Supposons, ami lecteur, le cataclysme du 13 juin, – la fin de la race humaine qu’on ne doit pas confondre avec la fin du monde ; – supposons une comète rutilante qui asphyxie les mortels, – elle ne fera fondre ni la coupole du Panthéon, – ni le dôme des Invalides, – ni le Capitole de Toulouse, – ni les fondations de la nouvelle église Saint-Roch de Montpellier, – ni le grand théâtre de Bordeaux dont on montre, de temps immémorial, le fac-similé pour un sou dans les foires de campagne.

La comète pourrait donc bien n’être pas aussi dévastatrice qu’on le prédit, – elle se contenterait de griller les créatures vivantes, respectant la Terre, la France, et, pour parler comme le Guide du Voyageur, Paris, ses ponts, ses quais et ses monuments.
 

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Ainsi, M. Biot et M. Vitet, directeur et chancelier de l’Académie française, périraient malgré leur titre d’immortels, que leurs fauteuils académiques ne perdraient pas un clou. – M. Montigny, le directeur du Gymnase, serait calciné côte à côte avec le fils Dumas. Ils quitteraient tous deux le demi-monde pour l’autre monde, que la boutique de galette et le bureau de location son voisin resteraient deux immeubles intacts. En un mot, le soldat fidèle serait cristallisé en faction, que la chaleur fendrait à peine le bois de sa guérite.
 

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Dans ce rissolage universel de l’humanité cuite dans son jus, supposons qu’un homme perdu dans les humidités des Catacombes, – les profondeurs du puits de Grenelle, – ou le pourtour de l’Odéon, vienne à échapper, et cela arrivera indubitablement, – dans tous les massacres, il se sauve une victime pour raconter l’histoire du désastre, – quelle sera sa destinée future, quelles seront ses aptitudes et ses inclinations ?
 

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Cet homme prédestiné, je l’ai vu en songe cette nuit, c’était moi… moi qui errais solitaire au milieu de la cité déserte !!!…
 

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Il était neuf heures ; j’avais faim, et j’entrai chez Tortoni. – Le directeur, M. Percheron, était étendu le long du boulevard des Italiens, bien qu’il eût pris la précaution bien inutile de se glisser dans une baignoire de glaces ; – un homme de Bourse, M. Lunel, était étendu sans mouvement dans le cabinet du rez-de-chaussée, tenant encore dans ses doigts roidis le Moniteur à l’endroit des nouvelles officielles ; – la dame de comptoir s’était arrangée pour mourir gracieusement, sans trop chiffonner le point d’Angleterre de son col et de ses manches, et elle rendait encore de la monnaie en rendant le dernier soupir. – Je me glissai à l’office qui était vide… Le café était prêt, bien qu’un peu épaissi… je trempai un morceau de pain dans le moka, et je m’installai avec mon déjeuner sur la voie publique. – Pas un passant n’apparut pour s’extasier sur cette excentricité… pas un sergent de ville n’était assez vivant pour l’empêcher…
 

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J’étais donc seul, – Paris était à moi ; j’avais des palais somptueux, des fortunes brillantes, tous les bijoux, depuis le Régent jusqu’à la bague en cheveux de la cuisinière ; toutes les maisons, depuis l’hôtel d’Osmont où Millaud fait sculpter des Bacchus, jusqu’à la masure la plus délabrée du quartier des Écoles… – J’étais d’autant plus riche que je n’avais personne à nourrir ; – dans mon opulence, il ne me restait ni enfants, ni associés, ni commanditaires ; – je m’emparai tout d’un coup et sans conteste du capital social…
 

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Chose bizarre ! la chaleur, qui avait tué le genre humain, avait épargné les bêtes. – Les hommes avaient plutôt succombé à un miasme dévastateur qu’à la puissance d’un calorique. – De temps en temps, on voyait passer sur le macadam des voitures d’omnibus sans cocher. – Les chevaux suivaient leurs habitudes et leurs itinéraires accoutumés, et les voitures partaient toutes les cinq minutes comme si le buraliste principal, asphyxié dans sa cabane, avait pu donner le signal.
 

