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(Gaston Bonheur, in Paris-Soir, grand quotidien d’informations illustrées, quinzième année, n° 5291, jeudi 23 décembre 1937. Pour une meilleure lecture de l’article, nous vous invitons à cliquer sur l’image)

 
 
 

 
 
 

LA NOËL D’YS

 

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C’était le jour même de Noël. Surpris par une tempête de neige et de vent, je m’étais réfugié dans une cabane de pêcheur, sur la côte aride du Finistère, non loin de la pointe du Raz. Parlant la langue du pays, je n’avais pas été longtemps à faire ample connaissance avec mes hôtes qui, voyant la bourrasque continuer, m’offrirent un abri pour la nuit.

Je refusai d’abord, mais comme la terre était couverte de neige, je fus heureux d’accepter quand ils me dirent que la première auberge était encore à une bonne lieue, et, après tout, je préférais le lit de fougères desséchées que ces braves gens avaient préparé dans leur grenier à une banale chambre d’hôtellerie.

Vers onze heures, nous allâmes tous, le père, la mère, ses deux gars, ses trois filles et moi, assister à la messe de minuit, dans la petite église de Plogoff. Elle était pleine de pêcheurs agenouillés sur les dalles, leurs bérets à la main, et de femmes coiffées du gracieux bonnet en dentelles des Pen Zardinn (tête de sardine). C’est ainsi que, dans le pays de Quimper, on nomme les femmes des côtes sardinières d’Audierne et de Douarnenez.

Après la messe, les familles s’en retournèrent par groupes, en chantant ; j’éclairais la marche du nôtre avec une lanterne que l’on m’avait confiée, et nous revînmes à travers la lande couverte de neige, tandis que le vent soufflait et que la mer, au large du terrible Raz de Sein, mugissait d’un grondement éternel et sourd.

Aussitôt revenu à la cabane, chacun fut heureux de prendre « un petit air de feu » et, peu après, le repas de minuit commença. Il se composait de kramponez, (galette), de poisson desséché, et d’une sorte de gâteau (le gâteau de la fête) arrosé de jistr (cidre) et de gwin-ardant (eau-de-vie) et de la bonne encore ! qui provenait d’un baril échoué à la côte et que le vieux pêcheur avait amené chez lui, malgré la vigilance des lapous-glaz (oiseaux-verts) : c’est ainsi que l’on désigne parfois les douaniers. Puis, après des récits terrifiants que le patron et sa femme contèrent tour à tour, je leur chantai quelques-unes de mes chansons en breton et chacun s’en fut dormir.

Je passai une excellente nuit dans ma couche de fougères et, le lendemain, j’étais très dispos lorsque je descendis dans la salle d’en bas, décorée de filets et meublée de lits-clos et de bahuts.

Je me sentais aussi bien que si j’avais passé la nuit dans un lit de plume, mais, quand je souhaitai le bonjour à mes hôtes, je m’aperçus qu’ils semblaient tristes, et ils ne tardèrent pas à m’en dire la raison : Jos, leur fils aîné, parti la veille avec la marée, n’était pas rentré, et il avait pourtant promis d’être de retour, sinon à minuit, tout au moins à l’aube du jour ; du haut de son étroite armoire de chêne, l’horloge, d’une voix enrouée, venait d’annoncer huit heures et Jos n’était pas encore revenu.

À mesure que la matinée s’avançait, ses parents devenaient de plus en plus inquiets lorsque, soudain, il parut sur le seuil, vêtu de son « ciré » de pêcheur, mais ayant l’air troublé comme quelqu’un qui vient d’éprouver une mésaventure.

« Que t’est-il arrivé, mon Jos ? demanda la mère.

– Oh ! répondit le gars, j’ai passé une nuit étrange !… »

Et, quand il eut échangé son ciré ruisselant contre un bon tricot, il s’assit auprès de la table.

La soupe de poisson qui mijotait dans le foyer était cuite à point. La mère versa le bouillon fumant dans les écuelles brunes, puis le marc’h-loaiou (1) fut descendu, chacun prit une cuillère, et quand la soupe fut avalée, le père demanda à Jos de raconter ce qui lui était advenu.

