilà qu’un jour, par hasard, je publie une petite chose humoristique dans la Revue Bleue. Également par hasard, Hébrard, directeur du Temps, la lit, s’en toque, me demande des chroniques. Là-dessus, le Journal en veut aussi. « Non, ça m’embête ; je vous ferai des contes. » Vous savez le reste. »

Le reste, c’est le succès, le succès immédiat, qui vient sans crier gare et que l’explorateur, redevenu écrivain, accueille en souriant, comme il avait accueilli les spectacles contradictoires, offerts, tout autour de la boule terrestre, à ses yeux attentifs. C’est la brusque notoriété qui, peu à peu, sans basses intrigues, sans l’estampille d’aucune académie, par la seule vertu des pages succédant aux pages, se mue en gloire.

« En somme, quand j’ai commencé à « faire » de la littérature, j’avais 35 ans et ce fut bien par hasard, je vous le répète. »

On pourrait ergoter longtemps sur ce mot de hasard. De quel nom qu’on le nomme, l’ensemble de circonstances dont est née l’œuvre de Pierre Mille a exercé, sans aucun doute, une influence prépondérante sur la qualité de cette œuvre. Mais il n’en faut pas moins louer la modestie dont l’auteur fait preuve en disant : hasard. Car enfin, ils sont légion, au XXe siècle, les gens qui ont « bouclé la boucle » autour des mers et des continents. Seulement, la plupart ne sont pas plus riches, au retour, d’émotions et d’images que si leur vie s’était écoulée tout entière entre la mairie, l’église et le café d’une petite ville.
 
 

III

 
 

Après avoir raconté ses débuts dans le journalisme, Pierre Mille conclut : « Vous savez le reste. » Il y a des gens qui ne le savent pas : ceci est pour essayer de leur apprendre. Le reste, c’est, par ordre chronologique : Sur la vaste Terre, Barnavaux et quelques femmes, La Biche écrasée, Caillou et Tili, Louise et Barnavaux, Paraboles et Diversions. (2)

Mis en présence de cette œuvre, un lecteur sensible et point trop naïf l’absorbera facilement en une semaine, à raison d’un volume par jour. Peut-être alors retrouvera-t-il, au cours de sa lecture, cette fièvre d’imagination qui, à dix ans, penchait son front brûlant sur les livres de Jules Verne. Il en concevra envers M. Pierre Mille une reconnaissance respectueuse, car, pour donner à un homme les sensations qu’un enfant peut éprouver à lire Jules Verne, il faut tout de même autre chose que Vingt mille lieues sous les mers ! il faut de la chair et du sang ; il faut de la vie, quelque chose de brusque et d’enlevé, de vrai et cependant d’inattendu, qui fouette et qui frappe !

Ayant goûté tout cela, la tête pleine encore d’images et de cris, si le lecteur dont je parle, arrivé à la dernière page, essaye de rassembler, d’ordonner, de résumer ses impressions, il se trouvera fort embarrassé.

Comment formuler cette abondance ? Comment amalgamer ces éléments disparates ? Comment réduire à l’unité ces contraires qui se heurtent ?

Voici, par exemple, dans Vaste Terre, une sorte d’épopée africaine, le récit du voyage qu’entreprirent des Chinois, employés aux travaux d’un chemin de fer congolais, pour rentrer dans leur pays en se dirigeant vers le soleil levant. Ils traversent la grande forêt équatoriale et l’un d’eux – un seul – arrive à Zanzibar. Cela est dit en périodes rythmées, sonores, amples et magnifiques, d’où surgit, mystérieuse et obsédante, la vision d’une humanité que nous ignorons, luttant contre une nature qu’elle-même ne connaît pas. Ces pages eussent enchanté le Flaubert romantique qui se lamente, dans ses lettres, à la pensée que jamais peut-être il ne verra la Chine ou l’œil d’un tigre luisant dans la jungle.