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En prenant l’héritage universel, je voulais voir s’il ne restait pas de collatéraux pour réclamer ; je montai dans l’omnibus de la rive gauche et je sautai à terre en face de Notre-Dame.

Je me frayai un passage dans la basilique, à travers les morts qui étaient venus y chercher pieusement leur dernière heure.

Je grimpai au clocher, et, désireux de voir s’il existait encore quelqu’un dans la capitale, je sonnai, comme aux jours d’émeute, le tocsin à triple volée !!!
 

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Je ne vis rien bouger dans l’immensité, rien… pas même les corbeaux que tant de cadavres auraient dû attirer… La comète, en pétrifiant les pauvres humains, les avait rendus incorruptibles et sains comme des momies d’Égypte. – Paris ressemblait au palais de la Belle-au-Bois-Dormant, où chacun était rendu immobile par la simple pression d’une puissance inconnue.
 

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Après avoir fait une prière pour tous ses morts couchés devant le maître-autel, et qui semblaient poser pour un tableau d’Horace Vernet, je sautai dans un cabriolet vide qui stationnait en face de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. – On y voyait encore le médecin et le malade se tâtant mutuellement le pouls, – la sœur de charité employant son dernier souffle au soulagement des malheureux. – Je traversai Paris en évitant d’accrocher les équipages sans phaétons qui se croisaient fiévreusement, et je revins à mon point de départ.
 

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Je traversai le boulevard. M. Bouin, du café Cardinal, avait péri au poste d’honneur, la serviette sous le bras, répondant à un client étendu sans mouvement sur son chocolat ; – la boutique de fleurs de Lemoine était calcinée, les camélias rôtis, les roses et les lilas littéralement confits ; mais pour les plantes, ses favorites, la Nature n’avait pas abdiqué sa puissance, et des boutons blancs ou vermeils sortaient çà et là des caisses et des jardinières remplies d’une terre fertile et généreuse.
 

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J’entrai chez Mirès, à l’hôtel de Paris. L’immense maison de banque était silencieuse ; il fallait bien que le genre humain fût mort, car je n’entendis pas résonner un écu… Les deux cents employés étaient là, rigides et inanimés, sur leurs bureaux. Je demandai à acheter des actions de la Caisse des chemins de fer… personne ne répondit… Je pouvais dire, comme Calino accompagnant un défunt à sa demeure dernière : « Il n’y a donc plus d’espoir ? »
 

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En ce moment, il tomba de l’eau ; – vingt-quatre heures plus tôt, elle eût sauvé le genre humain ; j’étais sorti sans parapluie. – J’entrai à la Bourse et j’en pris un dans le vestiaire abandonné, où je reconnus le rotin de M. Pereire, le jonc de M. Norzy et le riflard de M. de Rothschild désormais sans emploi… La presse des agents de change avait eu le temps, la veille, de tirer la cote officielle… Il paraîtrait qu’on ne croyait pas à la fin du monde, car il y avait eu 10 centimes de hausse sur le 3 1/2, et les chemins de fer russes étaient fort demandés.
 

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Le passage des Panoramas était jonché des éventails que Duvelleroy avait distribués gratis dans les premiers moments de chaleur ; – j’entrai chez Marquis où je pris un bâton de chocolat, et je me rendis dans les bureaux du Figaro.
 

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Bourdin gardait encore l’attitude d’un fumeur qui confectionne une cigarette. – Jouvin, immobile et souriant, portait sur son visage la satisfaction d’un homme qui n’aura pas son feuilleton à faire. – Quant à Villemessant, il était droit comme un I devant un cahier de papier, la plume à la main, rédigeant le Bulletin de la catastrophe, – mourant comme Desaix au champ d’honneur.

Voici ce qu’il écrivait pour le Figaro, qui ne devait plus paraître :
 

8 heures.