« Vous avez entendu parler, nous dit-il, de Ker Ys, la ville du roi Grallon qui fut engloutie, il y a des milliers d’années, lorsque sa fille Dahut, pendant une nuit de fête, ouvrit les écluses maintenant les flots, qui submergèrent tout en se ruant sur la ville.

Eh bien ! on prétend que la cité d’Ys existe toujours et qu’à certains moments elle reprend son aspect accoutumé. Je pensais que c’était quelque vieux conte d’autrefois, mais maintenant, j’ai, pour y croire, la meilleure des raisons : c’est que moi-même, je me suis promené cette nuit dans la ville d’Ys ! »
 
 

 

À ces mots, mes hôtes ouvrirent de grands yeux étonnés et poussèrent des exclamations de surprise. Je me gardai bien de rire, car Jos eût alors interrompu son récit, et, comme vous allez le voir, c’eût été réellement dommage.

Comme chacun sait, la croyance à une ville cachée sous les flots de la baie des Trépassés est très vivante dans l’esprit du peuple de cette côte. On entend encore au large, dit-on, sonner les cloches d’Ys. Je les ai moi-même entendues il y a deux ans. J’étais au large, dans un bateau sardinier.

« Silaouet ar c’hleier Ker-Ys !… » (2) me dit le patron de la barque.

Et, en effet, un son de cloche, très distinct, semblait sortir du fond des flots. (3) Mais laissons Jos raconter la suite de son aventure :

« Je venais d’amarrer ma barque à la place habituelle. Il était environ onze heures : je m’en retournais le long de la grève et, dans la brume, je ne distinguais pas très bien ma route.

Tout à coup, je vis, à une trentaine de pas devant moi, une lueur, comme celle d’une lanterne. « C’est, pensai-je, un pêcheur qui rentre. » N’étant pas sûr du chemin, je pris le parti de le suivre, mais, en marchant dans sa direction, je sentis que j’entrais dans l’eau. « Ce doit être un gué, » me dis-je, et j’avançai toujours.

Subitement, la lueur disparut, semblant s’enfoncer dans la mer… au même instant, le sol manqua sous moi et j’eus la sensation que j’allais me noyer ! Je ne pouvais, avec mes grosses bottes, essayer de remonter à la surface, et je me laissai descendre en fermant les yeux, pensant que c’était fini de moi.

Soudain, je m’aperçus que mes pieds touchaient terre et je vis, à ma grande stupéfaction, que j’étais sur la place d’une ville étrange qui ne ressemblait à aucune de celles que j’avais vues.

Il faisait clair comme en plein jour, mais la lumière était d’une transparence verdâtre ; je respirai avec joie, car je n’étais plus dans l’eau, mais je voyais, à une certaine hauteur, les vagues qui formaient comme une voûte au-dessus des rues.

Les maisons, en pierre et toutes couvertes d’algues et de plantes marines, semblaient inhabitées ; pourtant, comme j’avançais, je remarquai, devant les portes, des gens qui s’agitaient, faisant toujours le même mouvement, sans jamais s’éloigner.

« Mais, pensai-je, je suis dans la ville d’Ys ! » et les récits que content les anciens, pendant les longues nuits de pêche au large, me revinrent à l’esprit, et je me rappelai que vous, mon père, vous m’avez dit que les habitants d’Ys répétaient éternellement le geste qu’ils faisaient lorsque les flots les engloutirent.

En regardant devant moi, je vis la même lueur qui m’avait guidée sur la grève… Ce que j’avais pris pour une lanterne était un cercle lumineux, et quel ne fut pas mon étonnement en voyant qu’il encadrait la tête d’un vieillard !
 
