Parmi les films qui furent présentés aux Parisiens l’été dernier, il s’en trouve un qui est tiré du roman de Conan Doyle : Le Monde perdu. Certains le jugèrent passionnant. Les monstres préhistoriques que l’on y voit sont beaucoup plus réels et vivants que ne l’est le fameux dragon si admiré dans le film des Nibelungen.

Ce film est actuellement présenté à Londres, dans un cinéma élégant et devant une assistance de choix. Sir Arthur Conan Doyle y vint en personne l’autre jour, pour voir son œuvre sur l’écran.

« Sir Arthur, lui demanda quelqu’un, le dinosaure avait-il une âme ?

– Oh ! répondit le romancier spirite, le dinosaure, comme tout ce qui a vie, possédait d’une manière vague quelque chose de psychique. Une huître même, ajouta-t-il plaisamment, est douée d’une petite âme-huître. »

Sur quoi le créateur de Sherlock Holmes se mit à expliquer à ses auditeurs de hasard que l’homme n’existant pas encore au temps où le dinosaure parcourait la terre, on ne pouvait avoir sur cet animal des renseignements par les défunts, fussent-ils de l’âge de la pierre. Mais, pour parer à ce manque, nous avons la psychométrie.

« Il est des personnes, déclara Conan Doyle, qui, quand elles placent sur leur front un silex taillé en flèche, voient se reconstituer les scènes de la vie humaine auxquelles prit part, si l’on ose dire, cette pierre en sa jeunesse. On peut en conclure que si l’on enfermait un homme ainsi doué avec un os de dinosaure, il verrait revivre des époques préhistoriques et préhumaines. »

Ceci rappelle que le grand chimiste Berthelot pensait, lui aussi, que les objets gardent en eux des images de leur histoire passée et qu’un jour on trouverait le moyen de la leur arracher.
 
 

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(« Bloc-notes, » in Excelsior, n° 5504, mercredi 6 juin 1926)