 

La comète approche… Il fait chaud comme au Sénégal… Berr fait afficher dans les rues qu’il y aura toute la journée, au Pré-Catelan, des télescopes à l’aide desquels on pourra voir le météore. – La Gazette de Paris prend encore des abonnements, et Zacharias Dollingen, son directeur, met des pantalons de nankin…
 

9 heures.

 

La comète se voit à l’œil nu. – La transpiration augmente. – La queue de l’étoile s’étend dans la direction du Vaudeville. Barrière somme par huissier M. Goudchaux d’avoir à ne pas suspendre les représentations des Faux Bonshommes. – Le beurre fond chez les fruitières. – Les abonnements diminuent à la Gazette de Paris. – Dollingen est en caleçon !…
 

10 heures.

 

Le baromètre remonte aux vers à soie. – Grassot a fait demander un prêtre. – On ne trouve plus dans Paris que des œufs durs. – Les abonnements, même de faveur, de la Gazette de Paris sont suspendus. Dollingen est en crinoline !…
 

11 heures.

 

Le genre humain commence à rissoler. – Méry trouve que le temps est un peu lourd. – Les orangers des Tuileries ont des fruits mûrs. – Les hommes gras sont mélancoliques. – Les hommes maigres luttent avec plus d’avantage – Philibert Audebrand et Offenbach n’ont pas fondu. – La Gazette de Paris a fermé ses volets. Dollingen est en chef osage !!!…
 

Midi.

 

ALLONS-Y GAIEMENT !!!…
 

*

 

Après cette lecture navrante, je sortis, en poussant un peu de côté le père Legendre enseveli sous un tas de quittances d’abonnements ; je voulus compléter mes renseignements par la lecture des gazettes de la veille. – Je demandai la Patrie ; elle n’avait pas paru. – M. Delamarre avait en vain cherché un refuge dans les humidités des Docks à bon marché. – Les marchands de journaux, muets à mon appel, restaient silencieux dans leurs bicoques.
 

Hélas ! au cri plaintif poussé pour la Patrie,

C’est la première fois qu’ils n’ont pas répondu !…

 

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J’entre au café Anglais ; je mange le déjeuner du docteur Véron, – qu’il n’a pas eu le temps d’entamer. – Le vin d’Hermitage est parfait, mais le pain un peu sec ; j’en ferai des trempettes.
 

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En déjeunant, je tire mon plan de conduite ; puisque je suis l’arrière-garde du genre humain, il est essentiel que je puisse subsister ; or, me voilà, en pleine civilisation, ni plus ni moins avancé que Robinson dans son île. – Dans quelques jours, le pain cuit ne sera pas mangeable, – la viande de boucherie des étals nombreux sera corrompue, – tout l’or de la Banque de France, que je puis aller prendre, ne me fera pas trouver un mitron ou un garçon boucher, et si je choisissais même un palais pour garni…. qui me tirerait le cordon quand je serais sorti ?
 

*

 

J’ai, au Prophète, à la Belle-Jardinière, chez Laurent Richard, des vêtements pour un siècle ; la France doit posséder inévitablement des millions de paires de bottes, parmi lesquelles je trouverai chaussure à mon pied. – J’ai du grain dans tous les greniers d’abondance, mais qui le fera moudre ? – les farines s’avarient, et, dans dix ans, il ne me restera plus de quoi faire une crêpe. – D’ailleurs, même avec le Journal d’agriculture pratique en main, je ne pourrai pas cultiver seul toutes les plaines de la France et du monde entier, et il poussera, dans six mois, des ronces sur le macadam du boulevard, car je ne peux pas balayer tout seul la voie publique de la Madeleine à la Bastille.
 

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Je sors du restaurant légèrement attristé, bien que je n’aie pas eu à payer la carte ; – une meute de chiens m’attend à la porte : bouledogues, caniches, bassets, carlins, tous ont payé les contributions et demandent à vivre… Ils me dévoreront si je ne les nourris pas… je serai le premier morceau de la curée… C’est la première fois que je compatis d’une façon un peu sérieuse aux désagréments que Jézabel dut éprouver.
 