 

 

Je m’approchai de lui, heureux de rencontrer une créature vivante dans ces lieux enchantés. En m’entendant venir, l’homme se retourna ; il tenait à la main une longue crosse recourbée et ressemblait à s’y méprendre, avec sa grande barbe et son manteau doré, à la statue de saint Gwénolé que l’on voit dans sa chapelle, pas bien loin d’ici !…

Comme je m’agenouillais, le bon saint me dit : « Je suis saint Gwénolé, et je viens pour quelques heures réveiller la cité d’Ys de son sommeil magique, car les peines que le Seigneur a infligées à ses habitants doivent s’arrêter pendant la nuit qui vit naître le Sauveur du monde. Et, chaque année, à la même heure, je fais cesser le charme qui pèse sur cette ville. Puisque tu m’as suivi jusqu’ici, relève-toi et accompagne-moi, mais garde-toi de prononcer une seule parole, car tu mourrais sur-le-champ ! »

À travers les rues étranges, enguirlandées d’algues aux couleurs éclatantes, je marchai derrière le saint. Il entrait dans chaque maison où les citadins, comme ceux du dehors, répétaient sans cesse le même geste. Dès qu’il les touchait de la crosse, le charme s’arrêtait et tous se mettaient à le suivre. Ayant derrière nous un cortège de plus en plus nombreux, nous arrivâmes devant le palais du roi Grallon dont les gardes marchaient sur place comme des pantins articulés. Après avoir gravi plusieurs escaliers de marbre, nous pénétrâmes dans une salle remplie d’hommes et de femmes qui, assis autour d’une longue table, faisaient, sans discontinuer, chacun une action différente : l’un d’eux levait son verre, une autre buvait, d’autres encore se versaient à boire. Au milieu, un trône richement orné était inoccupé.

« C’est là, me dit saint Gwénolé, que s’asseyait Dahut, la fille maudite du roi Grallon ! »

Quand le bon saint eut réveillé tous les convives, il monta un autre escalier, et je le suivis jusque dans une salle au fond de laquelle se trouvait un lit tout incrusté d’argent et de pierreries.

« C’est là que dormait Grallon, c’est là que sa fille vint lui voler la clef des écluses qu’il portait à son cou, suspendue par une chaîne d’or, et c’est là, quand les eaux commencèrent à envahir la ville, que je vins chercher le roi pour le sauver de la mort qui allait le surprendre… Voilà aussi le garde qui le veillait… »

Et je vis, couché sur le sol, un soldat qui ne cessait pas de se frotter les yeux, comme quelqu’un qui sort d’un long sommeil.

Le saint le toucha comme les autres, et nous retraversâmes la salle du festin, toujours suivis de la même foule, parmi laquelle on reconnaissait les convives à leurs vêtements de couleur voyante et aux couronnes de fleurs qui ornaient leurs fronts. Sur la table désertée, seuls, les vases d’or et de vermeil, les plats d’argent, témoignaient qu’il y avait eu là un repas magnifique. Ys était en effet une ville riche et puissante, et la capitale de la France lui doit son nom, car, comme elle devint aussi belle que la ville d’Ys, on la nomma Par-Ys, l’égale d’Ys…

Et, une fois dehors, touchant ceux qui se trouvaient dans la rue, ceux qui étaient restés dans leurs maisons, depuis les marchands surpris dans leur sommeil jusqu’aux boulangers occupés à pétrir le pain, saint Gwénolé allait toujours, réveillant chaque dormeur qui se mettait aussitôt à le suivre.

Lorsque tous furent désensorcelés, il les conduisit à une grande église dont le clocher était si élevé que sa flèche disparaissait dans la masse d’eau qui formait la voûte de cette ville étrange, d’où la mer s’était retirée depuis à peine une heure, car tout était encore ruisselant comme les rochers lorsque la marée décline.
 
 

 

Pendant que la foule des habitants d’Ys emplissait l’église aux colonnes massives, je suivis saint Gwénolé dans la sacristie. Il éveilla le prêtre qui, vêtu d’ornements anciens, se préparait pour dire la messe. Il vint avec nous dans le chœur de la basilique, et là, il commença devant l’autel, à célébrer l’office divin. À un certain passage, il s’arrêta, les bras étendus…

Je savais que, pour que l’enchantement cessât, il suffisait qu’un mortel répondit à ce moment :

« Amen ! »

Et j’allais ouvrir la bouche pour prononcer le mot sacré, lorsque le saint me saisit le bras :

« Tais-toi ! me dit-il, ce n’est pas encore aujourd’hui qu’Ys doit renaître ! »

J’obéis, dominé par le ton grave du saint… Alors, voyant son seul espoir de salut s’évanouir, le peuple s’enfuit, remplissant l’air de cris et de gémissements ; le prêtre laissa retomber ses bras avec découragement et, d’un pas lent et attristé, retourna dans la sacristie.