Voici, dans le même volume, Le Dieu, qui, sur le même ton d’épopée, évoque les périples de Cook et de Bougainville, décrit le monde austral comme le pouvait concevoir un honnête homme du XVIIIe siècle et, par instants, fait songer au Loti de Rarahu. Dans le même livre toujours, il y a l’histoire de L’Aveugle : elle met aux prises, à Lyon, des Français d’aujourd’hui, défendant des idées, représentant des classes sociales qui sont de notre temps.

Mais, dans Barnavaux et quelques femmes, l’apologue de La Victoire insère un récit, en style « antique, » de la bataille d’Actium, parmi des considérations sur l’avenir de l’infanterie coloniale ! La Nef morte, L’Homme qui a vu les sirènes sont des contes fantastiques : de l’Edgar Poe revu par Rudyard Kipling. Mais Caillou et Tili, c’est tout un livre consacré à regarder vivre un petit garçon et une petite fille, enfants de bourgeois parisiens et dont l’existence ressemble à celle de tous les enfants. Prenons, dans un autre recueil, L’Accident, Le Rat, Devant la machine. Nouvelles réalistes : l’écriture en est moins âpre, moins ramassée, moins puissante que chez Maupassant, mais c’est la même soumission à l’objet. Cependant, Le Miracle de Tollenaëre est  une légende monastique. Certaines Paraboles valent par un symbolisme ingénu et lumineux, par un brusque éclat de rire fusant à la dernière ligne : on dirait d’un Anatole France plus jeune et moins désabusé. La plupart des Diversions sont de menus propos, des rêveries capricieuses inspirées par la vie de tous les jours.

C’est assez d’exemples ! Il faudrait citer toutes les parties de l’œuvre pour montrer la variété des thèmes, qui est inépuisable. Rien ne ressemble moins à un conte de Pierre Mille qu’un autre conte de Pierre Mille. De l’un à l’autre, tout se renouvelle. Si les mêmes personnages reparaissent, l’action, l’allure du récit, les sentiments, les passions, le décor ont changé. Naturellement, le style aussi. Et ceci est un éloge, la première règle de l’art étant d’adapter les moyens d’expression aux choses qu’il faut exprimer.

L’unité n’est donc ni dans la matière ni dans la forme. Elle n’est pas davantage dans l’esprit, car l’esprit est mobile et divers, tout en nuances et en balancements. Elle n’est pas non plus dans l’attitude que prend l’écrivain pour s’adresser à ses lecteurs : il change constamment d’attitude. Tantôt il se dérobe derrière ses personnages, les laisse parler et agir à leur guise ; tantôt il se plante devant vous et se met à discourir : alors, sa voix couvre les paroles de Barnavaux, les propos de Louise, les boutades de Tili, et l’on n’entend plus que Pierre Mille. Tantôt il cache sa sensibilité, tantôt il la dénude.

Alors, où est l’élément personnel ? Où est la marque de l’artiste ? Son art ne serait-il qu’un miroir banal, reflétant toutes les images qui passent, mais n’en créant aucune ? Son œuvre, une mosaïque, faite de morceaux rapportés, une maison construite avec des pierres volées, une bâtisse sans âme dont il ne serait même pas l’architecte, ayant pris à celui-ci le dessin d’une porte, à celui-là la courbe d’une voûte, à cet autre la forme du toit ?

Or, je crois, pour ma part, que Pierre Mille est un des auteurs les plus originaux de ce temps, aussi original, du moins, que peut l’être un Français du XXe siècle.

Pourquoi ? Parce qu’il est un conteur et qu’il n’est que cela. Mais, dira-t-on, il y en a d’autres, et l’originalité consiste à ne ressembler à personne. Sans doute. Cependant, voilà un homme qui est venu – ou revenu – à la littérature, à trente-cinq ans, ayant passé par le journalisme, vécu aux colonies et vu beaucoup de pays différents. S’est-il mis à écrire pour le seul plaisir d’aligner des mots ? Ou n’est-ce pas plutôt parce qu’il avait quelque chose à dire ? Il avait même tant de choses à dire, et de si diverses, que sa littérature ne pouvait prétendre ni au monopole de certains sujets ni à l’exercice exclusif d’un certain style. (Faut-il, d’ailleurs, lui reprocher de ne point se prêter aux formules inventées par les gens à systèmes ? Non, n’est-ce pas ?) Mais, précisément parce qu’il avait passé partout sans jamais s’arrêter longtemps au même endroit, il ne pouvait raconter que des histoires brèves.