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Je sors… Les chevaux affamés ont pris le mors aux dents. – L’un d’eux va briser avec une Victoria élégante la devanture du chemisier Longueville, et il entre les quatre fers en l’air dans la salle de danse de Cellarius, comme s’il voulait enseigner un nouveau pas aux Vestris pétrifiés. – Un autre dévore le paillasson des magasins des Villes de France. – Tous hennissent avec fureur et semblent proches parents du coursier de Mazeppa. – Une troupe de chats s’est établie chez Potel et Chabot, et se nourrit de pâtés de foie gras et de terrines de Nérac. – Les bœufs des abattoirs ont brisé leurs liens et donnent des coups de corne furieux sur les enseignes rouges et les numéros du journal le Siècle. – Les cygnes des jardins publics courent désolés dans les allées, en quête de miettes de pain que leur jetaient les promeneurs. – Les ânesses pacifiques, qui offraient leur lait aux poitrines malades, se mettent à ruer à mon approche, et les perroquets vagabonds me poursuivent avec cette clameur ironique qui tinte à mon oreille comme un remords :

« As-tu déjeuné, Jacquot ? »
 

*

 

Hélas ! hélas ! mes angoisses n’ont pas atteint leur apogée. – Le Jardin des Plantes, privé de gardiens, a été forcé, et voici le tigre royal et le lion de Mysore qui bondissent en pleine chaussée ; – la panthère dévore tous les roquets qu’elle rencontre, et des loups de toute espèce hurlent dans les galeries du Palais-Royal et vont s’installer aux Frères-Provençaux pour dévorer les reliefs de l’office.
 

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Après la tragédie, la petite pièce – les singes ont brisé leur cage, et, contrefacteurs comme les Belges, ils imitent l’homme dont je suis le dernier descendant ; les uns se sont glissés dans la salle de l’Opéra, à la loge infernale, après avoir pillé la boutique de madame Jonas, la marchande de lorgnettes – les autres ont conduit leurs guenons dans les cabinets particuliers du café Favre, d’où ils jettent d’une façon régence les assiettes par les fenêtres. – Une chimpanzé coquette a volé un cachemire chez Delille et arpente le trottoir en se trémoussant ; – enfin, un orang-outang folichon s’est emparé du tilbury d’un agent de change, dont il conduit les chevaux à longues guides vers les allées du bois de Boulogne…
 

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Si ces animaux étaient comme moi, seuls, uniques, je prendrais chez Lefaucheux, chez Delvigne, dans la première caserne d’infanterie venue, un fusil et des balles. Mais M. Rosseeuw-Saint-Hilaire a eu la désolante idée de les accoupler par sexe… ces savants n’en font jamais d’autres ; – je serai débordé par leur postérité, car le serpent boa lui-même est marié et aura beaucoup d’enfants.
 

*

 

La nuit est venue ; je ne sais si c’est naturellement ou par l’effet d’un désordre des astres, – horloges, pendules et montres sont arrêtées, car la comète a séché l’huile de leurs ressorts. Je ne connais l’heure qu’il est qu’à ma faim, et le temps qu’il fera qu’à mes cors et durillons. Le sommeil m’accable, et pourtant mille dangers m’environnent. – La couleuvre et l’aspic, l’ours et le sanglier ont brisé leur ban. – Je dois, comme Cook ou Bougainville, me garder des fêtes féroces. Je m’installe dans la salle des Concerts-Musard, et j’allume un grand feu pour effrayer les monstres… ainsi que cela se pratique dans les forêts vierges de l’Amérique.
 

*

 

« À quoi me sert-il, mon Dieu, me suis-je écrié alors, de posséder seul et sans partage la fortune de l’État, le livre des rentes, le registre à souches des billets Garat, les milliers de maisons de Paris ? – À quoi me sert-il d’être à la fois roi et sujet, percepteur et contribuable, si je ne puis remuer un bras sans craindre d’être manchot, ou faire un pas sans être réduit à marcher à clochepied dans la vie ?… – Pourquoi la comète n’a-t-elle pas fait sauter ma frêle existence comme le flacon d’une fiole à champagne ?