Quand la basilique fut déserte, saint Gwénolé sortit, et je me hâtai de le suivre.

La cité d’Ys présentait de nouveau l’aspect qu’elle offrait avant que le saint n’en eût réveillé les habitants. Je les revis à leur place accoutumée, refaisant leurs mouvements habituels ; quand nous repassâmes devant le palais de Grallon, les gardes marchaient sur place comme auparavant…

Le saint fit un geste, et la mer, lui obéissant, s’élança furieuse et vint réoccuper la ville ; un torrent d’eau s’abattit sur elle, et une vague, m’enveloppant, me rejeta sur le rivage.

Le jour commençait à naître ; je vis une forme vague, la tête entourée d’une auréole, se perdre dans le brouillard du matin : c’était saint Gwénolé ; tandis qu’une sirène s’enfuyait vers le large en poussant des cris affreux… C’était Dahut, la fille du roi Grallon, changée en sirène sous le nom de Morgane !…

Je revins troublé à la maison, et me voilà ! »

Au fond de la baie des Trépassés, la ville d’Ys est toujours submergée. Ce n’est pas encore aujourd’hui qu’elle doit renaître.
 

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Ce n’est pas encore aujourd’hui qu’Ys doit renaître. Elle est toujours submergée, au fond de la baie des Trépassés !…
 
 

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(1) Mot à mot « cheval à cuillères, » ustensile breton qui se suspend au plafond. C’est un lustre en bois percé de trous dans lesquels sont passées les cuillères.
 

(2) Écoutez les cloches de la ville d’Ys !
 

(3) Je crus en trouver l’explication en regardant tout à l’entour. Une bouée, signalant un banc de rochers était non loin de là, et les chaînes de fer qui la maintenaient, frappaient la paroi à chaque vague qui rendait en effet comme un son de cloches.
 

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(Yves Sébillot, in Le Carnet historique et littéraire, septième année, tome XXII, décembre 1922 ; Évariste-Vital Luminais, « La Fuite du roi Gradlon, » huile sur toile, 1884)

 
 
 

 

RAZ-DE-MARÉE ET CONTINENTS ENGLOUTIS

 

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Parmi les pêcheurs bretons qui se lamentent sur les débris de leurs barques fracassées, combien ont entendu, avant le terrible raz-de-marée, les cloches d’Ys sonner le glas sous les flots en furie ?

J’évoquais, hier, la fin tragique du légendaire roi Grallon avec M. Roger Dévigne, le plus érudit des poètes et le plus lyrique des érudits, auteur d’une savante et romanesque documentation sur L’Atlantide, sixième partie du monde.

« Les légendes armoricaines, me dit Roger Dévigne, mentionnent de nombreuses villes submergées et des continents entiers engloutis… Ces traditions se retrouvent chez tous les peuples riverains de l’Atlantique, la Mer ténébreuse des anciens, aux colères terribles.

Du plus lointain des âges, une terreur plane sur le mystérieux océan qui effrayait Homère.

Dans le Critias et le Timée, de Platon, les prêtres de Saïs, gardiens de traditions dix fois millénaires, font à Solon, législateur des Athéniens, le récit de la catastrophe où sombra l’Empire du Bronze.

Il existe une énorme bibliothèque, peu connue du grand public, sur la grande île engloutie, dont les plus antiques civilisations conservèrent le souvenir mêlé à toutes les croyances religieuses. »

Le lorgnon de M. Roger Dévigne semble sonder les gouffres de la préhistoire, au fond desquels retentirent les premiers vagissements de l’humanité.
 

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« Sans remonter jusqu’aux périodes glaciaires, dit-il en souriant, et en passant tout de suite au déluge, comme l’avocat des Plaideurs, on peut établir une carte idéale des grands continents disparus.