Des contes. Bien sûr, il n’a pas inventé le conte. Mais il y a trouvé le genre d’expression qui convenait à sa personnalité et à la matière de son œuvre. Il y était condamné par son tempérament, par ses expériences. Si l’expression de sa pensée pouvait varier à l’infini dans l’espèce, c’est-à-dire dans le sens, l’arrangement, la couleur et la portée des mots, elle était fixée dans le genre. Et voilà l’unité que nous cherchions, voilà la marque.

Le conte est vieux comme l’humanité. Aussi obéit-il à des lois immuables. C’est une histoire dramatique, au sens de l’étymologie, c’est-à-dire, mouvementée, un récit court, rapide, et qui se suffit à lui-même, clair et net, ayant un commencement et une fin marqués par des points précis.

Mais il ne suffit pas de savoir cela pour faire des contes. Il faut le don. Pierre Mille l’a. Il sait, en trois cents lignes, exposer, nouer et dénouer une fable. Il est même tellement de la race des conteurs que, lorsqu’il essaye de passer du conte au roman, il ne peut pas : c’est plus fort que lui, il retombe dans le conte. Caillou et Tili, Louise et Barnavaux ne sont pas des romans, malgré le retour constant des mêmes personnages. Rattachés par des liens trop lâches, les divers chapitres de ces deux livres ne forment pas une construction liée, n’obéissent pas à une économie générale. C’est une succession d’histoires brèves dont l’ordre, en plus d’un endroit, pourrait être interverti sans dommage.

La maîtrise d’un genre et l’incapacité – jusqu’ici du moins – d’en sortir, voilà, me semble-t-il, qui marque assez nettement l’originalité de l’auteur et les limites de son talent. Quant à savoir s’il faut le louer ou le blâmer de n’être pas un romancier, la question est oiseuse. Car, s’il est probablement plus malaisé d’édifier une cathédrale que de fonder un village, il est certainement beaucoup moins facile de donner de la grandeur à un groupe de maisons rustiques que d’inspirer le sentiment de la grandeur par l’équilibre harmonieux d’un vaste monument.
 
 

IV

 
 

Un conteur qui sait son métier et dont les histoires ne sont point ennuyeuses peut assurément se faire, dans la littérature d’imagination, une place enviable. Atteindra-t-il, cependant, à la fortune de ceux qui ont rendu vivantes dans la mémoire des hommes les créations de leur esprit ? Lui sera-t-il possible de forger des « types » ? Des noms inventés par lui, des personnages animés de son souffle iront-ils jamais rejoindre parmi nos souvenirs les noms et les figures de Phèdre et d’Andromaque, de Don Quichotte et de Tartuffe, de des Grieux, de Figaro et de Gil Blas, du père Goriot et de Julien Sorel, de Homais et d’Emma Bovary ?

Il semblerait, à considérer cette liste, que de telles gloires soient réservées aux romanciers et aux auteurs dramatiques. C’est d’ailleurs assez naturel. Pour donner à un personnage le relief et le détail nécessaires à déterminer le type, il faut de l’espace, des développements. La tragédie, la comédie, le roman se prêtent fort bien à cette peinture à la fois minutieuse et large ; la brièveté du conte ne s’en accommode guère.

