Le président du Suicide-Club de Bridgeport, dans le Connecticut (on sait que maintenant la plupart des grandes villes américaines possèdent un Club des suicidés), vient d’inventer un appareil très ingénieux permettant non seulement de se donner la mort, mais encore de s’enterrer soi-même !

Après avoir fait creuser une fosse de grandeur convenable, l’individu qui a décidé de se suicider n’aura qu’à installer l’appareil au bord de la tombe, à s’y coucher tout de son long, et tout fonctionnera automatiquement par l’électricité.

Au moyen d’une puissante batterie dont les deux pôles sont en communication avec les pieds et la tête du suicidé, celui-ci sera foudroyé instantanément, puis l’appareil disposé au bord de la fosse rejettera sur le cadavre la terre « à laquelle, dit l’inventeur, on fera bien d’ajouter de la chaux vive. »

De cette façon, si l’électrocution ne réussit pas à tuer le bonhomme, il est sûr cependant de mourir enterré, et la chaux vive l’achève rapidement.

Ce système de suicide électrique et d’ensevelissement automatique a d’incontestables avantages. Nous autres, en France, gens rétrogrades, nous hésiterons sans doute à l’employer, mais tout fait croire que là-bas il jouira d’une vogue extraordinaire. Le pistolet, la noyade, le réchaud, le poison, le poignard ont fait leur temps…
 

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(« Échos scientifiques, » in La Science française, revue populaire de vulgarisation scientifique, n° 106, 5 février 1897)