Il y eut, dans l’hémisphère nord, une Hyperborée, terre des Kjokenmoëdings, où naquirent sans doute les grands mythes orphiques.

Quant à l’Atlantide, – qui a fait la fortune d’un de nos romanciers, – elle n’était point située, comme le croit M. Pierre Benoit, dans la mer saharienne, mais bien dans cet océan Atlantique qui dévora le fabuleux royaume d’Ys.

L’Atlantide s’étendait entre l’Europe, l’Afrique occidentale et les deux Amériques, à peu près sur l’emplacement où le Gulf Stream décrit sa large courbe. Les derniers sommets émergeants du continent disparu sont : les Antilles, les Bermudes, les îles du cap Vert, les Canaries et les Açores.

La preuve géologique de l’existence de l’Atlantide est fournie par les sondages effectués dans l’Atlantique. Les profondeurs de cet océan révèlent des chaînes de montagnes, des vallées, des plateaux, tout une configuration orographique inexplicable par les lois de la sédimentation des fonds sous-marins.

La preuve historique restera plus difficile à faire, tant qu’on n’aura pas découvert dans les gouffres de l’Océan le tombeau d’un roi atlante, comme on a retrouvé dans la vallée du Nil celui du pharaon Tut Ank Hamon, descendant par sa mère, la reine Tii, des princes de l’Atlantide.

Mais, à défaut de la métropole disparue, le vaste empire colonial fondé par les Atlantes – ces Anglais d’avant le déluge – contient des monuments et conserve des traditions et des rites si différents des architectures, des légendes et des religions ultérieures, qu’une civilisation préhistorique peut seule les expliquer.

Or, ces rites, ces traditions, ces monuments, on les suit à la trace à travers l’antique Libye, la primitive Égypte, la Ligurie et l’Étrurie méditerranéennes, comme à travers le Pérou et le Mexique.

La carte des dominions atlantes, telle qu’elle fut établie par Platon, est encore jalonnée, de nos jours, par la traînée de dolmens et de pyramides qui va de la Cordillère des Andes à la Bretagne armoricaine, et de l’Égypte à la Laponie. »
 

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« Les Atlantes furent puissants par leur industrie métallurgique, par leur domination absolue de la mer et par leur hiérarchie religieuse, qui fit rayonner sur le vieux monde le culte du Soleil.

Le même calendrier astronomique, dessiné ou gravé, se retrouve dans les anciens monuments de l’Égypte et du Mexique. Le même rite de l’embaumement ici et là caractérise la religion des morts.

L’Atlantide devait être peuplée de ces hommes rouges qui civilisèrent le Mexique et le Yucatan, l’Égypte et l’Étrurie, et créèrent ces colonies de Cariens mentionnées par Homère, frères des Cars d’Amérique, et de Phéniciens, dont le nom, dérivé du grec, signifie : peaux rouges.

Le continent disparu devait également posséder une race d’hommes bruns, que les Égyptiens nommaient : Lebou ; les Hébreux : Lahabim ; les Romains : Libyens, et dont les descendants furent les Berbères, qui peuplèrent l’Afrique du Nord ; les Ibères, qui se fixèrent en Espagne et en Aquitaine ; les Guanches des Canaries, les Chananéens et les Madianites, premiers occupants de la Palestine avant la conquête par les israélites.

Ne nous plaignons pas trop des derniers accès de fureur de l’Atlantique, conclut philosophiquement M. Roger Dévigne. Les innombrables victimes du formidable raz-de-marée que dut être le déluge furent autrement à plaindre.

– Sans doute, dis-je. Mais cela ne consolera point nos pêcheurs bretons de la perte de leurs barques et de leurs filets ! »
 
 

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(Marcel Pays, in Le Gaulois, journal de la défense sociale et de la réconciliation nationale, cinquante-neuvième année, troisième série, n° 16901, dimanche 13 janvier 1924 ; René Quillivic, « La Ville d’Ys, » bois gravé illustrant Souvenirs d’enfance et de jeunesse, d’Ernest Renan, Le Nouvel Ymagier, 1924)