Je crois pourtant que Pierre Mille, conteur, a réussi à introduire dans la littérature française quelques « types » inédits. Un du moins : Barnavaux. Certes, il ne s’agit pas d’un portrait en pied, achevé, définitif, fixant sur la toile tout ce qui fait le caractère du modèle. C’est plutôt d’une série d’esquisses qu’il faudrait parler, chacune d’elles accusant un mouvement particulier. L’Alceste de Molière est tout entier dans les cinq actes du Misanthrope. Le Barnavaux de Pierre Mille ne se révèle que lentement, lorsqu’on rapproche des traits discontinus épars dans plusieurs volumes.

Essayons de réunir quelques-uns de ces traits.

Barnavaux est né à Choisy-le-Roi, comme son père spirituel et, comme lui, il a beaucoup voyagé. Fils d’un chauffeur de fours, il n’est pas très cultivé. Mais intelligent et curieux. Surtout curieux. Et puis, il est soldat dans l’infanterie coloniale.

Pourquoi s’est-il engagé ? Pourquoi a-t-il plusieurs fois « rempilé » ? On ne sait pas. Probablement, pour « marcher la route. »

D’être marsouin, ça lui a donné l’esprit de corps, qui consiste à mépriser les autres corps, principalement les gendarmes, les journalistes et les civils. « C’est des choses qui ne sont pas dans la théorie, des espèces de religions. Une de ces religions, pour les marsouins et les matelots, c’est que les gens de terre sont des moules, comme leur nom l’indique. »

« Barnavaux n’a pas d’histoire, parce qu’un soldat n’en a pas. Un soldat n’a que des histoires. Il est né un jour, il mourra un jour, voilà tout. Les choses qu’il accomplit sont sans lien pour lui, elles n’ont d’unité que dans l’unité de l’œuvre dont il est l’outil inconscient. »

(Et voilà pourquoi Pierre Mille ne pouvait représenter son homme autrement que par des images successives, par une suite de dessins sommaires, par des contes.)

Les voyages donnent de l’expérience : Barnavaux sait beaucoup de choses. Il est capable d’imaginer d’étonnantes ruses de guerre. (3) Sur toutes les questions coloniales, il a des idées à lui. (4) Il sait comment il faut traiter les noirs et les jaunes pour conserver intact le prestige du blanc. Il a tant d’idées qu’il n’est pas toujours très facile à mener ; trois fois sergent, il a été cassé deux fois.

Il a même des vices. L’alcool parfois le rend méchant. Il n’ignore pas l’opium. Et il y a beaucoup de femmes dans sa vie, des femmes de toutes couleurs. Mais il n’attache aucune importance à ses amours de conquérant et il n’en parle pas, ou si peu…

N’allez pas croire, tout de même, qu’il soit dépourvu de sens moral. Évidemment, sa morale n’est ni celle des catéchismes de persévérance ni celle des lycées de jeunes filles. C’est une morale de militaire, mais c’est une morale. Et quand Oumar, le tirailleur sénégalais, s’approche sournoisement d’un cadavre, après le combat, pour lui couper la tête, Barnavaux ne le permet pas : « Est-ce que ce sont les manières d’un soldat français ? »

À Saïgon, Barnavaux se laisse aimer, en maugréant, par une « artiste » de café-concert. Mais la dame est flanquée de deux enfants qui chantent des obscénités, parmi la fumée des pipes. Alors, le marsouin s’indigne : « Ça me dégoûte ! On devrait les coucher, ces gosses. À quelle heure qu’on les couche ? »

En Chine, un légionnaire lui raconte que, jadis, avant de s’engager, alors qu’il occupait un poste élevé dans un ministère russe, il a fait condamner un de ses collègues pour un crime de trahison que lui-même avait commis. À cela, Barnavaux ne trouve à répondre qu’un mot : « Cochon ! »

Car il est loyal. Jamais il ne déguise sa pensée. Et la franchise de ce soldat est bien proche, en certaines circonstances, de la vertu romaine.

Au fond, cependant, c’est une âme tendre. Affecté, entre deux campagnes, à la garnison de Paris, il y rencontre Louise.