– Qui parle de champagne ? » dit à mes côtés une voix mourante.

La trace d’un pas sur le sable ne fit pas à Robinson autant d’effet que cet organe dolent à mes oreilles…. J’examinai, pour la première fois, les danseuses mortes qui m’entouraient… Frisette, Rigolette, Polkette, la Tulipe-Orageuse, la Chaloupeuse, les Trois-Mousquetaires, tous ces beaux anges qui se damnent au son du piston d’Arban, rien ne bougea, mais la voix continua et dit d’un ton narquois :

« Y a-t-il du monde ? »

Je vis alors une femme blonde et blanche, à la prunelle renversée, à la crinoline luxuriante, et qui respirait encore ; je la soulevai dans mes bras, imitant la pose gracieuse de M. Albert dans Paul et Virginie.

« Vis, lui dis-je ; oh ! vis, l’univers est à nous !

– Qui es-tu ? demanda-t-elle.

– Je suis le dernier homme survivant, et je me désespérais de ma solitude ; mais tu m’apparais comme Ève dans l’Éden ; nous vivrons, et le monde ne périra pas.

– Seule avec toi ? fit-elle, avec une moue de mépris.

– Oui, répondis-je, et le globe t’appartiendra.

– La belle avance ! il n’y aurait pas de quoi faire une contredanse.

– Nous valserons, répondis-je étourdiment.

– Et qui jouera la musique ?

– Les oiseaux de l’air, la brise du soir, ta voix enchanteresse…

– Des bêtises, murmura-t-elle d’une voix éteinte ; il n’y a plus de Folies-Nouvelles, de déjeuners au Moulin-Rouge, de soupers à la Maison-d’Or ; à quoi que cela servirait de vivre ?

– Pour être ma femme.

– Es-tu bête ! fit la voix, qui s’éteignait insensiblement ; si j’étais ta femme… comme tu es seul au monde… je ne pourrais pas même te tromper. »

Et la belle pécheresse retomba en arrière pour ne plus se relever.
 

*

 

Je la saisis dans mes bras comme pour la réveiller ; les bêtes fauves grondaient au loin, les ombres de la nuit m’entouraient d’un crêpe funéraire, la solitude me faisait peur, je n’avais pour compagnie que mon ombre gigantesque qui se dessinait sur les murs de la salle de danse ; je secouais vigoureusement ma voisine expirée, quand tout à coup les formes de la femme s’effacèrent, les cheveux blonds, les yeux noirs, les bras mignons se fondirent, et il ne resta dans mes mains qu’un coussin de plumes et de toile blanche…

C’était mon oreiller… Je venais de sortir d’un sommeil pesant, d’un long et pénible cauchemar.

Vienne le désastre du 13 juin, ami lecteur, et je demande à ne pas survivre au genre humain, à n’être pas enfermé dans ce monde vide comme un vivant dans un cercueil.

Cette inquiétude d’une survie ne m’appartient pas exclusivement. De grands esprits se sont émus à la pensée de rester seuls sur la terre, privés de leurs auxiliaires indispensables.

Lors de la première prédiction, en 1842, de la fin du monde, Victor Hugo écoutait les récits de son perruquier analysant le désastre futur.

« Et comment le chaos arrivera-t-il ? demandait l’auteur des Contemplations.

– Monsieur, répondait le barbier, les bêtes mourront le 2 et les gens le 4.

– Diable ! dit le poète, vous me voyez fort inquiet.

– Pourquoi ? reprit le frater ; qui peut alarmer une intelligence comme la vôtre ?

– Je me demande avec angoisse, dit Hugo, qui me rasera le 3… »
 
 

 

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(Léo Lespès, in Figaro, quatrième année, n° 226, jeudi 16 avril 1857 ; gravure de William Hogarth, « Tailpiece, or The Bathos, » 1764)