Alors, l’homme qui a possédé toutes les femmes de la Terre, se sent pris d’une timidité soudaine devant cette petite ouvrière parisienne, parce qu’elle est vierge et de la même race que lui. Et c’est l’amour.

L’amour est la première des crises que provoque chez cet errant le retour au sol natal. Il y a d’autres crises. Barnavaux a rapporté des antipodes des notions d’économie politique qui lui inspirent des jugements sévères sur les hommes et les institutions de son pays. Un jour même, sortant de l’hôpital où l’a envoyé une vieille fièvre coloniale, il s’aperçoit que sa jeunesse est morte et il en prend occasion pour récriminer longuement :

« J’ai été mis dedans, oui ! Douze ans j’ai risqué ma peau là-bas, dans des pays que je ne puis oublier, parce que je me disais : « Allons, encore aujourd’hui, je ne suis pas mort ! » Ce sont ces pays-là qu’on a dans la mémoire, dans l’œil, dans le sang, ceux où l’on a eu peur de mourir ! Et ils ne m’ont pas donné de pain, et je ne les reverrai plus jamais : ils seront comme les rêves que je faisais quand j’étais petit, chez mon père, le chauffeur de fours, à Choisy-le-Roi. Je rêvais que je mangeais de la galette chaude, et je me réveillais l’estomac creux. »

Pour apaiser le soldat, Pierre Mille lui raconte la bataille d’Actium et lui fait comprendre que lui, Barnavaux, il a « réellement fait du pain, de la vie, de la gloire, » comme les obscurs rameurs qui, sur les trirèmes d’Octave Auguste, sauvèrent la fortune de Rome.

Et, consolé, Barnavaux sourit d’orgueil.

Il aura encore bien des défaillances. Un marsouin français n’est pas un soldat prussien : tout en exécutant les ordres, il les discute. Voire il rechigne. Il ne supporte pas l’injustice. Mais ce qui l’exaspère le plus, c’est ce qu’il ne comprend pas, ce qui paraît illogique, embrouillé, inexplicable. Exemple : son capitaine lui a consenti une permission et a pris sur lui de la faire approuver par le commandant. Le commandant ratifie, mais découvre que selon la lettre du règlement, Barnavaux, pour obtenir sa permission, a donné un « faux motif. » À son retour, Barnavaux est donc puni. Comme il ne ment jamais, cette punition lui paraît monstrueuse, alors que, dans sa longue carrière de troupier, il en a subi allègrement bien d’autres. Cette fois, ces quatre jours de prison, c’est plus qu’une injustice, c’est l’indice d’un désordre dans le mécanisme de l’armée, c’est de l’anarchie, c’est le chambardement, c’est la fin de tout : il n’y a plus de consigne ! Parce que Barnavaux a été humilié par ses chefs sans avoir mérité sa honte, toute la France est pourrie : « Comment voulez-vous qu’on obéisse ? Je deviens comme tout le monde ici… Je n’obéirai plus ! »

Ces paroles de révolte sont – provisoirement, il faut l’espérer – le dernier mot de Barnavaux. Néanmoins, en prenant congé de lui, nous ne sommes pas trop en peine de son salut ; nous savons très bien qu’il continuera d’obéir, parce qu’il y a, tout au fond de lui, l’éternel besoin de « marcher la route, » l’orgueil de l’ « esprit de corps, » et l’amour de la gloire.
 
 

V

 
 

En terminant, il faudrait parler encore du style de Pierre Mille. J’ai déjà eu l’occasion d’en noter la souplesse, la variété, l’exactitude avec laquelle il se modèle sur le sujet. Je voudrais montrer maintenant l’effort vers la simplicité dont témoigne ce style, effort qui, de volume en volume, apparaît plus proche du but.

L’écriture des premiers contes est peut-être plus soignée, elle est plus appliquée surtout, que celle des Paraboles et Diversions. Mais le rythme en est moins personnel, il trahit l’influence trop immédiate des maîtres. En outre, principalement dans Vaste Terre et dans La Biche écrasée, les procédés de composition ne sont pas toujours exempts d’artifice littéraire. Barnavaux, souvent, parle trop bien. Il arrive même que lui, soldat, et M. Pierre Mille, homme de lettres, racontant, l’un après l’autre, deux histoires différentes, sacrifient à la même convention, usent de ce langage admis dans les livres, qui n’est ni celui de la conversation ni celui du haut lyrisme et que les vieux précis de rhétorique appellent « le style tempéré. » Or, le style tempéré pourrait bien, dans certains cas, être une erreur. L’abus des termes exotiques en est une autre.

Pierre Mille n’a pas laissé d’apercevoir ces erreurs. Ses derniers livres prouvent qu’il a pris le parti, sans perdre de vue la valeur expressive des mots, d’alléger son vocabulaire et de faire parler ses personnages, non seulement selon leur caractère mais encore selon leur condition, d’ajouter à la vérité des sentiments la vérité du tour de phrase, la vérité de l’accent.

Il a fait davantage. Connaissant, aimant le peuple, il a compris que, par-delà le « public lettré » auquel s’adressent tous les écrivains ambitieux, il y a un autre public, innombrable et avide, qui ne demanderait pas mieux, si on lui donnait autre chose, que de laisser moisir chez le bouquiniste ces ineptes romans à treize sous, seule pâture offerte à sa fringale. Sans doute, une œuvre comme Paraboles et Diversions n’atteint pas, ne peut pas atteindre ce public-là. Mais en s’efforçant toujours à plus de simplicité, l’œuvre future, un jour peut-être, y parviendra. Et ce sera très beau. Déjà, tous les Barnavaux de France connaissent au moins le nom de Pierre Mille et savent qu’il s’est occupé d’eux. Or, ils sont tout un corps d’armée et cela compte.

Ceux qui ont lu les ouvrages dont j’ai parlé, ceux aussi que ces lignes pourraient inciter à les lire, sont en droit de se poser une question : « Pourquoi l’auteur de tels livres n’occupe-t-il pas, dans l’opinion publique de son pays, une place aussi considérable que celle accordée à Kipling par l’opinion anglaise ? » Des critiques, il est vrai, ont salué en lui –  et non sans raison – un Kipling français. Mais la masse n’a pas suivi. L’homme qui a écrit Sur la vaste Terre n’est pas, pour le badaud parisien, ce qu’est, aux yeux du cockney, l’auteur du Livre de la Jungle.

À cela, il y a plusieurs raisons. D’abord, le Français est plus jeune, il a moins de pages derrière lui. Ensuite, ses compatriotes montrent moins de goût que les Anglais pour les choses exotiques. Enfin et surtout, il a dans son pays plus de rivaux et de plus sérieux que l’auteur britannique n’en a rencontré dans le sien. Et cette humiliation, de paraître moins grand dans sa maison que le voisin dans celle d’en face, parce qu’on habite une demeure plus vaste, c’est une humiliation très supportable. N’est-ce pas, Pierre Mille ?
 

LONDRES
 

RENÉ DE WECK

 
 

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(1) Datée de Paris, le 18 novembre 1913.
 

(2) Éditeurs : pour les cinq premiers volumes, Calmann-Lévy, 3, rue Auber ; pour le dernier, P. V. Stock, 155, rue Saint-Honoré. – Je néglige deux volumes, antérieurs à Sur la vaste Terre, et dont le sujet n’est pas de ma compétence : De Thessalie en Crète (Berger-Levrault) et Au Congo Belge (Armand Colin).
 

(3) Barnavaux général (Sur la vaste Terre, p. 95).
 

(4) Barnavaux homme d’État (Ibid., p. 175).
 

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(René de Weck, in Wissen und Leben, septième année, n° 13 & 14, avril et mai 1914 ; Pierre Mille, photographie de presse, 1928, agence Rol [source : Gallica] ; Yun Gee, portrait de Pierre Mille, huile sur toile, 1937)